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de me mettre au lit j et l’on se contentoit
de mon excuse.
Au reste , ces prévenances | dictées par
les intentions les plus pures, prennent leur
source dans les usages de l’antiquité la plus
reculée ; ce qui leur donné un caractère
romantique et sacré qui saisit l’imagination
au premier abord. Malheur à moi si
je n’y apperçevois que ce qu’elles parois-i
sent offrir de rebutant, et si elles ne disoient
rien à l’ame de celui qui met an
rang des premiers besoins cette hospitalité
si méconnue de -nos jours et tous les
devoirs qu’elle commande. J’ai trop été
l ’objet de cette fraternité consolatrice qui
nous offre une famille et des amis loin de
nos familles et de nos amis d’habitude. Je
n’ai par-tout éprouvé qu’affection et tendresse
j tout s’empressoit sur mes pas : père,
mère, enfans , tous disputoient d’égards ;
non par ces tournures galantes ,( ces demi-
mots perfides et menteurs , le partage des
gens bien élevés , mais q>ar cette bonhom-
mie franche et riante qui vous met tout de
suite à votre aise, et chasse de votre esprit
toute idée d’embarras et de contrainte.
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Ceux qui savoient que je venois de faire
■un long voyage et que j ’avois passé non
loin de leur habitation , me faisoient un
reproche de ne m’être pas détourné pour
entrer chez eux. Ils me parloient affectueusement
du plaisir qu’ils aUroient eu à
me recevoir $ et me. demandoient avec uir
ton d’amitié tout-à-fait touchant, commuent
j’avois pu préférer de coucher en plein air
plutôt que de me retirer chez eux -, qu’ils se
seraient fait un de voir de m’offrir tout ce qui
aurait pu me plaire. Si j ’avois eu des raisons
pour voyager parmi eux, j ’en avois alors
d’entièrement contraires pour m’en éloi-
:gner.
1 Ce qui prouve encore combien ces honnêtes
gens ont de bonhommie et de loyauté
dans les moeurs, c’est qu’un étranger dès
qu’il est accueilli par les maîtres de la maison,
à l’instant devient, en quelque sorte, pour
Ielle un membre delà famille. Accoutumés
à vivre entre eux , ils ne commissent d’autres
biens que ceux de la parenté, et regardent,
en effet, comme leurs parens les personnes
qu’ils aiment. Les petits enfans qui ve-
noient autour de moi, soit pour me ea-
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