
ï 6 V O Y A « E
ces beaux esprits mettre en parallèle leur I
délicatesse ingénieuse et leurs procédés sublimes
avec ce trait d’une amitié si simple
et d’un sentiment aussi vrai. O mon cher |
Klaas, combien de fois attiré chez de beaux
personnages , ’ complimenté par les uns ,
caressé par les autres , grandement distingué
par tous, combien de fois au sein des
faveurs et des brillantes promesses, j ’ai
r ’ouvert la boîte d’insectes et t’ai rendu
grâce des courts mais délicieux instans ar-
rachés à la chaîne des ennuis, alors que I
j ’en étois réduit à t’étaler mon savoir, sou-1
vent même à mandier tes éloges !
Klaas resta peu de tems auprès de moi ;
son trésor déjà commencoit à l’embarrasser.
La femme que je lui avois donnée, oc-
cupoit, en ce moment, son esprit ; il se
montroit empressé de déposer dans ses
mains sa richesse. Lorsque je mè, fus assuré
que mes autres compagnons de voyage
çà et là dispersés dans le voisinage de sa
hôrde, vivoient heureux et tranquilles, que
mes bestiaux étoient en bon état, mes chariots
et mes ustensiles à couvert et bien
soignés, que toute ma caravane , en un
mot,
e n A ï a i Q u e . 17
ipiot, n’attendoit qu’un signal pour se met-
itre en route j j ’embrassai mon fidèle adju-
Jdant et le laissai partir.
I Cette visite inopinée qui venoit d’occu-
B e r toute là société du'fiscal, rappela le
«souvenir d’un autre compagnon de mes
Voyages.: bon ami, serviteur fidèle, très-
adroit, ingénieux en ressources dans des
circonstances difficiles, et qui, plus d’une
fois, m’avoit tiré d’embarras. La compagnie
entière voulut le voir y on s’achemina
yers sa demeure comme pour lui arnion-
lèr le moment d’un départ 3 c’étoit à qui
lui porteroit cette bonne nouvelle. On voit
bien que je parle de mon singe. Il n’y avoit
point de bonne fête s’il n’en étoit pas. Chaque
jour nous étions dans l’usage, Boers
èt moi, au sortir de table, d’aller visiter
Kees dans sa loge ; nous lui portions du
dessert et des fruits. Naturellement dou*
et caressant, il n’avoit rien des défauts de
son espèce ; il eut plutôt partagé ceux de
son instituteur. Mais il sembloit avoir reçu
des vertus il étoit sensible aux amitiés
^u’on lui faisoit, et très-empressé d’y répondre.
Je ne connoissois qu’une seule per- Tome I. B