
différentes, 8c fûts à-peu-près comme les
pions d'échecs.
L’on ne peut joue* que deux à ce jeu.
Le premier qui joue , pofe un de fes pions
fur tel'e café qui! veut-, 8c l’autre de même.
C ’eft un point efientiel- de tâcher de gagner
trois cafés de front, & d’empêcher fon ad-
verfe partie de les prendre.
Quand vous avez trois cafés , vous prenez
un des pions de votre adverfe partie, ceiui
qui vous paroît lui porter plus de préjudice,
St le plus près de prendre trois cafés.
Les pions ne peuvent aller qu’en droite
ligne , St ne .peuvent fauter par-deifus les
autres, que lorfque c/lui qui’ joue nen a plus
que trois.
Quand l’un des deux n’a plus que trois
ions, il a la liberté de fauter , c’e(Tà-dire,
e pofer un de fes pions où bon lui femble,
& toujours le plus a vântageuférirent qu’il lui
efl pofllble pour pouvoir Taire fes trois cafés
de front ; de façon qu’avec fes trois pions
il peut gagner fon adverfaire , quand bien
même il auroit encore fes neuf pions.
Quand on n’à plus que deux pidns on a
perdu la partie.
Ce jeu fe trouve rue des Arcis, au Singe
vert.
M A R I A G E . ijeu du)
Chacun de la compagnie nomme à une
demoilelle celui qu’il veut lui donner pour
mari , 8t parce que cela eft dit à l’oreille ,
elle déclare après, affurément, ceux qu’elle
rejette, 8c même en dit les caufes , comme
par exemple ; ce premier ejîdè trop grand lieu,
il me méprifcroit ; celui-là ne ni aimerait guère
lorjquil m auroit , parce qu’il ejl d'humeur
inconjlante ; cet autre né fe doit point marier,
doutant qu il eft fi fort adonné aux. affaires
qu’il ne jonge qu’à cela ; & je n aurais jamais
une bonne parole de lui ; cet autre aime mieux
les livres que tes femmes ; celui d'après efl trop
pâle pour fe bien porter, 8c ainfi des autres.
Et lo.fque celte fille a dit ceux qu’elle refufe,
elle nomme celui quelle accepte, & en dit le
{met, & puis on lui ordonne de le baîfer en
nom de mariage. L’on fe donne après la curiofité
de chercher qui font les autres , afin
qu’ils aient leur quolibet. Quelquefois elle les
-nomme, & l’on peut faire auili qu’un autre
qu’el e ayant recueilli les voix, lui dire lsu
lement. ; que dites-vous du Jerviteur qu un tel
vous a donné pour mari ? fans le nommer, ce
néanmoins fi si e le veut refufer , il faut
qu’elle, lui en dite le fujet à l’aventure. Or ,
parce que dans ces mariages-là , toutes les
filles de l’aflemblée trouvent parti l’une apres
l’autre , il n'y a plus rien à taire après pour les
hommes, & IV n ne doit plus, s’amufer à leur
faire chercher une femme.'SiTon veut une
autre fois qu.e le diverdffement dépende d’eux,
Tü.fque les filles n’en voudront point prendre
h.'peine , on leur nommera des femmes par
le même ordre que l’on donne des maris aux
filles, & ils rejetteront celles dont ils rie.voudront
pas , pour des raifons qui leur fem-
bleront les meilleures qu’ils fe pourront imaginer
, & qui néanmoins ne ,défob!igero,nt ;ns
Celtes qui feront préfentes, 8c: qui en pourront
avoir connoiifance. Ceux qui auront le génie
de la raillerie, en diront les plus plaifatrs
fujets , comme, fi l'on difoit : Celle là ejl trop
grande, elle me coûteroit tropà vêtir ; ou bien,
je craindrois que s’il y avoit querelle entre nous
deux , elle ne voulu ! paroître la plus, forte ; celle
d’après ejl fort bellemais ce n’ejl.pas la beauté
que je cherche , elle ejl de trop difficile garde ; fa
voifine fait , trop la favante, elle voudroit être
iamaîtrefe partout. Ainfi , on les rejette toutes
pour quelque fujet, 8c l’on dit que-celle que
l'on choifit pour femme, eft accomplie en
toute forte de bonnes qualités. On va donc
à elle , & i’on vous permet de l’embraîTer, 8c
votre mariage continue toute l’après-dînée ou
la foirée ; mais cela rie fe palïe guère, (ans
que les autres dames prennent occafion de
railler les hommes fur les prétextes qu’ils ont
pris pour ' ne point époafer quelques-unes
d’elles. Or, fi le r.omb.e des filles 8c des
femmes d'une compagnie eft moindre que
celui d.s hommes , puifque d’une façon'-.ou
d’autre, elles doivenr toutes avoir leur mari,
il faut que ce foit el es qui faifent le jeu , &
non point les hommes ; au contraire , l’on fera
accomplir cela aux hommes lorfqu’iis feront
en moindre nombre.
