
la dernière place- à une perfonne qui ait afieï.
d'efprit pour pouvoir y former un dinou-
ment agréable & (ibgdlier.
Dans ce jeu, il faut que celui ou celle qui
commence une hiftoire de cette elpcce, établi
flè bien clairement l’état du héros ou de
l’héroïne de Ion roman ; qu’il leur fade faire
connoiflance Sc les rende amoureux i’nn de
l’autre avec quelque forte de vraifemblance ,
& erifiiite qu'il les lai (Te dans tel embarras
qu’il voudra : ce fera à Tes continuateurs à
les en tirer ou à les y reietter de plus en plus,
jufqu'à ce qu’eiifin le dernier qui aura -prêté
la plus grande attention à ce qu’auront dit
les autres, pendant le petit elpacede tems qu’on
leur aura prèfcrit de ne point palier , termine
Thiftoire pat un dénomment tel que fon efprit
le lui fuggérera. Quand on fait bien arranger
ce petit jeu, & que la plupart des a&eurs (ont
gens d’eiprit, il eft charmant.
n o c: c a. {U)
Ce jeu qui eft pafTé de mode, étoit, dit-on,
originaire de Catalogne , & déjà très-connu
en Efpagne & en Italie, lorfqu’il s’en établit
une académie publique à Paris , fous lé mi-
niftère & la protection du cardinal de Ma-
2.arin. Comme il s’y fit des pertes immenfes,
on cria beaucoup contre cet établilïement,
iurtout lorfqu’on apprit que les mêmes banquiers
qui la tenoient, avoient été chafles de
jRome.
Le hocca s’exécutoit au moyen d’un grand
.tableau , diyifé par raies en trente numéros,
qui étoient gravés dans les quarrés : ceux qui
jouoient contre le banquier , mettoient la
Comme qu’ils vou oient hafarder fur un ou
plufieuTS numéros;; ik.pour décider leur ga n
ou leur perte, on avoit un fac contenant
trente l-oiles, ma-quées-intérieurement des
mêmes numéros que ceux gravés dans les
quarrés du tableau : on mêlait & feçpuoit
les boules dans Se fac autant qu’ii étoit pof-
fible ; enfuitè un des joueurs tiroit une de
ces boules du fac , l’ouvroit, annonçoit tout
haut 3c montrât même le numéro. Si celui
vqui le trouvoit pareil fur le quarré du tableau
étoit couvert de quelque' fournie en plein,
le banquier étoit obligé de payer vingt huit
fois cette fomms ; de forte, pat exemple, que
s’il y avoir un louis d’or fur ce numéro, il
en payoit vingt - huit ; mais tout'ce qui fe
rencontrait lut les autres numéros étoit perdu
pour les joueurs & appartenoit au banquier.
Il avoir de plus pour lu i, & c’étoit i’objet
important, deux numéros de profit ,puifqu’il
y en avoit trente fur lefquels on métrait indifféremment
, & qu’il ne payoit que vingt-
huit fois leur mife a ceux que le haratd favo-
rifoit en plein. On pouvoit d’ailleurs mettre
en moitié fur deux numéros voifins : .alors
on plaçait fa mife fur la ligne qui les fépa-
roit ; ÿc fi i’un des deux gagnoit, on recevoit
treive fois la mife ; ou en quart fur quatre
numéros, en plaçant fa mife à l’angle qu’ils
fotmoient, & alors on retiroit feulement fept
fois & demie la valeur : enfin, on pouvoit
jouer fur toute une dixaine , & alors fi un des
dix numéros vendit en gain, on droit deux
fois 3c demie feulement fa mife,
J
J E U .
J E U fur le choix des ferviteurs jeux du
naufrage, de la chajfe , du chatouillement
& autres.
O n demande à une demoifelle fi elle étoit
dans un précipice ou dans une rivière avec
deux de fes ferviteurs , qui font deux hommes
de la compagnie ou du dehors, & qu’il fallût
noyer l’un pour fauver l’autre, lequel elle
noyeroit. Elle le doit déclarer, & puis on
lui ordonne d’embraffer celui qu’elle a voulu
fauver.
