
ni P O U L E S .
57. .Refcifion, fommation, proteftation.
58. Requête civile.
59. Saille , vente , information.
60. Décret de prife de-corps.
61. La prifon.
' 6 1 . Intérêts civils.
6 3. VHôpital. *Il
P O U L E S . ( les jeux de )
Jeu de Société en dialogue.
Madame d e l a R i v i è r e .
Eh bien 1 l’abbé , l’orage eft-il paffé ;
L'Abbé P RI NT EM s.
Ça ne tardera pas. Il commence à tomber
quelques gouttes, 8c la pluie fit ordinairement
la fin de forage.
Mademoifelle R o se .
Mais l’abbé des Agneaux fera mouillé.
Pourquoi donc ne revient-il pas !
M. des J a r d i n s .
Il eft fur le petit belveder, au bout du
quinconce, au milieu des éclairs , a contempler
l’orage. Il prétend qu’on court moins
de danger en plein air. Il ne reviendra que
quand la pluie deviendra ferieule ; mais la
voilà qui augmente.
MademoifeËe DU B O C A 6 î .
Auffi le vois-je courir de toutes fes forces.
Mademoifelle du G a l o n .
En voilà pour toute la foirée 5 nous ne
pourrons pas fortir.
M. de l a R i v i èr e.
Il faut renoncer pour ce fait à la promenade.
Le Chevalier Z É P H 1 R.
C’eft dommage, car il eft encore de bien
bonne heure ; à peine fortons nous de table.
Eh bien ! M. i’obfervateur, qu’avez - vous
vu ! De quel côté l’orage eft-il tourné?
I.’Abbé des A g n e a u x .
Vous avez entendu ce grand coup de tonnerre
? Je'crois l’avoir vu .alors tomber fur le
coteau . entre la tour de Montge de Carnelin.
Madame DE LA H AUTE - F UT AIE.
A quoi allons-nous employer notre après-
midi ?
L’Abbé d e s ' Â g n e a u x .
Nous pourrions jouer quelques poules.
Mademoifelle DE LA H AUTE-F u t a I E.
Qu’eft ce que c’eft que des poules?
Madame de la Ha u t e -Futai e.
Comment, vous ne favez pas ça , ma fille ?
Vous en avez pourtant fait bien des fois. On
donne à chaque joueur un certain nombre de
jetions ; on eft obligé d’en payer à de certains
coups , fuivant les règles des différens jeux,
& le dernier qui a des. jettons gagne la poule,
c’eft-à-dire, 1 argent que chacun a mis au jeu
en commençant.
Mademoifelle de la Ha u t e -Fu t a i e .
Oh ! je m’en fouviens, c’eft comme le
chat qui dort.
L’Abbé dès Agneaux.
Précifément ; mais il y en a bien d’autres;
l’As qufcourt, la Peur , la Loterie , le Chnifi
Chnof-Chnorum, leT ro ttin , le Domino,
le Loto.
Mademoifelle DU Ga îON.
Je ne connois pas la poule au loto.
L’Abbé des A g n e a u x .
On ne pourroit pas y jouer avec des livrets,
ni avec les cartons du Loto Dauphin. 11 faut
de ces anciens cartons à 15 numéros *, a mefure
qu’on tire les boules, ceux qui ont les^ nu-
1 meros,
méros les couvreur avec des jettons ; 5c celui
oui a rempli le premier fes quinze numéros;
gagne la poule. Il peut arriyer qu’un mini:
numéro faffe finir deux joueurs; alors, on
partage la poule.
M. d i s J a r d i n s ,
Pour mo i, je ne puis.pas foufïrir le loto;
Mademoife'le DU G a î ON.
Et vous le jouez tous les foirs à Paris ?
