
mis de l’emmener avec moi. A la vérité,
son grand âge et la fatigue du premier
voyage, l'incertitude même et les difficultés
de celui que j ’allois entreprendre ne me per-
mettoient guère de le conduire aussi loin 5
mais la colonie m’offroitun assez vaste cliamp
pour que je me montrasse empressé d’user
encore.une fois de ses bons offices. Je m’en
serois trop voulu à moi-même, dans le moment
d’une joie aussi pure d’exposer ce
vieillard à périr , lui , à qui il restôit encore
quelques jours paisibles'et du moins
honorés à couler au sein de sa famille. Il
parut satisfait de l’offre que je lui fis de
visiter ensemble la colonie 5 ou, s’il éprouva
quelque regret, en pressentant que je ne
l ’entraînerois pas plus avant, il eût grand
soin de me le cacher, et même dans la
suite il n’en marqua aucun mécontentement
à mes autres compagnons de voyage.
J’ai déjà exposé ailleurs les motifs qui
pendant mon premier voyagé m’avoient
déterminé invinciblement à m’éloigner des
habitations de la colonie, et â. éviter tout
commerce avec les colons : outre les embarras
et les distractions inévitables que
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leurs visites eussent apportés à mes opérations
, j ’aVois à surveiller un terrain considérable
qui n’étoit jamais mieux en ordre
qne quand nous n’avions autour de
nous aucuns voisins étrangers. On se rappelle
combien j ’eus à me repentir d’une
complaisance contraire à ces dispositions
pour m#en être écarté une fois à Àgter-
Bruintjes-Hoogte : quoique je n’eusse communiqué
avec ces colons que l’espace de
quatre heures seulement r il se répandit
dans mon équipage un tel esprit d’insubordination
, qu’il fallut toute ma ‘fermeté
pour y rétablir l’ordre et la bonne intelligence
j c’est à ce moment fâcheux , à ces
germes d’une communication dangereuse
que je dus le malheur de n’avoir pas visité
la Caffrerie, contrée si intéressante et que
je regretterai toute ma vie de n’avoir pas
connue , pays très-curieux et qui mérite à
lui seul un voyage !
Mais comme il entroit dans mon plan
général de visiter ici la colonie proprement
dite et d’étudier l’humeur de ces
hommes moitié sauvages, moitié policés,
je ne pus me défendre d’en courir les ha