
on trouvoit le tems contraire et fâcheux :
comme si les saisons qui régnent au Cap
et dans le voisinage de la mer, dévoient
être les mêmes à quelques centaines de
lieues dans l’intérieur de l’Afrique, d’en
avois fait déjà l’expérience, et j ’eus la foi.
blesse de céder au conseil de ces amis trop
timides. Un autre dessein succéda à celui!
ci, avec la même vivacité que je l’avois
embrassé j je différai donc mon départ jusqu’à
la saison qu’on me représentoit comme
favorable j on verra dans la suite combien]
ces retardemens m’ont été funestes, et à
combien de malheurs ils m’ont exposé mol
et les miens.
J’avois résolu de m’éloigner du Cap j la
circonstance qui me portoit à différer moil
grand voyage, me déterminoit encore mieui
à entreprendre celui des environs de cetta
ville ; c’étoit du moins un aliment à pnod
impatience, et je trouvois dans cette res
source, la seule qui me restât au milieil
des ennuis dont j ’étois assiégé, quelque dé]
dommagement au délai où m’avoit con
traint la saison. Dans le court entretien]
que j ’avois eu avec Klaas, j ’avois appris]
EN A' ï iR J Q ü E. 2,3
Lie les deux Hottentots à qui j avois con-
Ifié la garde de mes boeufs et tout J attirail
■de ma caravane , ,avoient conduit mes
■animaux, en attendant l’ordre d’un second
■départ, dans les pâturages du Groene-kloof j
■que mes chèvres étoient. restées , spivant
■mes inténtions, dans le Swart-Land, chez
■mon bon ami Slaber, qui, toujours egale-
■ment zélé pour mes intérêts, s’étoit charge
[d’en prendre soin.
Hélas ! combien j ’avois de reproches à
[me faire d’avoir négligé , depuis mon re-
[tour an Cap, oe digne et respectable ami,
là qui j ’avois des obligations si essentielles.
Je ne sai^ quelles affaires, quel assujetis-
isement, quelle bienséance du beau monde
[et de la bonne compagnie, m’avoient si
[long-tems empêché de l’aller voir. Où pourvois
je goûter un plaisir plus pur et plus
[vrai que chez ce colon, à qui je devois
[de ne m’être pas livré tout-à-fait au désespoir
lors de mon désastre dans la baie de
Saldanha, ayant tout perdu, errant au sein
d’une terre étrangère , sans asile, sans argent
, sans apiis., sans ressource aucune.
L’imaee de ce vertueux Africain me cau- r b 4