
avec effroi du siège' sur lequel eîfè étoit
assise, fit un cri si perçant, que tout ce
qui étoit dans la ferme accourut à son së-
fcours. En effet , elle venoit d’être touchée
aux jambes pár deux serpens, et je
les apperçus tous deux sous le siège. Nous
nous armâmes de cliaises et de bâtons
pour les assommer. A cet aspect leur colère
s’alluma,, leurs yeux s’enilamèrent, et
soulevés sur leur poitrine , sifflant avec
fureur , ils cherchèrent à s’élancer sur
nous; attaqués avec plus de rage encore,
ils périrent sûus nos coups redoublés.
Heureusement que la femme n’avoit pus
été mordue par eux; car ils étoient de
Fespèce très-venimeuse qu’au Çàp on nomme
Koojyer'fCapel ; et elle eût péri infailliblement
en pëu de minutos. -
Tel est l’inconvénient dangereux dés
pays nouvellement habités : l’homme^ y voit
sans cessé sa tranquillité et ses jours attaqués
par des insectes incomodes , dés bêtes
féroces, des animaux venimeux. Coché ine
prévint que le kooper-kapel étoiV fort commun
dans le canton que j’àllois traverser.
D’après cét avis, je pris une résolution
qui me parut nécessaire, ce fut de ne point
passer les puits dans ma tente, mais de
couclier dans mon chariot, où j’aurois bien
moins à craindre les visites redoutables de
ces terribles hôtes *
Pendant que je conclûois avec le fermier
un marché» pour quelques moutons, mes
voituriers passèrent le Kruys; et je me remis
en route, en côtoyant la rivière. Mais je
ne pus faire ce jour là, que très-peu de
chemin, parce que nous eûmes toujours
à marcher dans les sables, et que nous passâmes
et repassâmes six fois le Kruys. Le
lendemain ce fut pis encore ; le sable étoit
si haut et si mobile, que les roues enfon-
çoierit jusqu’au moyeux, et qu’il me fal-
loit, pour chaque chariot, ajouter quatre
boeufs aux douze qui composoient l’attel-
lage. Cet ainsi que nous passâmes l’habitation
de Josias Ingelbregt, et qu’enfin
nous quittâmes le cours tortueux du Kruys,
qui arrose ce pays maudit, et gagnâmes
,S wart-bas-Kraal. Il est pourtant des
hommes qui 6ont venu habiter cette contrée
sablonneuse et cultiver quelques coins
de terre moins stériles, qu’ils y ont trou*