gateur. Il faut, pour que ces animaux sortent de l’eau,
qu’une mer houleuse amène ces poissons à la hauteur
de la vague, dont ils s’élancent pour traverser l’air; s’il y
a trop de calme , on n’aperçoit plus ces amphibies.
Comme ils sont très*nombreux, qu’ils volent toujours par
petites troupes, et qu’ils s’élèvent assez au-dessus de l’eau
pour venir tomber sur le tillac dés navires; que leur chair,
généralement délicate.et dè bon goût, fournit un nouvel
aliment à la consommation du bord; que la beauté de
leurs couleurs, argentée et bleu d’outre-rmer, est une
distraction qui trompe la monotonie du voyage; que leur
présence multipliée annonce aux navigateurs l’approche
du tropique, ces poissons ont été signalés dans presque
toutes les relations des voyages de long cours par mer; mais
les hommes qui les observent ordinairement, ne sont généralement
pas attentifs à la variété infinie que la nature se
plaît à répandre dans ses, productions ; aussi désigne-t-on
tous ces êtres par le nom collectif de 'Poissons-volants.
Le petit nombre de naturalistes exercés qui auraient pu
reconnaître la grande variété spécifique de ces poissons,
ne les ont jamais vus qu’isolés les uns dos autres, sans les
comparer attentivement; d’ailleurs presque tous, prenant
pour guide les travaux de Linné,'ne croyaient tout au plus
qua deux espèces. Pour nous, qui avons éü le soin de
réunir dans les grandes 'Collections du Muséum une multitude
d’exocets, que les voyageurs nous donnaient le
plus souvent sans y attacher une grande importance, et
comme de fréquentes répétitions, de poissons les plus
connus, nous avons été frappés du nombre considérable
d’espèces réunies à côté l’une de l’autre. Ce résultat nous
fait croire que les voyageurs qui voudront bien ^consulter
notre travail, augmenteront encore considérablement la
liste des espèces de ce genre. Ces raisons expliquent aussi
comment la plupart de'ces. espèces vont paraître pour
la première.fois 4 'aj.ns la sériëfiçhthyolpgique. Elles sont
répandues dans toutes les mçrs ; on en voit déjà trois
d’entre elles, soit sur nos ,'ç.ôtes, du, golfe de Gascogne;
soit-,sur celles de la Méditerranée : ;aussi, les ichthyologistes
du seizième siècle, Salviani, Rondelet, et ceux qui ont
profi^|dÿ leurs, travaux, comme Aldrovande, Gessner, et
postérieurement Willughby, ont-ils laissé ^des figures,
fort reconnaissables au „moins pour lètgenre, de deux de
ces poissons. ■
La première-.à citer à cause de sa grandeur\et de sa
'pérfection^fêst cëltejde Salviani1,. qui a voulu faire connaître
à ses Metteurs le Pesce Rondine clés Italiens; Nous
avons déjà.* exprimé nôtre opinionÿisur la fausseté de la
détermination grecque qu’il a appliquée à cette espècè ;
Mais celle-ci n’ën est, pas moins-'fort reconnajissfM)lp; dans
sa figure.
Rondelet a aussi donné une figure du poisson volant à
longue «ventrale reculée .sous l’arrière du corps : il comparait
son poisson à un muge, e t il l ’intitula Mugil cilatus.
Lorsque l’on .possède les deux espèce^ de la Méditerranée
, caractérisées par la longueur de.leurs ventrales, il
est facile de reconnaître que l’espèce de l’ichthyûlogiste de
Montpellier n’est pas la même que Celle du-naturaliste
romain. Si nous voulons maintenant nous aider des documents
que nous* ont laissés les voyageurs qui suivirent de
près. ces. deux pères de l’ichthyologie, nous verrons Pison1 2
1. Saiv.pffffaffpi. 67!$
2. Pison, Hist. nat. utr. Ind., liv. III, p\ 6i.