
ÿ échecs dn monde, qui avoient recours
à fes déeilîons dans les coups lînguliers &
difficiles.
Les auteurs qui ont traité du jeu des
échecs n’ont donné ( dit Philidor dans fon
Avant-propas ) que des inflructions imparfaites
& infuffifantes pour former un
bon joueur ; ils ne fe font uniquement
occupés qu’à enfeigner des ouvertures de
jeux , & enfuite ils nous abandonnent au
foin d’en étudier les fins, de forte que le
joueur refle à-peu-près auffi embarralfé
que s’il eût été contraint de commencer
la partie fans infiruâion. J’ofe dire hardiment
, ajoute-t-il, que celui qui faura
mettre en ufage les règles que je donne
i c i , ne fera jamais dans le même cas.
3’omets tous lès mats , excepté celui du
fou & de la tour, contre une tour adver-
faire , étant le mat le plus difficile qu’il
y ait fur l’échiquier. Enfin, mon but prin
cipal eft de me rendre recommandable
par une nouveauté dont perfonne ne s’efi
avifé , ou peut-être n'en a été capable ;
c ’ell celle de bien jouer les pions ; ils font
Lame des échecs ; ce font eux qui forment
uniquement l’attaque & la défenfe, & de
leur bon ou mauvais arrangement dépend
entièrement le gain ou la perte de la :
partie.
Dans les quatre premières parties ci-
après on verra, depuis le commencement
jufqu’à la fin , une attaque & une défenfe
régulière de part & d’autre. On y pourra
apprendre par les réflexions que je donne
fur les coups principaux , & quiparoiflent
les moins intelligibles, la raifon pour laquelle
on eft contraint de les jouer, &
qu’en jouant toute autre chofe on perd
indubitablement la partie. C’eft ce que je
fais par des renvois, afin qu’en voyant les
effets, on puiffe d’autant mieux en concevoir
les raifons.
On verra dans les gambits que ces fortes
de parties ne décident rien en faveur de
celui qui attaque, ni de celui qui les défend
, & lorfqu’on joue bien de part &
d’autre la partie fe réduit plutôt à une
remife qu’à un gain affiné d’un côté ou
de l’autre. Il eft vrai que fi l’un ou l’autre
fait une faute dans les dix ou douze premiers
coups , la partie eft perdue. Mes
renvois qui feront plus fréquens , quoique
moins inftruftifs que ceux de mes autres
parties, le feront voir.
Le gambit de la dame entraînant après
foi, dans les premiers coups, un grand
nombre de différentes parties, a rebuté
jufqu’à-préfent tous les auteurs d’en entreprendre
la diffedion. Ils fe font contentés
d’en parler ,. & de nous donner quelques
commencemens remplis de faux coups. Je
me flatte d’en avoir trouvé la véritable
défenfe.
N. B. En finifiànt, j ’avertis les amateurs
que dans toutes mes remarques, renvois,
& c . , pour éviter toute équivoque
je traite toujours 1 & blanc à la fécondé
perfonne, & le noir à la troifième : comme
par exemple, vous joue^ , vous prendre^ ,
vous auriez^ pris , s’entend toujours le
blanc ; 8c il joue, il prendra , il auroit
pris , s’entend le noir.
II.eft évident, d’après ces obfervations
de l’auteur , que fon traité doit être rapporté
dans toute fon intégrité , & qu’on
ne pourrait le tronquer , ni l’analyfer fans
nuire à l’enfemble ou à la férié des inf-
tructions qu’il y donne.
C’eft doncfatisfaireà-la-foisla confiance,
la .cuïiofité & l’intérêt des amateurs du
jeu des échecs que de leur préfenter toute
cette dodrine fi précife , fi effentielle &
fi lumineufe de Philidor , telle qu’il l’a
publiée lui même.
D’ailleurs , fon ouvrage, imprimé en
pays étranger, eft devenu rare, & très-
difficile à trouver en France.
J E U D E S É C H E C S ,
PAR A. D. P h i l i p OR.
Première partie où il y a deux'retwois, l'un
au douzième, & Vautre au trente-fep-
, tième coup.
i .
Blanc. Le pion du ro i, deux pas.
Noir. De même.
B. Le fou du ro i, à la quatrième café
du fou de fa dame.
N. De même.
3 -
B. Le pion du fou de la dame, un pas.
N. Le chevalier du ro i, à la troifième
café de fon fou.
4-
B. Le pion de la dame, deux pas ( i) .
N. Le pion le prend.
5-
B. Le pion reprend le pion ( i) .
(1) Ce pion fe pouffe deux pas pour deux raifons
d’importance ; la première, pour empêcher
le fou du roi de votre adverfaire de battre fur le
pion du fou de votre roi j la fécondé, pour mettre
fa force de vos pions dans le milieu de l’échiquierj
ce qui eft de grande conféquence pour parvenir à
faire une dame.
(2) Lorfquevous vous trouvez dans la fituation
préfente, favoir ; un de vos pions à la quatrième
café de votre roi, & l’autre à la quatrième café
de votre dame, il faut fe garder d’en pouffer aucuns
des deux avant que votre adverfaire ne pro-
pofe de changer l’un pour l’autre ; c’eft ce que
,vous éviterez alors, en pouffant en avant le pion
N. Le fou du ro i, à la troifième café du
chevalier de fa dame (3).
6.
B. Le chevalier de la dame s à la troifième
café de fon fou.
N. Le roi roque.
7-
B. Le. chevalier du r o i , à la fécondé
café de fon roi (4).
N. Le pion du fou de la dame , un pas.
8.
B. Le fou du r o i , à la troifième café
de fa dame (y).
N. Le pion de la dame, deux pas.
9 -
B. Le pion du roi, un pas.
N. Le chevalier du ro i, à la café de fon
roi.
qui eft attaqué. Il faiit auffi remarquer que des
pions foutenus fur la même ligne , comme font à-
préfent ces deux pions, empêchent beaucoup les
pièces de votre adverfaire de fe pofter dans votre
jeu. Cette règle peut également fervir pour tous
les pions iïtués ainfi.
(3) Si au lieu de fe retirer ce fou donne échec,
il faut couvrir du fou j & C en cas il prend votre
fou , il faut reprendre du cavalier, puifque par
ce moyen il défend le pion de votre roi , qui
autrement refteroit en prife ; mais préalablement
il ne le ptendra pas , parce qu’un bon joueur
tâche de conferver le fou de fon roi tant qu’il eft
poffible.
(4) Il faut fe garder de le jouer à la troifième
café de fon fou , avant que le pion de ce fou ne
foit avancé de deux pas, parce qu’autrement le
cavalier empêcheroit fa marche.
(y) Ce fou fe retire pour éviter d’être attaqué
par le pion de la dame noire , parce qu’en tel cas
vous feriez contraint de prendre fon pion avec le
vôtre ; ce qui ôteroit la force de votre jeu , &
gâteroit le projet marqué dans la première 8c fécondé
obfervation.
yoyez les notes 1 & 2.