M. d e s . J a r d i n s .
Oui ; j’ai une vieille tante qui ne connoîi
pas dautres jeux. Elle joueroit au loto depuis
le matin jusqu’au foir. Pour mo i, j’y joué
par eomplailance ; ça m’a donné une répu-:
gnance pour iajoterie : !ès numéros me fortent
par les yeux. Quand' par ma heur je paffe
devant un bureau de loterie, Sc que je vois
les cinq numéros fortis.de !a roue de mifère,
je fuis prêt à me trouver mal.
L’Abbé P r i Nt é m s .
Vous êtes bien différent de la plupart des
Joueurs.de loto,; car'es, malheureux jeu ne
■ leur a infpiré que, trop de goût pour ia
.loterie.
M. d e s J a r d i n sa<
Mais je voudrois qu’on m’expliquât pourquoi
tout le monde joue au lo to , 8c que
prefque tout le monde le dételle, excepté
ceux qui ne peuvent pas jouer d’autres jeux.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Ah ! je vais vous dire le pourquoi. J’ai fait
depuis lcng-tems une comparaifon que je crois
jufte. Ii en eft du loto , en fait de jeux , comme
des buvrages de littérature, en fait de livres ;
je m’explique qu’on falfe un livre fur la
chimie, fur l’aflronomiê, fur la peinture, la
fculpture, 8cc. Il n’y aura quelesconnoiffeurs,
les amateurs 8c les artiftes qui le liront, qui
en décideront, qui le critiqueront. Que l ’on
joue au reverfi, au w isk , au treffet, au piquet
, Sec. Il n’y aura que ceux qui con-
"noiflent ces jeux qui y joueront, ou qui
les regarderont jouer, pour décider des Coups I
Jeux familiers.
bien oïl mal joués. Si on fait un ouvra?« de
littérature, comme on croit qu’il ne faut que
de i’efprit pôurc-n juger,tout le monde voudra
être juge ,, parce que roui le monde a des prétentions
à J’efprit, & tout le monde jugera
impitoyablement bien où mal le malheu eux
auteur qui aura joué à l’efpric. Par une raifun
qui me paroi: fernb'able , tout le morde joue
au lo to , parce qu’il ne faut à ce jeu que du
bonheur, 8c que tout le monde a des prétentions
au bonheur.Tout lemonde joue au loto,
les uns perdent, les autres gagnent, parce
que les uns ont du bonheur, & que le; autres
n’en ont pas : 8c tout le monde juge des ouvrages
de littérature , les. uns bien , les autres
ma!, parce que Iss uns ont de l’efj.rit, 8c que
les autres n'en ont pps.
Madame d e l a R i v i è r e .
Je n’aime pas qu’on.faffe le procès au
loto ; il eft d’une grande reffource ; il réunit
beaucoup de- monde ; il eft à la portée
de tous les joueurs ; il n’.eft pas, d ailleurs ,
fins intérêt ; il ne demande pas de contention
d’efprit, 8c on eft bien aife de le jouer quand
on s’ennuie des autres jeux.
L’Abbé d e s A g n e a u ^
Er on lit quelquefois de petits ouV’ages de
littérature pour fj défennuyer.
Madame de l a R i v i È r.e . r
Très-fouvent, on s’ennuie en les 1 fuit.
L ’Abbé d e s A g n e a u x .
Très^fouvent, on s’ennuie suffi en jouant
au loto. Au refte , Madame , ce n’eft pas que
je haïife le loto , car je trouve que tous les
jeux ont leur mérite , comme je l’ai déjà dit.
On peut cependant réunir auffi beaucoup de
monde au chat qui-dort, au trottin , 8c à tous
ces jeux que je vous ai indiqués, Sc dont je
vous apprendrai les règles, fi vous ne les-cofi-
noiffez pas. Ce qui fait qùe le loto durera
plus long-rems que les autres , c’eft qu’on s’en
fouvient quand on voit les cartons de èè jeu,
au lieu que les autres jeux s’échappent de la
mémoire, 8c on ignore non-feulement leurs
règles, mais encore même leurs noms. Je
voudrois donc, dans un fillon de jeu, avoir
P