Ce jeu ci a plus de difeours que les autres
jeux ; mais il n’a. pourtant rien de fort difficile,
car l’on dit telle raifon que l’on veut
pour refufer les partis que i’on vous préfente.
M A R I A G E S . fjeu des )
L’on marie la pierre d’aimant avec le fer ,
le boeuf laie avec la moutarde , la pelle 8c 1:
fourgon , la poire & le fromage , le bouchon
8c la taverne , le manche &c la coignée, la
voix 8c le luth , un falot & une lanterne, la
nuit 8c lé jour, le Pont-Neuf 8c la Samaritaine
, la vertu8c l’honneur, & ainfi durefte,
où fon voit quelques tarions des mariages
entremêlés, lelquelles augmentent le diver-
tiffement. O r , réduifant cela en jeu , chacun
e'ft obligé de dire fon mariage, 8c fi l’on veut,
on obfervera de ne point mettre les noms
mafculins avec les mafeulins , ni les féminins
avec ceux de leur même genre , non-feulement
pour rendre le jeu plus mal-aifé ; ma:s
afin que les mariages lemblènt très - convenables.
On peut y ajouter la noblelle avec la
richeffe , l’eftropié avec l’aveugle, & le glorieux
avec le flatteur. La noblelle vient bien
avec la richeffe, parce que l’une fait éclater
l’autre : l’eftropié s’accorde bien avec l’aveugle
, puifque c’eft un mutuel fecours , fuivant
l'ancien emblème,d’autant quel aveugle porte
l'eftropié fur fon dos , 8c l’ellropié lui montre
le chemin : mais il faut préfupofer que comme
l’aveugle a de bonnes épaules , l'eùropié ait
de bons yeux : 8c pour la compagnie du
glorieux 8e du flatteur elle eft fort fortable,
à caufe que le glorieux fe plaira' aux flatteries,
&C le flatteur fera fort aife d’avoir trouvé un
homme qui l’écoute librement, & dont il
efpère de tirer du profit. On peut au contraire
fe figurer des chcfes qui ne s’accordent point
enf-mble, 8c les nommer par manière de jeu :
fur quoi l’on obligera aulli chacun à' dire la
raifon de la haine 8c difconveuance.
M A R S ; ( les délaffemtns des élèves de ,
ou nouveau jeu militaire pour apprendre les
principaux termes de la guerre.
Jeu inflruSif.
Ce jeu a été fait pour apprendre les. principaux
termes de la guerre. 11 eft compofé,
a l’imitation de celui de l’oie, afin de pio-
pofer une manière de jouer déjà connue de
tout le monde.
On joue avec deux dez ordinaires. On convient
de ce qu’on veut jouer, 8c l’on fixe le
nombre & le prix des jettons. Le non bre des
joueurs n’eft point limité. Chacun prend une
marque particulière pour marquer fon jeu.
En commençant, chaque joueur jette un
dé, 8c celui qui amène le plus haut point
joue le premier, ainfi des autres en Lavant
la droite.
Chacun joue donc à fon tour une fois feulement.
On compte les points qu’on amène,
chacun les marque fur le jeu avec fa marque
particulière. Celui qui fera rencontré par un
autre payera , 8c ira en la place de fon compagnon
, 8c celui qui arrivera préçilément à
la fin du jeu, chiffre 63 , gagnera la partie
8c le jeu ; 8c s’il fait des points de plus, il
retournera d’autant en arrière.
Il faut remarquer qu’on ne peut arrêter à
tous les couriers, 8c l’on comptera toujours
le nombre des points du dé que l’on aura
amené jufqu’à ce qu’on n’en trouve plus ,
foit en avançant, foit en reculant. D’autant
que les couriers font de neuf en neuf, en
multipliant le nombre, onarriveroit au chiffre
63 , qui eft la fin du jeu ; on a réglé pour
cet effet, que celui qui, du premier coup
amènera neuf, qui fe fait en deux manières,
favoir VI8CIII , ira ail camp volant, chiffre 16 ;
ou celui qui amènera V 8c IV , ira à l’affaut,
chiffre 53.
Mais pour un ordre plus exarft, on expofe
ici .les règles du jeu militaire dans les XIII
articles fuivans.
Règles du jeu.
Avant de commencer le jeu , il faut régler
le prix des jettons 8c de ce que l’on doit payer
aux rencontres 8c accidens qui le trouvent en
jouant.
i°. Qui amènera du premier coup , qui fe
fait en deux manières, 6 8c 3 , c a au camp
volant, chiffe 16.
i°. Qui fera rencontré payera un jetton,
8c prendra la place de fon camarade.
30. Qui ira à 7 où il y a un pont de bat-
teaux , ira à la fsntinelie, chiffre 13.