
M É T A M O R P H O S E 5 . T les) \
’ Jeu i t Société en dialogue.
Mademoifeile d u B o c a g e .
Que Vous avez un charmant corifin , ma
chère arme 1 II eft unique | fa gaîté eft amu- !
fante. Oh ! nous avons bien pâlie notre après- '
midi.
Mademoifeile R o s e .
Il eft vrai que mon coufin a l’heureux talert
de plaire à tout le monde, mais je fuis per .
fua.lée qu’il mettroit quelque différence entre
votre fuffrage & celui des autres.
Mademoifeile d u B o c a g e .
Le voilà qui vient. Mon Dieu ! qu’il fait
chaud aujourd’hui ; la chaleur nie porte au
vîlage.
Mademoifeile R o s e ,
.IQite vous êtes donc rouge, ma bonne,
amie !
M. du F r ê n e .
C’eft qué Mademoifeile à beaucoup-joué '
au tiers 'Si à i’anguilte; N’auriez - vous pas'
bcfoin de prendre quelque chofe avant le j
louper. Nous avons apporté de Paris d ex
Cellens firops de grofeiile •&: de vinaigre ; fi.
vous en defirez | j’irai vous en chercher. _
Mademoifeile "D u B o c a g e .
Vous êtes bien bon, Monfieuv, je vous]
Elis, infiniment obligée ; nous allons nous j
fépofer. Vous ne connoiffez pas nos petit ?
jeux qui nous occupent tous les loirs avant
fouper.
M. d u F r ê n e .
Quand on y met autant d’efpiitque je fuis ]
■ sûr que v ms en mettez, je penfe bien que i
îces jeux-là doivent e rc char ma ns. Eh bien ! j
:Mefdai»3S, nous voilà au rendez vçus des]
premiers ; nous vous attendons auprès de la
roue d’étourderie.
Madame d u R u i s s e a u . ,
Ceft donc pour mettre les gages î 0 *
Mademoifeile R O 3 E.
O u i , maman.
Madame d u F R ê-n e .
- L’invention eft fort bonne j mais il nous
manque quelqu’un.
Madame d e l a H a u t e -F u t a i e .
Il ne manque que M. de la Fotet, qui eft
allé dîner ici près chez1 un de Les amis ; mais
il ne tardera pas à revenir , car il eft prelque
r.uif- Où eft donc Mademoifeile du Rmflem.
Madame d u R u i s s e a u .
Elle eft dans ma chambre qui achevé de
défaire nos paquets , car vous favez bien,
Mefdames, que des femmes ne peuvent pas
voyager , ne fût ce que pour huit jours , ians
avoir des paquets.
L’Abbé d e s A g n e a u x . ..
A Oui : en arrivant, on paffe deux jours à
les défaire ; avant de; partir ton eft. encore
; deux jours à les refaire , & on n’a pas le tems
de s’ennuyer à la campagne.’
Madame DU FRÊN E.
Vous l’avez dit ; il ne faut pas vous dédire.
Madame -DU R u I s,s,E A U.
- Mais apprenez nous quelques jeux, vous
qui favez lï b en palier le tems à da campagne
, fans vous ennuyer.
M. d u F r ê n e . "
Et qui empêchez les aut es de s ennuyer»
L’Abbé d e s , AG.NEAUX.
M o itp o in t du tout -, Madame ; je nefais
pas plus de jeux que.les autres; chacun i«
y met du fien. Ceux qui favent des jeux les
Font jouer -.. nous jouiffons en commun de
nos connoiflances réciproques.
Madame DU RUISSEAU.
Savez-vous qu’on nous a beaucoup parle
de vous dans les lettres qu’on nous a écrites!
L’Abbé de s - A g n e a u x . :
Ces demoifcllîS font trop indulgentes.
Madame d u F r ê n e .
Qu’avez vous donc fait, Mefmoifelles , en
revenant de la pr.minade î J’ai entendu
beaucoup rir'e dans la cou-.
Madame D jç LA RIVIÈRE.
Le tems avoit l’air à l’orage , Sc nous
fommes revenues plutôt qua 1 ordinaire.
Mademafèlle R o s e .
Quand nous àVons vu que le tems fe fôù-
tenoit, nous n'avons pas voulu rentrer, &
nous avons joué , en plein air, à des .petits
jeux d’exercice,
Mademoifeile D E L A ; H aDTE-^U t ai e.
C ’eft nous qui avons mis tout le monde
en train, en commençait par joder aux quatre
coins..
Madame d e l a Ha u t e - F u t a i e .
Oui : l’abbé des Agneaux a dit : tout le
monde ne peut pas joueraux.qisatre coins ; ce
jeu n’occupe pas allez d’aâeurs , jouons au
tiers ; 8C nous avons joué au tiers.
Madame d u F r ê n e .
G’eft fort bien fait ; fi lp n’avois pas été
occupée , je vous aurois prié de memettrsaufti
de U partie ; je ne cours pas- bien- for t, mais
j’aurois: tenu ma placé comme une autre.
Mademoifeile DU G A l ON.
Eh! voilà M. de la Fôrêt! Qu’eft-ce qui
vous avoit donc vu .rentrer >
M. D e L a F O.R ST.
Ne faites pas attention à moi , s il vous
plaît; on parle du tiers; Sc comme je r.e
ie connois pas, j’attends qu’on en falie ia
defeription. .
Madame d e LÀ R i v i è r e .
Dites-nous fi vous avez fait un bon voyag ■ ,
Sc on vous.apprendra à jouer au tiers.
M. de l a F o r ê t .
Vous êtesbietrbomie , Madame. Mon ami
m’a beaucoup grondé de ne. lui avoir pas
amené quelques peifonn.es de. la compag ne.
C’eft votfè-faute, vous n’avez pas voulu
venir. ®
M. D k l a R i v i è r e ,
Ah ! je n’aurois pas voulu quitter vilainement
ces Dames qui font ârp yéês, h.et au
loir.
Madame, .q .if R u i s s e a u .
Pourquoi donc, ma'belle Dame; il re
; falloit pas vous gêner; par exemple, cette
. cérémonie-là eft déplacée.
M. D u F it È N lï.
Pour moi, je,ne m’en, plains pas du tout;
; je vous corneille , Madame , de faire tqu-
; jours de la cérémonie , quand il s’agira de
i nous quitter, à condition que vous n’en feiej
• pas quand on vous priera de chanter.
M. d e l a .iF o r è t .,
Ces complimens-là font fort b o K , mai?
ils ne m’apprennent pas à jouer au tiers.
M. d u F r ê n e ..
On fe place en rond , debout, par paquets
de deux, ce qui fait qu’en certains pays, on
appelle ce jeu , le jeu des paquets. Il y a
deux- joueurs en dehors qui courenc 1 un apres
l’autre; celui après qui le premier court, fe
place devant un autre paquet ; alors, celui
'du paquet qui fe trouve le troificme , coutt
fe placer devant un autre paquet., far,s fe
laiffer prendre; s’il, étoit pris, il feroit alors,
obligé de courir après le.premier, qui pour
lors fe pkcéroit.
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