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lu i, ,me pria d’accepter quelques bouteille^
de jus de citron, qui, pàr la suite, me furent
d’un grand secours j mais il exigea
de mon amitié, qu’à moil retour je lui
ramenasse un bouc et une chèvre dit
pays des Namaquois £ il avoit entendu
vanter l’espèce de ces animaux 5 et, en effet,
c est la plus belle que j ’aie vue de ma vie;
Ses deux fils me firent promettre également
de leur vendre a chacun un de mes fusils.
Ils s attehdoient qu’après mon voyage je
répasserois chez eux en retournant, au
Gap, et ignoroîent que mon projet étoit
de n’y plus revenir. A mon départ, la famille
me salua par une fusillade à laquelle
il me fallut répondre. 11 en fût de même
des autres habitations près desquelles je
passai. Dans toutes on s’empressoit de venir
à ma rencontré, en me souhaitant, à coups
de fusil, un heureux voyage5 mais ce qui
m’étoit plus fâcheux, c’est qu’excède de
l ’acceuil bruyant de ces colons qui, sans
cesse, retardoient ma marche, il mefalloit
à mon tour leur témoigner ma recn n n ni s_
sance, en brûlant inutilement ma poudre
dans ces adieux fatigaris.
Ces
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Ces incommodes visites me consumèrent
tarit de tems, que jë ne pus , dans toute ma
jorirnée, faire que quatre lieues. Le lendemain,
je me trouvai dàns le district des
montagnes du Piquet, et j ’arrivai de bonne
heure prps de l’habitation d’un vieillard
respectable , nommé AlbertHaânekam.
Ce colop. étoit airie espèce de philosophe
pratique, qui avoit imaginé de se
rendre à la fois heureux et parfaitement
li]brey ce qui n’est pas toujours une même
chose, il s’étoit fait un plan de vie
qui ne ressembloit en rien à celle de ses
camarades. Saps femme, sans enfans, sans
relatiori avec ses voisins, sans autre compagnie
enfin que les esclaves qui étoient
à son service , il vivoit, pour ainsi dire ,
seul, et savoit se suffire à lui-même. Le
ternsj néanmoins, n’étoit pas' pour lui,
comme pour les autres colons, un poids
incommode. Il l’epiployoit tantôt au travail
, tantôt à là méditation 5 car il ne
savoit pas plus lire qù’eux, et ne devoit
sa philosophie qu’à ses réflexioris particulières,
et à des combinaisons naturelles.
Avec ce genre d’existence, heureux à ssi
Tome /. O