
I 5<? T A B L E T T E .
fji permis de foupirer. Chacun foupire dore à
grandes reprifes 8c en divers tons , 8c c’eft en
cette occafion-là que l’on joint plutôt les ri fées
aux foupirs que les larmes. Alors l’on demande
à chacun pourquoi il a ioupiré ; l’on répond
félon fa fantaiue ; l’un d it , parce que j’ai
perdu un procès , l’autre parce qu’il a perdu
fon père, fon frère, fa foeur ou fa femme ;
T A R O T S .
l’autre parce qu’il ne peut vaincre la cruauté
de fa m.itrelfe. Ainfi chacun ayant dit i’occa-
fion de fesfoupirs, il y en a un qui commence
à foupirer 8c qui dit pourquoi il foupire. 8c
y joint la caufè des foupirs d’un autre , lequel
doit reprendre cela aulutôt 5c y ajouter encore
la caul'e des foupirs de quelqu’un.
T
T A B L E T T E .
T A B L E T T E . ( règle du jeu. de la )
O n peut jouer, deux, trois ou quatre per-
fonnes à ce jeu.
Chaque joueur a deux fichets.
11 faut deux cochonnets marqués depuis i
jufqu’à u , que l’on roule fur un tableau.
Onmultiplie les deux faces qui fe préfentent
l’une par l’autre , 8c l’on met un des fichets fur
le produit.
Chaque joueur en fait autant, 8c celui qui
a amené le plus grand produit gagne un point,
qu’il marque avec fon fécond fichet, fur le
bord de la tablette qui eft numérotée , 8c les
autres relèvent leurs fichets, & l’on recommence.
Celui qui gagne le premier fes douze trous,
prend la moitié de ce qui [eft au jeu, qui doit
etrede 3'jettons par joueur auxquels l’on donne
la valeur que l’on veut. Celui qui gagne le
fécond prend les deux tiers de ce qui refte ;
le troifième prend le troifième tiers , &c le dernier
ne gagne rien.
On appelle un quarré le produit d’un nombre
multiplié par lui-même , & telles font
toutes les cafés rougOes.
Celui qui amène un quarré marque feul
deux, trous au lieu d’un , quoiqu’un autre ait
amené un plus grand nombre, mais non
quarré.
Dans la concurrence de plufieurs quarrés,
celui qui a amené le plus grand, marque deux ;
trous , 8c les autres n’en marquent qu’un feul.
Pour trouver facilement le produit des deux
faces vifibles , par exemple 5 , 7 , mettez un
doigt fur le 5 jaune, 8c un autre fur le 7 bleu,
puis defeendezdepuis7 fur la même colonne,
jufques, 8c vis-à-vis le 5 jaune, vous trouverez
fur cette café 35, qui eft le produit de
5 multiplié par 7 , ou de 7 multiplié par 5.
Si les 2 cochonnets amènent 9 8c 1 1 , mettez
le doigt fur le 9 jaune 8c l’autre fur le 1 x bleu ,
8c defeendez fur la même colonne jufques 8c
vis-à-vis le 9 jaune, vous trouverez 99 qui eft
le produit de 9 par 11 , ou de, 11 par 9.
Siles deux faces qui fe préfentent amenoient
le même nombre, par exemple , 8-- 8 , le produit
eft eq, ce feroit un quarré qui vaudroit
deux trous.
Ce jeu fe trouve au magafin de tabletterie,
rue des Arcis, au Singe vert.
T A R O T S . ( jeu des ) C ’eft un
jeu de' cartes. ’
i° . Vous obferverez que les jeux de cartes
ordinaires qui fe jouent en France font coin-
pofés de cinquante deux caites, 8c ceux des
tarots font compofés de foixante-dix-huit ;
néanmoins il y en a qui vont jufqu’à quatre-
vingts 8c davantage. Le plus ou le moins eft
indifférent , d’autant que chaque triomphe
porte chacune le nombre,, celles de France
en portent treize chacune, 8c celles des Tarots
T A R O T S .
quatorze. Celles de France .font diftinguées
par quatre qui font pique, - treffle, coeur 8c
carreau; 8c celles des Tarots font aulïï divi-
fées en qua're différentes, favoir : le ro i, la
reine , le chevalier, le valet, le dix , le neuf,
le huit, le fept 8c le fix avec l’as d’épée-, autant
de bâtons, autant de coupes 8c autant de
deniers. Le tout fait cinquante fix cartes ; 8c
le furplus des cartes, on les nommé-triomphe,
qui font au nombre de vingt une cartes depuis
le bateleur jufqu’à la carte que Ton appelle le
monde. Et vous remarquerez en paffant que
le fou fert d’exeufe, 8c pour donner à entendre
ce mot d'exeufe , c’eft quand une per-
fonne vous jouant une hstute cattede triomphe,
foit rois, reines, ou quelqu’aurre carte que
vous ne puiffiez pas prendre , vous montrerez
votre fou, vous donnerez une carte de vos
levées L 8c vous mettiez la carte du fou en la
place de vos levées. Après qu’on a joué toutes
les cartes, celui qui a le plus de levées gagne
là partie.
