
même que les nôtres. Ils avoient par con-
féquent fix faces, comme l’épigrammexVII
du livre xtv de Martial le prouve :
Hic mikïbU fcno numeratur ttjfcrapunflo.
Ce qui s’entend des deux dez avec lefquels
on jouoit quelquefois. Le jeu le plus ordinaire
des anciens 'étoit à trois dez , fui
ivant le proverbe :
Trois f i x , ou trois as , tout ou rien,.
f l y avoit diverfes manières de jouer
aux dez qui étoient en ufage parmi les an-
eiens. Il fuffira d’indiquer ici les deux prin-
.cipales.
i°. La première manière de jouer aux
dez , & qui fut toujours à la mode, étoit
la rafle, que nous avons adoptée. Celui
qui amenoit le plus de points avec les dez
emportoit ce qu’ il y avoit fur le jeu. Le
-plus beau coup étoit., comme parmi nous,
rafle de fix- On le nommoit Vénus, qui
défignoit, dans les jeux de hafard , le coup
le plus favorable. Les Grecs avoient donné
les premiers les noms des dieux, des
héros , des hommes illuftres, & même des
courtifannes fameufes , à tous les coups
differens des dez. Le plus mauvais coup
.étoit trois as. C ’eil fur cela qu’Lpicharme
a dit que dans le mariage comme dans le
jeu de dez on amène quelquefois trois fix
& quelquefois ou trois as.
.Outre ce qu’il y avoit fur le jeu, les
perdanspayoient encore pour chaque coup
malheureux; ce n était pas un moyen qu’ils
•euifint imaginé pour doubler le jeuj .c’é-
toit une fuite de leurs principes fiir les
gens malheureux, qu’i/r méritaient des
peines par fêla même qu'ils étoient malheureux,
Au relie | comme les dez ont fix faces,
cela faifoit, pour les trois dez , cinquante-
•fix combinaifons de coups, favoir ; fix
rafles, trente coups où il y a deux dez
femblables, & vingt où les trois dez font
dillérens.
2°. La fécondé manière de jouer aux
dez, généralement pratiquée chez les Grecs
& les Romains, étoit celle-ci ; Celui qui
tenoit les dez nommoit avant que de jouet
le coup qu’il fouhaitoit ; quand il l’ame-
n oit, il gagnoit le jeu ; ou bien, il laif-
foit le choix à fon adverfaire de nommer
c e coup ; & fi pour lors il arrivoit, il fu-
biflbit la loi à laquelle il s’étoit fournis.
C ’eft de cette fécondé manière de joüer
aux dez que parle Ovide dans fon An
d'aimer, quand il dit :
Et modo très jaBes numéros j modb cogitet apte t
Quam fubeat partem callida } quamque vocet.
Comme le jeu s’accrut à Rome avec la
décadence de ia république , celui de deç
prit d’autant plus de faveur, que les empereurs
en donnèrent l’exemple. Quand
les Romains virent Néron rifquer jufqu’à
quatre mille feflerces dans un coup de dez,
ils mirent bientôt une partie de leurs biens
à la merci des dez. Les hommes, en général,
goûtent volontiers tous les jeux où
les coups font décififs, où chaque évènement
fait perdre ou gagner quelque chofe :
de plus , ces fortes de jeux remuent l’ame
fans exiger une attention férieufe dont nous
foraines rarement capables; enfin , on s’y
jette par un motif d’avarice, dans l’efp.é-
rance d’augmenter promptement fa fortune
; & les hommes enrichis par ce moyen
font rares dans le monde, mais les pallions
ne raifonnent , ni ne calculent jamais.
Les joueurs qui fondent leur efpérance
ou leur fortune fur les chances du dez,
doivent, avant de s’y livrer , en calculer
en quelque forte les hafards. C ’est ce qu’ils
pourront reconnoître dans cette
ANALY-SE DES HASARDS OU DES NOMBRES
PRODUITS PAR DEUX DEZ.