L’on dit à une fiile qu’elle s’imagine quelle
va à la chafte avec trois de fes ferviteurs ;
que premièrement il fepréfenle un folfé qu’elle
ne peut traverfer s’il n’eft comblé, & qu il
faudrait que l’un de fes ferviteurs fe jettât
'dedans pour fervir à ce paffagë. La-de Jus on
lui demanda.lequel elle y veut jetter, à quoi
elle ne lève pas tant, parce quelle en a trois
àjehoifir, &c qu’il y en a toujours quelqu’un
quelle ne fe foucie pas de défobliger ; peut-
être auflî parce qu’il eft abfenti; mais on lui
ditqu’après être paffée, voilà une bête effroyable
qui fe préfente dont il faut appaifer la
faim , & quelle ne fera point contente jufqu’à
ce quelle ait dévoré l’un de fes deux ferviteurs.
Alors on la met davantage en peine , & quand
elle en a abandonné un à la fureur du moriftre,
on lui déclare qu’elle doit époufer celui qui
lui relie , 8c lui donner le baifer de mariage.
Tout ceci fournit des fujets de vifée fur le
mépris ou l’eftime que les filles font des un,
op des autres : mais il ne fe faut pas beaucoup
fonder là-deffus pour difee ner leurs intentions;
car celles qui font diferettes , les
fayenl bien cacher, & adrelfent leurs paroles,
tout au plus loin de leurs perTées,
Ces c'aoix.fe font par hafard , lorfque les
filles ne lavent point de quelles perfbnnes on
leur parie. Cela s’obferve aüifi ati jeu de la
chafl’e ou au jeu à noyer , parce que celui qui
Jeux familiers.
fait le jeu, nomme deux ou trois hommes à
quelqu’un en fecret, &c pour les diftinguer ,
dit que l’un a une echarpe d une coul air ,
& l’autre d’une autre: ce qu’il déclare à ur.e
fille, afin qu'elle fa'Té choix de celui qp’elle
veut perdre en quoi l’on prend du plaifir,
fur ce que l’on voit que le abandonne ceux
que l’on fe figure quelle ne voudrait pas ,
ou qu'elle ne devrait pas abandonner. Si, les
ayant nommés hautement , elle les choific
ede même, il y a auiîi quelque pfaifir dans
ion choix , & je ne penfe pas qu aucun fe
fente défobligé de- ceci , puifque fes lois des
jeux veulent que tout ce qui en dépend-, ne
foit pris qu’en jeu. Il y a une autre manière
de faire qu’une fille choififîe un ferviteur par
hafard. On la chatouille trois fois au dtfius
de la lèvre avec un brin de paille, ou un
bout de plume, & puis on lui demande de
quel coup elle a été le plus chatouillée ; ei e
dira fi c’eft du premier, du fécond, 011 du
troifième , êc alors on lui déclaré au nom de
qui elle a été chatouillée à ce coup - là ;
& pour éviter la ttompede , on a dit les
noms de trois hommes en fecret à quelqu’un ;
entre ces fo is ,'fi Ton veut, il n’y en aura
qu’un qui foit de la compagnie , à caufe que
l’ordonnance du jeu étant que *a fiile em—
braTe celai quelle a choifi ; s’il fe trouvé là ,
il ne faut pas mécontenter ce beau foie.
Cela fe fait de la même fo te quand l’on dit
à une fille : je vous éveille, S£ loriqu’elie
demande de la part de q u i, on lui dit de la
part de plufieius qui ne font point de ^ la
compagnie , de manière que le répond plus
affur'ément qu'elle dort. Quelquefois elle dit
auflî quelle veille , foit -pour ceux qui font
préfens, & quand on en a t ouvé trois pour
qui elle veille, cela peut fervir à les lui nommer
dans le jeu de la chalfe ou dit nanf âge,
ou dans quelque autre particulier que 1 en ni t
de ceci, lui ordonnant de choifir celui qu’elle
aime le mieux pour amant.