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Ces divertissemens ingénieux m'amu-
soient beaucoup, je l’avoue ; mais ce qui
tn’en plaisoit davantage , c’étoit de les
voir transplantés en Afrique, c’est-à-dire
dans le voisinage des lions , des panthères
et des hiennes. Pour les Créoles , qui jus-*
qu’alors n’avoient encore rien vu de semblable
) ils étoient dans Fivresse. L ’entretien
principal des sociétés de la ville ne
rouloit plus que sur les pièces françoises ;
on ne s’occupoit plus que des comédies
ffançoises : c’étoit un engouement univèr-
àel. Pour ajouter au plaisir général, les
femmes les plus distinguées se faisoient
un devoir de prêter aux soldats acteurs et
actrices tout ce qu’elles avéient en dentelles,
bijoux, riches étoffes et ajuste-
mens précieux; mais quelquës-unes aussi
eurent lieu de s’en repentir, et il arriva
plus d'une fois que la noble comtesse Ai-
mavka ayant en gage à la cantine
«Í I S,. T 0 E l Ç U E* x i$ $
tes parures d’emprunt, les personnes qui
deslui avoienî confiées se virent obligées ,•
pour les, ravoir, d’aller payer le tabac,
1-eau-de-vie et toutes les dépenses de l’hé*
roïne.
Au milieu de l’ivresse et de l’efferves*
cence que causoient ces amusemens-, l’amour
aussi jouoit son jeu; et de tems en
tems éclataient certaines intrigues scandaleuses
qui venoient alimenter la médisance
et désoler les familles. Il est vrai
qu a travers, toutes ces aventures Phymen
yint souvent aussi reparer les sottises d©
son frère, et que de son braconage résultèrent
beaucoup de mariages qui remirent
tout en ordre. Mais les plaintes qnoit
qu’étouffées et ténues secrètes, n'en exisr
toi en t pas moins. La surveillance des m é-
(tes était aux abois. Les maris, d’autant
plus ulcérés qu’ils se voyoient contraints
de cacher leur jalousie, maudissoientse