
M. d u F r ê n e .
Juftement, ma chcre confine ; vous avez
dîné ur.e fois avec elles, chez nous, à Paris.
Mademoifelle R O S É.
Ah ! oui : je me les rappelle ; c’étoit un
fâmedi ; elles ont été fort courroucées de Ce
qu’on avoit fervi gras 8c maigre.
M. d u F r ê n e .
A leur campagne, le foir, après avoir fait
la prière en commun , elles vont fureter a
toutes les portes où elles ont fait des attrapes,
& elles rient comme desbier.-heureufes, quand
en donne dans le panneau. Comme elles font
un peu éloignées de la paroilfe, le vicaire
vient toutes les veilles de fêtes pour leur dire
la méfié dans leur chapelle; '8c quand la pa-
loiffe change de vicaire, elles s’en confolent
de leur mieux par l’efpérance de faire pafler
en revue tous leurs tours, 8c d’attraper le
nouveau, venu.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Nous verrons comment M. Dubois s’en
tirera. 'M
adame d e . l a R i v i è r e .
Je n’oublierai jamais un tour affreux qu on
ma fait une fois. C ’étoit dans l’été, 8c il faifoit
une chaleur exceffive, ce qui mefâchoit bien,
car j’ai très-peur du tonnerre , & prefque tous
les jours il tonnoit; Une-nuit, je-crus entendre
unoiage affreux ; je n’ofois pas réveiller M. de
la Rivière , qui dormoit profondément. A la
fin , je pris mon parti, 8c je- l’éveillai : il découvrit
bientôt la rufe. Ces Meilleurs , pour
me faite peur.avoient mis fur mes fenêtres des
amorces de poudre à canon ; ils y mettoient
le feu-de tems en terns ; 8c d’autres , qui étoient
dans les greniers, rouloient fur ma tête de
grolîes boules qui faifoient trembler le plancher.
M. de la Rivière s’eftlevé, & l’orage a
cefTé.
L’Abbé P r i n t e m s , 1
11 leur aura peut être jetté quelque- bonne
potie d’eau , 8c la pluie aura Bit ceffer
l’orage. '
Madame d e l a R i v i è r e .
Juftement. Nous pourrions joiier à quelques
petits jeux nouveaux, quoique nousnefoyons
pas beaucoup de monde; c’eft égal.
L’Abbé d è s A g-n e a u x .
J’ai précifément un jeu à vous apprendre
qui n’exige pas grand monde. Si on éloit trop,
il deviendroit difficile, il fatiguereit trop la
mémoire de celui qui le fait jouer. Ce jeu s’appelle
: la Volière ; chacun prend le nom d’un
oifeau. Celui qui fait jouer le jeu, après avoir
reçu tout bas les noms d’oiftaux , les dit tout
haut; mais en brouillant l’ordre , pour qu’on
ne fâche pas quel eft l’oifeau que- chacun a
eboifi. La première perfonne dit enfuite tout
haut, je donne mon coeur à tel oifeau; je
confie mon fecret à tel oifeau, 8c j’arrache une
plume à tel autre oifeau. Allons-, Mefdames ,
je vais fa're le tour, 8c chacun me dira à l’preifle
te nom d’un oifeau.
Le Chevalier Z É P H I R.
Mor, je prends le hibou.
L’Abbé P RI N T E M s.
Il ne faut pas le dire tout haut ; tout le monde
vous arracheroit uneplume, 8cce leroit autant
de gages que vous payeriez.
Mademoifelle de la Haute-Futaie.
A’îons, Chevalier, à votre tour. Dites donc
tout bas le nom d’un oifeau.
Mademoifelle R o s È.
Oui mais vous écoutez ; c’eft fort mal.
Madame de l a H a u t e -Fu t a i e .
Ma fille, vous, entendez ce qu’on dit.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Mefdames, j’ai une charmante volière dans
laquelle fo.rt plaideurs oileaux bien différens
les mis des autres. D’abord, un oifeau bleu.
L’Abbé P RI NT EM s.
Il re doitpas être difficile à nourrir, celui-là.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Un colibri, un oifeau mouche, un hibou ,
un ferin, un roffignol, une tourterelle, un
corbeau 8c un coucou. Pariez, Madame de Ja
Rivière.
Madame de la Ri v i è r e .
Je donne mon coeur au ferin , mon fecret,
a I oibleau bleu , 8c j’arrache une plume au
hibou.
Mademoifelle de la Ha u t e -Fu t a i e .
Je donne mon coeur au ferin, mon fecret
au roffignol, 8c j’arrache une plume au hibou.
Le Chevalier Z é phir . -
Ah ! le pauvre hibou !
L’Abbé P RIN T E M s.
Je donne mon coeur au coucou.....
Mademoifelle du G a i on.
Voilà un goût bien fingulier.
L’Abbé P r i n t e m s .
Mon fecret au perroquet....
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Encore mieux ; il n’y a pas de perroquet
dans ma volière.
L’Abbé P r i n t e m s .
Eh bien ! au colibri, 8c j’arrache une plume
au malheureux hibou.
Mademoifelle R o s e ,
Je comptois arracher une plume au hibou,
parce que je croyois que c étoit l’abbé ; mais
-js vois bien que ce n’eft pas lui. J ’arracherai,
en conféquence, une plume au corbeau ; je
donnerai mon coeur au ferin, et mon fecret à
l’o feau-mouche.
Mademoife'le de la Haute-Futaie.
Je donne mon coeur au roffignol, mon
fecret au colibri, 8c j’arrache une plume au
■ coucou.
Le Chevalier Z é p h i r .
Je donne mon trifte coeur à la plaintive
touterelle, mon fecret au corbeau, 8c j’arrache
une plume à l’oifeau bleu.
M. d u F r ê n e .
Je donne mon coeur à l’oifeau-mouche, je
fifle mon fecret au ferin, 8c j’arrache uneplume
ait co beau.
Mademoifelle du R u i s s e a u .
Je donne mon coeur à l’oifeau-b'cu , mon
fecret au roffignol, 8c j’arrache une plume au
hibou.
Mademoife'le d u G a î o s .
Je donne mon coeur au hibou....
L’Abbé P r i n t e m s . .
Voilà le premier coeur qui fe donne à moi.
Mademoifelle d u G a X o n.
Mon fecret au colibri , 8c j’attache une
plume au roffignol.
L’Abbé d e s A g n e a u x ;.
Madame dé la Rivière, vous avez donné
votre coeur au ferin ; c’eft Mademoife'le de la
Haute1 Futaie , a'iez-l’embrafret. Vous avez
donné votre fecret à l’oileau b liu , il eft bien
diferet, c’eft Mademoifelle du RuifTeau; allez
lui faire une confidence. Vous avez arra.hé une
plumé au hibou , c’eft l’abbé Printems ; allez
le prier de vous donner un gage. Mais j’ai
écrit fut une carte les noms que chacun a pris;
je vais vous en faire letfture; afin qu’on puiffie
embrafTer ceux à qui on a donné ion coeur,
faire une confidence à ceux à qui on a donné
fon fecret, 8c demander un gage au hibou,