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plaifir fans mélange, il faut fe faire enfant. Enfin, gardons-nous de confond™
avec les jeux de la cupidité, lés délaffemens que la nature & la raif0a
permettent en tout tems, en tous lieux , à tous les âges, à toutes les con.
ditions. Jeunes ou vieux, riches ou pauvres, le philofophe & l’artifan, tow
ont befoin d'amufemens. Ils ne fauroieht fe paffer les uns de recréations
les autres de réjouiffances; mais ces réjouiflances, ces recréations, peut-oj
les trouver dans les jeux d’intérêt & de hafard » & ne fe rencontrent-ils
pas au contraire , foit en public, foit en particulier, dans les exercices du
corps & de l’efprit i
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A
J’A IME MON A MA NT P A R A.
J’A IM E M O N A M A N T P A R A.
Jeu de Société en dialogue.
Madame de la H aute-Futaie.
E h bien! ma bonne amie , vous avez reçu
aujourd’hui une lettre de votre maman!
Mademoifelle du Ruisseau.
Oui , ma bonne amie. Ne l’as-tu pas dit a
ma Iceur î
Mademoifelle du Gazon.
Non , ma foeur ; je l’ai donnée à lire à ma
foeur Rôle , elle ne me l’a pas rendue, -t lie
nous charge de vous dire mille chofes obligeantes.
Madame de la Haute Futaie.
Viendra t elle bientôt nous trouver!
Le Chevalier Z é p h i k .
Eft-ce que vous ê:es laffe, Madame, de
fervir de mère à trois aimables perfonnes ! ;
Madame de la Haute Futaie.
Point du tout , Chevalier. Je fuis très-
flattée de la confiance dont m’a honorée
Madame du Ruilîeau.
L’Abbé P RI NT E MS.
Vous la méritez bien. Ces Demoifelles ont
en vous une fécondé mère. Nous efpérons
voir dans peu Madam.ç du Ruilfeau ; Ion
neveu eft convalefcent depuis peu.
Mademoifelle du iRuisse au.
Sa fièvre rouge eft entièrement paflee ; &
mariian , comme vous favez, n’étoit reliée à
Jeux familiers.
Paris que pour fouiager & çonfoler ma tante,
qui eft folle de fon fits.
Madame de la Rivière.
C ’eft tout lîmple, c’eft un fils unique. D’ailleurs
, votre coulin M. Dufrefne eft un charmant
garçon , foit dit fans compliment. Mais
jouons à quelque chofe : jouons à j’aimemon
amant par A. Je vais commencer. J’aime mon
amant par A , parce qu’il eft aimable; je le
nourris d’amandes douces ; je l’envoie à Av ignon
, je lui fais préfènt d’un aéroftat, pour
qu’il revienne plus vite me retrouver, & je
lui fais un bouquet d’amaranthe.
Mademoifelle d u R u i s s e a u .
J’aime mon amant par A , parce qu’il eft
agaçant ; je le nourris d’afperges , je l’envoie
à Alençon ; je lui fais préfent d’un agneau :
jé lui donne un bouquet de fleurs d’anémones.
Mademoifelle d u G a z o n .
J ’aime mon amant par A ; parce qu’il eft
affable ; je le nourris d’abricots en marmelade;
je l’envoie à: Arras ; je lui fais préfent
d’üne arbalète, & je lui donne un bouquet
d’ancholies.
Madame d e LA Ha u t e -F u t a i e .
J’aime mon amant par A , parce qu’il eft
attendriliant; je le nourris d’alouettes , je l’envoie
à Alexandrie ; je lui donne un almanach
& un bouquet d’amomum.
L’Abbé P r in t e m s .
J ’aime mon amante par A....
Mademoifelle du Gazon..
Boni.Eft ce que les abbés ont des amantes!
§> L’Abbé des Agneaux.
Mais finement ; c’eft le jeu. Il y a d’ailleurs
A