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rent attachées tous les spirs, avec le bouc> j
autour de mes voitures. Ce spectacle nouveau
pour cette famille bien-aimée des Sla-
,ber, l’intéressoit vivement} et les jeunes
filles me proposoient souvent de voyager
et de camper avpc moi } l’une d’elles me
persifiloit avec plus d’acharnement que les
autres, et prétendoit qu’aucune raison ne
pou voit me dispenser de ne pas emmener
une compagne} je résistois tout haut à
des instances dont mon coeur sentoit tout
bas la perfidie} et je mettois beaucoup de
serieux a repousser celle qui bornoit certainement
le terme de son voyage à l’éten*
due de mon camp dans sa propre ferme;
Au reste , je ne sens pas aujourd’hui sans
une sorte de déplaisir et de trouble que ce
bonheur a manqué à mes aventures, et qu’il
n y avoit rien de si aisé que départir , de
souffrir, de revenir, de vivre en un mot avec !
moi.
Quoique nous fussions en plein hiver,
selon la manière d’entendre des habitans,
c’est-à-dire, dans la saison des pluies , nous
-avions cependant joui pour nos chasses du
tems le plus favorable } ces pluies n’étant
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point si fréquentes dans les montagnes qu’elles
le sont au Cap dans cette saison : la raison
en doit être attribuée à l’amas des nuages
entraînées du nord vers la montagne
de la Table , et qui ne manquent jamais
de venir créver sur la ville et dans les environs.
Nous vivions au sein d’une température
douce, et les journées étoient plus
. charmantes les unes que les autres. Ces vents
terribles du sud-est qui souvent désolent
toute cette contrée avoient fui notre atmosphère
j le ciel étoit pur et serein 5 je m’a-
bândonnois avec délice aux douceurs de
cette autre Capoue ; j ’y devenois solitaire
et rêveur. Je regrettois cependant de voir
d’âussi belles journées s’écouler uniquement
à tuer un gibier méprisable. Je me dis-
posois à partir, lorsqu’un incident vînt retarder
encore de quelques instans cette résolution.
Je ne songeai plus au Middel-
bourg, ce fatal vaisseau qui avoit entraîné
ma fortune avec lui : un fils de Slaber vînt
me dire que des voisins avoient eu la curiosité
d’aller visiter ce qui restoit de sè9
débris dans la baie de Saldanha 5 on avoit
jrcconnn distinctement sa carcassse encore