Il eft vifible qu’avec deux dez pn peut
amener trente-fix coups differens ; car
chacune des fix faces d’un dez peut fe
combiner fix fois avec chacune des fix faces
de ,1’autre. De même avec trois dez on
peut amener 36 x 6 , ou deux cents feize
coups differens ; car chacune des trente-fix
combinaifons des deux dez peut fe combiner
fix fois avec les fix faces du troi-
fième dez. Donc, en général, avec un
nombre de dez = n , le nombre des coups
poflîbles eft 6 “.
Donc il y a trente-cinq contre un à
parier qu’on ne fera pas rafle de 1 , de 1,.
de 3 , de 4 , de y , de 6 , avec deux dez.
( voyez Rafle de deç. )
Mais on trouveroit qu’il y a deux manières
de faire 3 ; trois, de faire 4 ; quatre ,
de faire y ; c inq, de faire 6 ; fix , de
faire7 ; cinq, défaire8; quatre, de faire9;
trois, de faire 10; deux, de faire n ; une,
de faire 12. Ce qui eft évident par la table
fuivante, qui exprime les trente-fix combinaifons.
TABES.
2 3 4 S 6 T
3 4 y 6 7
4 S 6 7 8 9*
% 6 7 8 9 lOé
6 7 8 9 10 11*
7 8 9 10 n 12..
Dans la première colonne verticale de
: cette table, je lùppofe, dit d’Alembert ,
[qu’un des dez tombe fucceffivement fur
toutes fes faces, l’autre dez amenant tou-
[ jours tfs dans la fécondé colonne, que l’un
des dez amène toujours 1 , l’autre amenant
fes fix faces , &c. Les nombres pareils fe
trouvent fur la même diagonale. Or , on
voit que 7 eft le nombre qu’il eft le plus
avantageux de parier qu’on amènera avec
deux dez., & que 2 & 12 font les nombres
qui donnent-le moins d’avantage..
Si l’on forme ainfi la table des eombi-
naifons pour trois dez , on aura fix tables
de trente-fix nombres chacune ; & l’on
trouvera par le réfultat de ces combinai-
Ibns que 1 & 11 font les deux nombres
qu’il eft le plus avantageux de parier qu’on
amènera avec trois dez ; il y a à parier vingt-
fept fur deux cents feize , c’eft-à-dire un
contre huit qu’on les amènera ; enfuite'
c’eft p ou 12; enfuite c’eft 8 ou 13.
C’ eft par une méthode femblable que
l’on peut déterminer quelsfont les nombres
qu’il y a le plus à parier qu’on amènera
avec'un nombre donné de de^.
Voyez l’article d e z dans le Dictionnaire
des Mathématiques.
On voit combien il eft eflentiel de corr--
noître la combinaifon des nombres des dez
pour éviter d’accepter des parties défavan-
tageufes ; ce qui' n’arrive que trop fréquemment
à ceux qui ne font pas réflexion
que le hafard eft en quelque forte fournis
au calcul.
Deux dez, comme on vient de l’ob-
ferver, étant pris enfemble forment vingt-un
nombres , & confédérés féparément peuvent
donner trente-fix combinaifons digèrent
es.
Des vingt-un coups qu’on peut amener
avec deux dez , il y en a d’abord fix qui
font les rafles, qui ne peuvent arriver que
d’une façon, tels font les 2 fix, les 2 cinq,
les 2 trois, les 2 quatre les 2 deux , les-
2 as...
Les quinze autres coups, air contraire
ont chacun deux combinaifons; cc qui
provient de ce qu’il n’y a qu’une face fur
chacun des deux dez qui puifle amener
3 & 3 , & qu’il y en a deux fur chacun
de ces mêmes dez pour amener J & 4 ,
favoir; y fur le premier dez , & 4 fur le
fécond, ou 4 fur le premier , & y. fur le
fécond. Tous ces hafards étant au nombre
de trente-fix , il y a dès-lors, à jeu égal ,,
un contre trente-cinq à parier qu’on amènera
une rafle déterminée & un contre'
cinq .qu’on amènera une rafle quelconque.-
Oh peut auffi, à jeu égal, parier un contre
dix-fept qu’on- amènera ,. par exemple ,,