
je me fusse vu réduit à passer la3rivière sur
des radeaux ; moyen pénible , et qui eût
coûte à mon monde beaucoup de fatigues et
à iiioi bien du tems ; sans compter qu’étant
encaissée et très-rapide, l’usage du radeau,
dans un moment d’inondation , avoit du
danger.
Dès: le second jour les eaüx grossirent au
point de gagner mes chariots; je fus forcé
de porter mon camp plus au large Vers
la plaine ; mais peut >être si la crue fut survenue
pendant la nuit, eût-il été emporté
tout entier ; et certes, notre vie auroit couru
les plus grands dangers, j
Souvent j ’avois entendu parler au Cap,
des risques que court un voyageur dans’
cette partie de l’Afrique, quand il campe
trop près des rivières. Les colons m’avoient
même conté, sur ces dangers, des histoire»
merveilleuses, auxquelles j ’avois cru faire
grâce , en ne les regardant que comme exagérées
; mais l’expérience m’a convaincu ,
à mon tour, qu’elles ne l’étoient pas ; et
mainte fois, campé par le plus beau tems
possible, et même après de , très - gandes
secherefises, près de petites rivières, à une
grande distance de leur cours; il m’est arrivé
d^ les voir tout-à-coup, et en moins
de trois Iteures, par un orage qui avoit crevé
plus haut, s’élancer au-dessus des arbres
de leur rivage , inonder au loin les
campagnes et formez; autour de moi un
vaste laç.
Il est donc prudent et sage pour un voyageur,
de ne jamais camper près des rivières,
qu’à une hauteur pu leur plus grandes,
crue^qe le puissent atteindre »/.Or, il.
est aisé de s’assurer1 de ce terme, p a r l’ins-n
pection des arbres qui sont- sur-leurs rivages.
Dans leurs débordemens, elles entrai*,
nent des roseaux, et .des;: herbes que led,
branches arrêtent ces dépôts y restent sus*
pendus, et leur chevelure pendante, ce&£.
un témoin qui atteste jusqu’où les causse
sont élevées. Dans,le jour » il est vrai, on
peut sans risque venir habiter • k, l ’abris
desc arfires du rivage ; » car, ordinairement,
on ne trouve de l’ombre ,qxie là.; au moins
s’il survenoit un débordement,: on n’y çour*. <
roit aucun danger*, puisque rieum’émpê-
çheroit de le voir ; mais, rester là pendant,
la. nuit, ce seroit s’exposer imprudemment »