
ioS O R G E .
le mol Diable. Dès que je le prononce , vous
d=\ez dire à linftant : plaît-il, Maître?
Mademoifelie R p S E.
Eh bien ! pîaît-il , Maître ?
L’Abbé des A g n e a u x .
Combien vaut l’orge ?
Mademoifelie R os e .
Vingt foire.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
, Ça n eft pas trop cher, vingt fous.
Mademoifelie DE la Haute-Futaie.
Plaît-il, Maître ?
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Bon ! vous y êtes. Combien vaut l’orge ?
Mademoifelje. de la Haute-Fb ta if .
Cinquante fous.
L’Abbé DES A G N EAUX.
P-fte!.... Combien ?.... Comment ?.... Mais
c’eft fingulier, peifonne ne répend : en voiià
trois d'attrapés. A quoi penfez-vous donc,
Mefdames ?
Le Chevalier Z É p H l R.
Madame de la Rivière & Madame de la
Haute Futaie paieront chacune un gage.
Madame d e l a R i v i è r e .
Et vous -aüffi, petit pejlt. C’eft vous qui
en êtes la caufe : je r e penfois qu’à votre
tranquillité , Sc je riois de ce que vous -ne
répondiez pas.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Les diftraétions viennent fouvent à ce jeu-
O S S E L E T S .
là de l’attention avec laquelle on fuit les
diftraéfions des autres ; on eft pris dans le
moment qu’on fe moque des autres. Quand
on va vîte Si que 'le Maître fait bien fon rôle,
c’eft prodigieux combien on donne de gages.
Le ton interrogatif du Maure fait audi beaucoup
; car on ne doit répondre qu ait Maure.
Quand Mademoifelie de la Haute-Futaie a
dit : cinquante fous, Mademoifelie du Bocage
n’avoit rien à dire : mais, n jav ois répondu
: c’eft horriblement cher, cinquante
lotis ! alors, il auroit fallu que Mademoifelie
du Bocage dît : plaît-il, Maître.
Madame de l a R i v i è r e .
Il eft certain que le rôle du Maître eft
difficile.
L ’Abbé d e s A g n e a u x . ^
Toutes les fois qu’à un jeu il y a quelqu’un
qui fait les queftions, il lui faut beaucoup
d’ufage du jeu , beaucoup de connoiflance
des joueurs , une parole aifée , Si furtout des
yeux toujours aux aguets , fans que les joueurs
s’en a aperçoivent. Je ne me pique pas de vous
faire jouer fupérieurement les jeux que je vous
apprends ; mais je fais de mon mieux. D’ailleurs,
je me mets à votre portée , & quand
vous faurez les jeux, & que nous les jouerons
, alors je ferai i’impolfible pour vous
préfenter toutes fortes de difficultés; on ne
fera de grâce à perforine. Dans ce moment-ci,
je me borne à vous les apprendre : demain,
je voire ferai part de mes réflexions fur les
commandemens que l’on donne aux gages
touchés. .
( Extrait des Soirées amufantes. )
OSSF.LETS ; ce font de petits os ou de
petits morceaux d’ivoire façonnés en forme
d’os , que l’on' eflaie de faire tenir fur le
revers de la main , que l’on jette en iair, 8c
que l’on retient fubtilement fans les laifler
tomber à terre; avec lefquels enfin les écoliers
font divers tours d’adrefle.
P
P A I R O U N O N P A I R .
P a ir OU NON P a i R ; c’eft un jeu fort
limple. Un des joueurs tient des jettons ou
des pièces de niunnoie dans la main; fi celui
qui devine dit pair, Si que lé nombre foit
pair, il a gagné ; mais.s’il eft impair, il a
perdu. Les pertes Sc les gains font quelquefois
très-confidérables à ce jeu , furtout lorl’qu’on
joue ce qu’on tient caché.
P A I X . ( jeu de/ la )
Dans ce jeu l’on donne des noms de paix
divine, & de paix humaine, d’amitié, de
concorde , de fidélité, de charité, de repos,
de grâce, de falut, & autres fembiables. La
paix divine étant la fupérieuie, nomme qui
il lui plaît d’entre les hommes ou les femmes
pour les joindre enfembie , Sc leur ordonner
de fe donner le baiier de paix.
P A L E T . {le petit)
On jette une petite pièce de monnoie ,
comme un petit écu, qui fert de but. On lance
enfuite de plus greffes pièces , comme des
écus de fix francs, le plus près du but qu’il
eft poflîble. Celui qui en approche le plus,
gagne un point.
On joue deux contre deux, ou plufieurs,
les uns contre les autres. Le joueur habile
fait écarter fon adverfaire en pointant & dé-
gotant fon palet qui eft près du but, Sc
fouvent il a l’adrefle de prendre fa place. On
convient d’un certain nombre de points qui
donne gain à celui ou ceux qui y parviennent
les premiers.
P A Q U E T S . ( jeu des )
Voye\ à l’article Métamorphoses
P A R Q U E T . , (jeu du)
Le parquet eft une boîte plate , remplie de
petits quarrés de bois, qui font pein's des
deux côtés, Si fouvent par moitié de diverfes
couleurs, lur les deux faces , qui représentent
différentes figures. On arrange ces petits
quarrés par comparrimens les uns à côté des
autres, Sc l’on peut en varier les deflîns lelon
la difpofition qu’on veut leur donner. On
imite ainfi des parquets d’appartemens ou des
pavés de galerie, dont les carreaux font
en marbre de couleur. Il y a des parquets
qui donnent les moyens de compoier des
fleurs & des bouquets, Sc de varier ces def-
iïns à l’infini.
On a auflï imaginé de faire de ces parquets
compofés de lettres mobiles , de chiffres,
de notes de mufique, &c. avec lefquels on
peut écrire, chiffrer ou compofer des airs,
ce qui peut exercer un élève, & lui donner
la facilité de s’inftruire en s’amufant.
On trouve beaucoup de ces parquets , rue
des Arcis , au Singe vert.
P E L Ë R I N. ( jeu du )
Au jeu du pelerin, l’on raconte tous les
dangers qu’il peut courir, & les confeils ou
l’aide que l’^n lui peut donner, Si il demande
tantôt du confeil, tantôt de 1 aide fur
un danger ou fur l’autre. Les dangers font :
Pays déferts , bêtes cruelles , larrons , précipices
3 orages. Les confeils : N’y a/leq pas ;
changeç d'amis ,- efpéreç jufquà la mort. Les
aides : Prenez les armes; recommandez-vous à
Dieu ; je m’en vais vous fecourir , Sc ainlî
des autres. L’on eft obligé de répondre aux
plaintes du pelerin, félon qu’il les fera, &
lelon le nom que fon a pris , en quoi l’on
peut faire quelque chofe de divertiflant.