
lO V O Y A & E
que dans ma première jeunesse, lorsque moa
père m’emmenoit avec lui loin de la colonie,
et que nous rapportions à Paramaribo
quelques objets intéressants pour orner son
cabinet , les habitans ne manquoient jamais
de nous demander pourquoi nous n’avions
pas rapporté de l’or. , ;
J’avoue qu’à la longue il se rencontra
quelques amateurs instruits, dont le suffrage
me dédommageoit un peu de ¡ cette
redondance, cruelle d’ennuis, et que ,me*
peines quelquefois furent appréciées et
senties.
Dans le nombre de- ces juges éclaires,
je dois, avant tout, distinguer le colonel
Gordon. Il avoit aussi parcouru une parr
tie de l’Afrique méridionale. Ses observations
sont connues de plusieurs savans de
l ’Europe. S’il lit cet écrit, i f y trouvera
le gage d’une estime sans bornes ; puisse-t-
il y puiser aussi le désir de se faire mieux
connoître en publiant ses découvertes. Il
doit compte à l’Europe de ce complément de
recherches sur les contrées si intéressantes
de l’Afrique; elles sont une propriété
de la science qui ne peut pas rester plus
e n A r B I o U B. t *
long-tems ensevelie dans l’oubli. Gordon
s’extasioit fréquemment en voyant la multitude
et la variété des espèces que j àvois
apportées ; lui-même avouoit que la plus
grande partie lui en étoit entièrement inconnue..'
’
Il est vrai que ne tenant a la société par
aucun des liens qui entravent ou ralentissent
les pro j ets les plus heureux, maître
absolu de, mon tems et dégagé de toute'
autre affection que la chasse , je me li-
vrois à son exercice en vrai sauvage ; et
plus qu’un sauvage que le besoin seul excite
, je savois attacher à la conquête d’un
individu dont je découvrois l’existence ,
un prix qu’aucune fatigue n’eut pu modérer
à mes yeux. A peine à son cri ou a
quelque signe semblable me sentois-je appelé
par quelque nouvel oiseau, les moyens
ordinaires ne me suffisaient pas 5 j ’en in-
ventois aussitôt pour qu’il ne pût m’échapper,
et fallut-il passer un mois entier à- le
poursuivre ou bien.à l’attendre , je cam-
pois là et ne quittois ma place qu’après
avoir obtenu ma proie.
C’est à cette opiniâtre persévérance que