
$8 D E V I S E S .
Madernoifelle ROS'È.
Je place mon précieux bouquet d’immortelles
dans un vafe de porphite.
Le Chevalier Z é ï h i r .
Je place ma rofe en bouton dans une talfe
de porcelaine.
L’Abbé P r i n t i m s .
Je mets mon grotefque bouquet de piuen-
lits dans un vreùx pol-de-chatnbre fêlé.
Madame DE LA H a u t e - F u t a i e .
Oh | fi donc. Je mets mon pavot orné de
I o n .ruban ponceau brodé" en paillettes dor
'dans ûn vafe de bois bien-verniffé.
M. . d e l a F o r ê t .
Je mets mon bouquet de houx dans un
Vi.lè de fer.
M. d e s J a r d i n s .
Je place mes trois rôles" dans un Vafe de
fayer.ce.
Madernoifelle d *u R u i s s e a u .
C ’eft allez pour mon bouquet de li.jgnot
d’un vafe de terre.
L’Abbé ' D K s A G N EAUX.
Comme ma grofle rofe à oént;fîuil!es cache
dans mon jardin beaucoup d’autres petites
fleurs de .prix , je .a relègue ddns fun coin,
ôc je la meis dans un.tonneau défoncé.
Madernoifelle R-0 S E. ■
Il "y a quelque méchanceté ià-delfous.
Madame *d e l a R i v i è r e ..
M<s foucis air.fi fiés & ainfi placés, je grave
fur mon vaTé’dè marbré noir "ces deux vers :
Gnia du -plu'fir avec l'amour ,
Mais aujfi la peine a fon tour.
D E V I S E S .
Madernoifelle DU G à ION.
Sur le (impie vafe où j’ai mis nies (impies
violettes ., je grave ces vers :
Un. bouquet quuniroit un brin a herbe 3
Donné par toi 3 jlatteroit plus mon coeur.
Madernoifelle R o s e .
Mes immortelles liées dVn cordon de foie
verte j fymbole de la force & de l’efpéiance,
placées dans un vafe de [ orphite, le t lus dur
des ma> b res, je grave deflus ce vers ï
Mais hélas ! il n efi point d*étemelles amours J
Le Chevalier Z É P HI R.
Sur la tafle de porcelaine où eft mon précieux
bouton de rofe, j’attache cette dey île :
Date-toi dé t*épanouir.
Madernoifelle R o s e .
Vous êtes donc bien preffé , Chevalier.
Madame d e l a H a u t e - F u t a i e .
Vous avez plus befoin d’un hochet que
d un bouquet. .
Le Chevalier ZÉPHIR.
Nous déciderons cela , s’il vous plaie,
Madame , dans un autre moment.
L’Àbbé P R I N T E M S.
Mes piffenlits liés d’un vieux bout de ficelle
, & placés dans un vieux pot-de-chambre
fêlé , je grave deflus c'es mots :
Nous lie fonïmes pas l'eus faits pour plaire.
Madame d e l à H au t e F u t A i e.
J ’ai placé mon magnifique pavot décoré
d’un noeud de ruban .ponceau brodé en,paillettes
d’or dans un vafe de bois bien verntiifj
& je grave deflus ces deux vers :
Point d'odeur 3 mais beaucoup d'éclat 3
N'efi-ce pas le 'portrait d'un fat i
D E V I S E S .
M, de la Forêt.
Je grave fur le vafe de fer où eft mon
bouquet de houx lié d’une chaîne d’acier ,
ces mots :
Nul ne s'y frotte.
M. d e s J a r d i n s .
Sur le vafe de fayence cù j’ai mis mes
trois rofes liées d'un ruban blanc , je grave
ce vers :
Ces trois rofes font foeurs , & les Grâces aujfi.
M. d e l a F o r ê t .
On recônnoît bien là le galant M. des
Jardins. En un vers, il a peint l’aimable
demoifeile du Ruifleau '& fes charmantes
foeurs. Allons, voyons votre devife , Made-
moifelle.
Madernoifelle d u R u i s s e a u .
Sur le vafe de terre où eft mon bouquet de
lignot, je grave ces mots :
Cadédis ! fi je ne fuis pas bien dans mon vafe ,
je ramperai jufquà un autre vafe plus précieux.
L’Abbé P R I N T E M S.
On reconnoît bien là le gafeon.
L ’Abbé d e s A g n e a u x .
Ma groffè rofe à cent feuilles , attachée avec
une hart d’ofier, eft dans fon tonneau, j’attache
delfus un grand écriteau portant ces
mots :
« Mes couleurs font plus que vives , car elles font
dures. Je tiens bien de la.plate , mais on ne daigne
pas me regarder. IPneft point de berger ajfeç hardi
pour ôfer me cueillir & m'offrir à fa bergéte \j‘écra
ferois fon fem. »»
Madame de LA R i v i è r e .
Vous êtes méchant, l’Abbé, avec votre
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grolTe rofe à.cent feuilles. On voit bien que
vous voulez faire allufion a cette grofle \ a-
dame Dubois, que nous appel ions entre nous a
princeffs Citrouilion.
L’Abbé des Agneaux.
Je ne dis pas mon fecret.
Madernoifelle DU G Aï O N.
C ’eft le fecret de la comédie.
Madame de la Haute-Futaie.
Il eft vrai que Madame Dubois eft infup-
portable. Je ne puis pas fouffrit d’être à table
à côté d’elle; eUe m’écrafe.
L’Abbé Printems.
Elle * bien raifon de ne pas aim ’r la cam-.
pagne, car elle y fait une bien trifte figure.
Elle ne fauroit fe promener ; elle ne peut que
jouer ; & on ne vient pas à la campagne pour
tenir, toujours des cartes. C ’eft bien à la ville,
dans l’h iver, ou par la pluie.
Madame d e l a R i v i è r e .
Eft-ce que M. de la Rivière n’eft pas encore
revenu de la promenade?
Madernoifelle R o s e .
Il y a long-rems^, Madame, je l’ai vu dans
le falion ; il joue aux dames avec Mademoi-
felle du Bocage. Madernoifelle de la Haute-
Futaie qui a bonne envie d’apprendre, les
regarde jouer.
Madame de la Haute-F ut aie.
Elle eft à une bonne école.
L’Abbé d e s A g n e a u x ,
Mais on fon.ne , allons fouper ?
{Extrait des Soirées amufantes.)
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