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.pour lu i, comme une grâce, ce que je de*
rois regarder comme un bienfait pour moi.
Au Cap les moeurs européennes ont introduit
dans les sociétés les différens jeux usités
en Europe $ mais ces jeux sont inconnus
dans les colonies , malgré la Vie inac-
tiye et le, désoeuvrement habituel des habi-
tansj on n y voit nulle part ni cartes, ni
dez } leur seul plaisir est fa chasse, encore
s y livrent-ils , en général, avec indolence,
la. moins qu ils n aient pour spectateurs et
pour compagnons des étrangers plus emportés
qu’eux.
Je fus donc régalé de la chasse $ tous
les tireurs du voisinage furent appelles ,}
nous battîmes pendant plusieurs jours toutes
les campagnes des environs. De leur côte,
les filles de Slaber n’oublioient pas leur
hotej et jamais a la cour d’Alcinoiis on ne
fut l’objet de soins plus assidus et plus tou-
chans. Elles paitnssoient et préparoient
pour moi des gâteaux secs, des biscuits,
de petites pâtisseries, pour les ajouter à mes
provisions : trop délicieuses friandises que
j ’aurois dû réserver pour des momens de
e n A i a t q v e. i6à
détresse et de famine, et qu’à la maniéré
des enfans, je m’empréssai de dévorer et
de partager à tout mon monde.
Nos battues et nos chasses me préparoient
à des fatigues plus longues} je m’ycroyois
déjà livré} je n’avois pas négligé le soin d’organiser
ma caravane} pour l’aocoutumer de
bonne heure à la discipline sévère que je
voulois, s’il étoit possible, qu’elle observât
cette fois dans mon voyage, je l’avois
fait camper dans une plaine peu éloignée
de l ’habitation et sous l’inspection du vieux
Swanepoel} je lui recommandai d’y faire
faire le service avec la plus grande exactitude
, comme si nous avions eu à redouter
des voisins malfaisans. Je ne laissôis
pas d’y porter moi-même le regard du maître
, et j ’observois sur-tout avec attention
les nouveaux venus que m’avoit procura
Swanepoel } je craignois sans cesse d’avoir
à m’en plaindre, et que leur ardeur
né fût ralentie avant même d’en avoir fait
l’essai. Il n’est pas jusqu’à mes boeufs et
mes chevaux qu’il ne me parût instant de
tendre à des habitudes naturelles ; on le*
amena dans le camp ; mes chèvres aussi fia.-