
B
J'AIME MON AMANT PAR B-
3 ’AIME MON AMA N T P AR B.
Jeu de Société en dialogue.
Madame dk la Hadte-Futaie.
Ç)u’avez-vous fait à votre partie de quilles,
*et après- midi ;
Le Chevalier Z i îH l B ,
Nous avons gagné trois parties, & nos
adverfaires une.
Mademoifelle de la Haute-Futaie.
J ’ai abattu deux fois de fuite l'a quille du
milieu toutfe feule. Savez-vous , maman, que
ça fait dix-huit points î
Le Chevalier Z é p h i k ,
Ça avance bien la partie, au moins,
M, des Jardins.
Oui : mais, vous qui parlez, vous avez fait
deux fois chou-blanc. Vous regardez toujours
cçs demoifelles & jamais votre jeu.
L’Abbé des Agneaux,
Demain , nous ferons jouer au chevalier le
feu de quilles, les yeux bandés.
Mademoifelle R O S E.
Il y jouera peut-être bien ; il n’aura pas de
diftraâions.
Mademoifelle du Bocage.
Comment^ joue.-t-on ?
I.’Abbé des Agneaux.
On met les neuf quilles fur une même ligne;
on bande les yeux au joueur ; on le place à une
certaine diliance convenue ; on le fait tourner
trois fois fur lui même , & on le met en face
des quil/es. Alors, il jette une boule ou un
bâton dans les quilles. Vous fentez bien que
pour peu qu’il fe dérange , il envoie la boule
bien loin des quilles , c’eft ce qui amufe beaucoup
les fpeélateurs , qui fe font rire l’un après
l’autre. On fixe également la partie en un certain
nombre fie points,
Madame de la Haute-Futaie.
Aïïons-nous jouer ? Jouons à faime mon,
amant gar B ; ma filie ne s’y trompera pas
comme à ardi.
L’Abbé Printems.
Si vous le permettez, je vais commencer.
J ’aime mon amante par B , parce quelle eft
borgne,bolfue, bancale, boiteufe, bégueule,
bizarre....
Mademoifelle du G a z o n .
Mais vous en dites trop; il ne nous reliera
plus rien,
M, de la Rivière.
Celle-là eft bien marquée au B ; elle doit
avoir de l’elprit.
L’Abbé Printems.
Point dutout telle eft bête& n’eft pas bonne,
Madame DE la H au te-Fut a i e.
L’abbé a bon goût ; c’eft toujours fans
doute t
doute , la même qui étoit dernièrement acariâtre.
En vérité, l’abbé vous ne devez pas
craindre de rivaux.
Madame d e l a R i v i è r e .
Bon ! c’eft une rufe. Vous ne voyez pas que
l’abbé le plaît à dis e des contre-vérités! A
propos, il faudra jouer demain au jeu des
vérités & des contre-vérités.
Mademoifelle R o s e .
Comment joue-t-on donc ce jeu-là, Madame
î
Madame d e l a R i v i è r e .
On vous dira, par exemple, Mademoifelle,
vous êtes charmants ; voilà une vérité ; Se le
petit chevalier ne peut pas vous.fOuiTrir.
Le Chevalier Z é p h i e .
Voilà une contre-vérité.
Mademoifelle DU R u i s s e a u .
Vous rougillez, mafeur.
L’Abbé P r i n t e m s .
Voilà une vérité.
Ma lemoifelle du B o c a g e .
'Oeft une preuve qüe vous êtes bien pér
fuadée que le chevalier, vous dételle.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Voilà une bonne Contre-vérité. Mais nous
abandonnons notre jeu. Allons , l’abbé' , où
envo:e-tu ta. maîtreiîè borgne Se boiteufe ? II
ne fait pas l envoyers loin ; elle feroic trop
fatiguée.
L’Abbé P r i n t e m s .
Je l’envoie , dans un bateau , à Bailla ; je la
nourris de betteraves; je lui fais préfent d’un
bon bâton & d’un bouquet de fleurs de bois-
puant.
Madame d e l a R i v i è r e .
J'aime mon amant par B , parce qu’il eft
/eux familiers.
bienfailant; je le nourris de brochet; je l ’envole
à Beaune, pour y boire du bon vin ; je
lui donne des boudes de diamant, & je lui fais
un bouquet de bois-joli.
Mademoifelle R o s e .
J ’aime mon amant par B , parce qu’il eft
blond. '
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Ah! chevalier, voilà une contre-vérité.
Mademoifelle R os e .
Je le nourris de bec-figues ; je l’envoie à
Bapaume ; je lui fais préfent d’un ballon, & je
lui compofe un bouquet de balfamines.
Le Chevalier Z É p H I R.
J ’aime mon amante par B , parce quelle eft
brune
Mademoifelle d u R u i s s e a u .’
Vous ptofirez des leçons qu’on vous donne:
vous faites auffi des cor.t.e-vérités.
Le Chevalier Z É p H 1 R.
Je la nourris de bécaffes; je l’envoie à Ber-
game; je-lûi fais préfent d’une bonbonnière Sc
d un bouquet debe les-de-nuit.
Madame de l a H a u t e - F u t a i e .
J ’aime mon amant par B , pa'ce qu’il eft
bon ; je le nourris de bartavelles ; je l’envoie à
Beauvais; je lui fais préfent de boutons.de
manche de diamant, & d’un bouquet de belles-
de-jour.
Mademoifelle d ù R u i s s e a u .
J ’aime mon amant par B, parce qu’il eft
bouffon , je le nourris de bifcuirs ; je l’envoie à
Bordeaux;, je lui donne une bouteille & un
bouquet de b’uets.
(1 ) L’auçeur fuppofe que M. le chevalier Zéphiï
eft brun , & Madeutoiftlle Rofe blonde.
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