X x iv P R Â C I S
roient fait de pareils soldats*, mais je doute |
au moins qu'ils eussent rendu de grands I
services.
Il en eût été ainsi, selon moi, d'un ré- 9
giment qu’on vouloit former de Hotten-1
tots. Jamais projet ne prêta tant au r id i-i
cule que celui - ci ; et pour en convenir, 9
il suffisoit d’avoir vu manoeuvrer ces trou-9
pes grotesques. J’eus ce plaisir un jour 1
en traversant la place publique où ils i
étoient rassemblés, et où un serviteur de |
la Compagnie les dressoit à ce qu’il a p - l
pelloit l’exercice militaire. Non , jamais!
je n'ai ri autant, et je n’ÿ songe point!
encore sans rire de nouveau. Si quelqu’u n !
a vu dans une foire des singes, sous le !
fouet d’un bateleur , faire l’exercice , se I
heurter par des mouvemens contraires , 1
tourner à contretems , sauter ou s'accroît-!
pir quand il falloit marcher ou faire une !
évolution ; il aura une idée de ce qu’é-1
H I S T O R I Q U E. XXV
toient les manoeuvres de nos demi-sauva-
Iges. Aucpn d’eux ne sachant distinguer
*sa droite d’avec sa gauche , on peut ima-
giner comment ils obéissoient a , l ’ordre
| du général. Tous , d’un air imbécile ,
a voient les veux fixés sur lui ; mais à peine
,donnoit-il un commandement, qu’au mê-
- me instant, agités d’un mouvement con-
fvulsif, chacun faisoit une évolution dif-
iférenle, Tout ce qu’on put leur appren-
dre , -ce fut de rester en ligne et serrés les
uns contre les autres. Peut-être q u e , vus
ainsi en corps et d une certaine distance
i en mer , ils auroient pu en imposer pour
quelques instans à l’escadre angloise ;
mais l’illusion n’auroit pas durélong-tems.
î Au premier boulet, et seulement même
I au premier bruit du canon , la tourbe se
j seroit dissipée comme une volée d'étour-
? ïloau x , et jamais il n’eût été possible de
' la rallier.