
amis. Aux yeux du citadin, cet amour de
ïa patrie chez des Sauvages qu’il dédaigne et
dont l’existence lui paraît souverainement
malheureuse, sera sans doute un fait invraisemblable.
Il croira qu’il n’est de bonheur
que dans les villes, et de patrie qu’où
Î on trouve ce qu'il appelle les commodités
de la v ie , c’est « à - djre , lès besoins qu’il
S est faits et qui lui sont devenus nécessaires.
J’avois fixé au i 5 juin mon départ de
î habitation de Slaber. Le i-j. je fis une revue
générale de mes équipages et de mon
monde. En comptant la femme de Klaas
et mon inspecteur-général Swanepoel, j ’avois
avec moi dix-neuf personnes , treize
chiens bien appareillés, un bouc et dix chèvres,
trois chevaux, dont deux très-bien enharnachés
étoient un don de Boers, trois
vaches à lait, trente-six boeufs pour l’attelage
de mes trois chariots, quatorze pour
relais , ët deux pour porter le bagage de
mes Hottentots. Ces cinquante-deux bêtes
à corne suffisoient au service actuel, Je
comptois en augmenter le nombre, à me-
sure que, m’éloignant des colonies , il me
¿eviendroit nécessaire d’en avoir davantage}
et par des échanges, je pouvois me les procurer
à meilleur compte. Le coq qui, dans
mon premier voyage, m’avoit prociiré quelques
instans de plaisir, me fit naître l’idéé
¿’en emmener encore un dans celui-ci ; e t ,
afin qu’il fut plus heureux que h’avoit
été l’autre, je venois de lui donner une
poulette. Enfin, pour mon amusement, je
dirais, pour ma société, j ’emmenai mon
singe Keesj Kees qui, retenu, à là chaîne
pendant mon séjour au Cap, sembloit y
avoir perdu sa gaieté, mais qui, depuis le
moment où il s’étoit revu libre, se livroit
chaque jour à des folies extrêmement divertissantes.
Telle étoit la compagnie que je m’étois
associée pour mon entreprise, et que j ’avois
cru nécessaire, soit pour en assurer
le succès, soit pour m’y procurer qùel-
’ ques distractions agréable8.
Le lendemain tout s’apprête pour le départ,
selon les ordres que j ’avois donnés}
et déjà l’on n’attendoit plus que mon signal
pour se mettre en marche. Pendant ce teins
je faisois mes douloureux adieux àùx oîa^
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