
V o y a g é
du à ce degré d’infortune. Quelque douloureux
que fut ce parti, la nécessité m’en faisoit
une loi, et tout mon monde me conseilla
de m’y soumettre. Cependant nous n’étions
pas pour celà hors d’embarras. Que devenir,
où aller, de quel côté tourner nos pas ?
Voilà ce qui excitoit davantage mon inquiétude
et mes regrets j il me suffit, pour peindre
ma situation, d’avouer ici, que, ne trouvant
plus en moi de ressource pour en dérober
toute l’horreur à mes compagnons,
je les assemblai aussitôt, et m’en remis à
eux du soin de me tirer d’affaire. L’un me
conseilloit de retourner sur mes pas et de
regagner la Rivière-des Elépliansj l’autre de
pousser en avant vers celle de Swarte-Doo*
ren , qui n est, à la vérité, qu’un torrent ,
mais qui, dans la circonstance présente et
après les pluies que nous avions essuyées,
nous oifriroit, peut-être , de l’eau et quelques
pâturages. Le premier1 de ces projets
étoit impraticable, et loin de nous offrir
une ressource , il nous menaçoiï, nous et
nos bestiaux, d’une mbrt certaine, si nous ,
avions osé l ’entreprendre. La Rivière-des-
Rléphans, à la vérité, nous eût offert la consolation
Solation d’avôirude ; l’eau en abondance7
fîiâis retourner dans les plaines brûlées que
ïiôus venions de traverser ,.p asser ;ti: ois j ours
encore*, avec des’ animaux exténués,-dans
cette disette de toutes choses, c’est-ce que
nSéutrptc obtenir de -.ces animaux junédïeû
même, quand il auroit .pressé leurs Rancsi
Df ailleurs |* sûr* acte ,'ne; .trouver aucun pafu-
râge ÿd’autre projet »ailoit pent-etre noUs
enfoncer, ;de plus en plus dansfabyme j mais
eaéhéè dans l’avenir-#> Cette ressource:nous
olïroit.du moins pour aliment l’espérance.
or®pFeé de .choisir,-jeqèttai en avant mon
drapeau, et tout s’ébranla pour lo.départ*
Nous-. abandonnâmes le .chariot',: ¡après en.
avoir ¡tiré les effets dontl’usage m’-etoit indis?
pensable î on y mit à-, la place plusieurs çaisn
ses très-pesantes y que je fis enlever des deux
antres; pour rendre* deur marche plus: facile’.
Enfin, jeremoyai à un tems plus heureux
de soin de recouvrer cés objets , ,dont
jércônfîai ja garde -au ciel et auxéléphans*
Mais-, en'tout cas, pour oter,à* quelques
hordes de Hotteûtots, qui auraient pu être
conduits dans’ ce- parage, ou même à des
çolons de la frontière, toute envie de m’é-
Tome /. T