
vés ; un nommé Hans Van Aart y àvoit tfiiô
habitation à Lange Valley (Lac long) , où je
fus obligé de passer là nuit ; plus loin est
celle d Hermanes Lauw. Je ne m’arrêtai
point chez celui - c i , mais il nous f allut
camper sur un terrain aride, où je ne
trouvai pas un filet d’eau pour abreuver
mes bestiaux. Chemin faisant, j’avois rencontré
une quantité prodigieuse de perdrix;
j en avois tue une trentaine que je desti-
nois a mon souper et à celui de mes gensi
Ma coutume eii pareille circonstance étoit
de faire bouillir mon gibier ; j’avois souvent
remarqué que quand il étoit grillé ou
roti , la fumée des viandes , étant portée
au loin par les vents, elle attiroit autour de
nous, pendant la nuit, beaucoup d’biennes
et de jackals, qui, eventés et repoussés
par mes chiens , occasionnaient de la part
de ces animaux , des aboiemens si violens
et si continus, qu’il ne nous étoit pas possible
de goûter un instant de sommeil. Faute
d’eau, je ne pus cette nuit là faire bouillir
mes perdrix, j’en mis une sur le gril pour
moi, et j abandonnai le reste à mes gens ,
qui les firent rôtir enfilées à de petites
broches qu’ils placèrent autour du feu;
mais ce que j’avois craint arriva. Beaucoup
de carnivores, alléchés par le fumet
de notre gibier , vinrent roder autour de
mon càmp ; et mes chiens, aboyant après
eu x, ne nous permirent pas de fermer
1/oeil un instant.
A cette fatigue de la nuit, se joignoit
l’inquiétude du lendemain. J’ignorois si
nous serions assez heureux pour trouver
de l’eau; et je craignois qu’après une journée
de soif, mon mofide et mes bestiaux
n’eussent à en souffrir une autre bien plus
pénible. Effectivement 'nous ne trouvâmes
qu’un désert sablonneux, couvert de bruyères
et de joncs; mais pendant que je me
livrois à des réflexions affligeantes, je fus
tiré de ma rêverie par1 le cri d’un oiseau
qui passoit au-dessus de ma tête. C’étoit
un canard de montagne ( Berg-Eend'), ou
plutôt un génie bienfaisant, qui venoit
ranimer mon espoir en m’annonçant une
découverte sur laquelle je ne devois point
compter.
Persuadé que cet animal cherchoit l’eau
et qu’il ne manqueroit pas de s’abattre