2°. Le premier jeu fe joue à tînt 8c fi peu
de cartes que l’on voudra, après-avoir convenu
as qu’on veut rifquer , peu ou beaucoup
, à la diferétion de la coiiipagnie.
30. Ce jeu fe joue comme à la triomphe
forcée; le fou vaut cinq 8c fert ' d'exeufe,
comme il vient d’être dit ; le monde vaut
quatre , le bateleur auffi quatre , le roi quatre',
les reines trois, les chevaliers deux, fe valet
un, 8c Ton met au jeu chacun ce qui eft convenu
par la compagnie ; enfuite vous destinerez
les cartes, vous jouerez comme à la
triomphe , c’eft-à-dire , que celui qui a le plus
pris de rois, de reines, chevaliers, valets.,
le monde , le bateleur 8c le fou gagne. Il faut
compter les points, comme il a ete dit ci-,
dslfus , de la valeur des çaites ; celui qui
comptera le plus gagnera ce qui eft mis au
jeu.
4®. Il fe joue entre peu 8c beaucoup de
perlonnes, en cinquante points plus oumoins,
êc on donne à chacun douze cartes; le fou
vaut cinq 8c feit d’excule ; les rois valent
quatre, 8c Ton compte autant de cartes que
Ton gagne j/lus que ces douze , contre autant
de points comme il perd 4e cartes, 8c s’ils
n’en ont pas pris, il les donne ; 8c quand ils
en ont pris, on les démarque , 8c celui qui a
le premier cinquante, gagne.
T A R O T S . 157
j °. Ce jeu fe joue encore d’une autre manière,
c’eft à favoir que les quatorze cartes,
rois, reines, chevaliers, vaiets, 8c le refte
d’épée ; on les appelle la rigueur, 8c emporte
les autres triomphes de bâtons , coupes 8c
deniers, 8c fe joue comme à la triomphe
forcée, c’eft-à dire, que n’ayant pas de la carte
que l’on ' vous-joiié de deniers, hâtons ou
coupes , vous jetterez de la rigueur 8c emporterez
; mais fi on vous jette d’une autre
triomphe 8c que vous en ayez , vous êtes
obligé d’en jetter, 8c alors la plus haute l’emporte.
Le fou marque cinq 8c fert d’exeufe.
6°. Il vous fera loifibk de jouer à tant 8c
_fi peu de points que vous voudrez ; 8c à tous
ccs trois jeux, qui renonce perd la patrie.
70. Otant les triomphes 8c le fo u , on peut
jouer avec ces cartes à toutes fortes d’autres
jeux qui fe jouent en France , comme au piquet
, à la triomphe , au brelan , 8cc.
Autre jeu de cartes des Tarots.
Ce jeu fe nomme la triomphe forcée, 8c
fe joue comme il a été ci devant dit, en tant
8c fi peu de pérfonnes que Ton veut ; après
avoir convenu de ce que Ton veut jouer,
vous obferverez les règles qui luivent :
i p.O n donne àichacun de la compagnie
cinq cartes., Sc l’on ne retourne point les
cartes.
2q. Celui à qui il arrive dans cinq caries le
fou, retire ce qu’il a mis au jeu, de même
celui à qui il arrive dans fes cartes le bateleur
, retirera fon enjeu ; celui à qui il arrivera
la force, retirera deux enjeux, 8c celui
à qui arrivera la carte-appelléela mort, emportera
tout ce qui eft.au jeu, fans que perfonne
en püilfe rien prétendre.
-30. S’il arrive que vous ayez en votre main
les deux ou trois cartes ci-deflus nommées,
vous retirez, comme il eft d it , farts que vous
difeontinuiez à jouer ce qui eft fur le tapis.
4°. S’il reftè quelque chofe fur le tapis
chacun poitrfuivra fon jeu, ce celui qui aura
plus de levées gagnera ce qui yreftera au
ieu- ;
- ’ 5°. La primauté l’emporte, c’eft-à-dire ,
que celui qui aura les premières levées gagnera.
6°. Qui renonce perd la partie. ,