
Jardins l’alto , & M. de la Rivière la baffe.
Mademoit'etle Rofe & M. le chevalier Zéphir
■ chanteront un duo fur l’air Vous Jouvitnt-il
de cette fête. L’abbé des Agneaux , auteur des
paroles de ce duo , fera l’accompagnement
avec fa guitare. Enfuite , il chantera feui plufieurs
ariettes de fa com, ofition : en s’accompagnant
également de la guitare. Le chevalier
Zéphir exécutera quelques airs ; entr autres ,
un menuet de fa compofition. Madame de la
Rivière chantera plufieurs morceaux des plus
nouveaux opéras , en s’accompagnant de fa
harpe. Avant le concert, Mademoifelle de la
Haute Futaie , touchera un peu du claveflm.
Elle réclame toute l'indulgence des auditeurs,
attendu quelle eft peu familiarifée avec cet
infiniment. Le concert finira par un quatuor
fui l’air : Où peut-on être mieux qu’au, fein de
Ja famille ? Tous les inllrumens accompagneront
ce quatuor, dont les paroles font de la
compofition de M. l’abbé des. Agneaux , &
forment un rcraercîment pour l’auditoire.
Madame de la H a d t e -F u t a i e .
Je préfume que ce concert fera fort joli.
C’ell très-bien d’employer ainfi fon tems.
; L ’Abbé P e i n t e ms.
Savez-vous , Madame , qu’il y a long-tems.
que nous nous exerçons ; nous avons déjà
fait plufieurs répétitions.
Mademoifelle d u R u i s s e a u .
Je vous plains, vous êtes bien fatigués.
L’Abbé P r i n t e m s .
* Nous avons fait de la mufique hier, &
encore ce matin. Nous comptions aller promener
, pour nous délaffer, & ne voila-t- il
pas qu’il brouillaffe 2
Mademoifelle R O s E.
C’ell défolant. Cette pluie-là empêchera
peut-être bien des auditeurs de venir.
Le Chevalier Z é p h i r .
Oh ! ce ne fera rien ; le tems s’élèvera vers
midi. Mais qu’eft ce qui nous empêche de
Q U E S T I O N S."
jouer à quelques petits jeux, en attendant le
beau.' tems. ■ ,
Mademoifelle du G a z o n .
Apprenez - nous quelques jeux où nous
n’ayons rien à faire. J’ai apporté mon ouvrage
, & j,e voudiois travailler tout en jouant.
L’Abbé d es A g n e a u x .
Je vais vous apprendre le jeu des dou^e
queftions ; il ne vous empêchera pas de tra ■
vailler, & il vous amuferar Je vais fortir un
inftants; vous choifirez un mot, & il faudra
en rentrant, que je le devine avant de vous
avoir fait douze queilions. Cherchez un mot;
je lors ; Si en jouant, je vous expliquerai le
jeu.
Madame de l a H a u t e - F u t a i e .
Ma fille , allez me chercher mon ouvrage.
L’Abbé P r i n t e m s .
Non, Mademoifelle , reliez , j’y vai>. Un
lac vert bordé en rofe, n’eft-ce pas , Madame S
Madime de la H au te - F u ta IE.
Oui ; il eft dans le fallon , fur le fauteuil
qui eft à gauche de la cheminée.
Mademoifelle DU GaxoN.
Mefdames, quel.mot choififfez-vous.
Madame de la R i v i è r e .
Un chat.
Mademoifelle du G a z o n .
Soit. Appeliez l’abbé. L’abbé ? L’abbe 2
M. des J ardins .
Le voilà qui vient.
Mademoifelle de la Haute-Futaie.
Je ne conçois pas comment il pourra le
deviner.
L’Abbé P r i n t e m s .
Madame, voilà votre, ouvrage. Mademoifelle,
pour la peine , dites-moi le mot quon
a choifil.
Madame de l a H a u t e -Fut a ie .
Non, ma fille , l’abbé des Agneaux l’en-
tendroit.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
On demande d’abord de quel règne eft la
chufe perffée ou le mot choifi. O r, vous favez
q ue tout ce qui exi lie eft claffé en trois règnes ;
le règne a limai , lé règne végétal & le règne
minéral. Le règne animal comprend tout ce
qui a vie & mouvement, îe même tout ce
qui provient d’un être animé. La peau de mon
foulier eft du règne animal ; la laine , la loie
font auffi de ce règne , parce que c’eft le produit
d’êtres animés. Le règne végétal com- ■
prend tout ce qui a la vie fans mouvenlent ;
& la règne minéral comprend ce qui n a ni
vie ni mouvement, & que la nature a formé
dans le fein de la terre , comme les métaux &
les pierres. Or donc, je vous demanderai ,
i°. de quel règne eft l’objet que vous avez
penfé 2
Madame de l a R i v i è r e .
Du règne animal. ,
i°. Eft-il du règne animal purement, ou
eft-il compofé de qüelqu’autre règne 2
Mademoifelle du G a x on .
Non , du règne animal pur.
L’Abbé de s A g n e a u x .
Dans le fond, cette fécondé queftion ne
doit pas compter , parce qu’en répondant de
quel règne , on doit dire fi c’eft compofé où
non. Je m’explique ; mpn foulier , par exemple
, eft de deux règnes ; la peau eft du règne
animal, ' le fil qui le coud eft du règne v’é-'
gétal, & s’il avott des dous comme les fou-
liers de certains payfans , il feroit encore du-
règne minéral. Une allumette eft de deux-
règnes ; le foufte eft du règne minéral, Sc le
bois du règne végétal. Ainfi , l’objet que
vous avez penfé elt purement & fimplement
du règnebanimal, i u. Eftil animé, ou inanimé
2
Mademoifelle du R u i s s e a u ,
Il eft animé.
L’Abbé des A g n e a u x .
C’eft donc un animal vivant 2 j*. Eft ce
un animal domeftique ou fauvage?
Mademoifelle R O â e.
Sauvage.
Mademoifelle DU G a z on.
Non, ma foeur, c’eft un animal domef-
tique.
L’Abbé des A g n e a u x .
Cette feule circonflance-là me fait voir que
c’eft un chat, parce qu’il eft le plus fauvage
de tous les animaux domeftiques.
Mademoifelle R o s e .
Oui.
L’Abbé des A g n e a u x .
Ainfi, vous voyez que j’ai devine apres
trois queftions.
L’Abbé P r i n t e m s .
«
J’en veux deviner une auftï. Je fors, Mefdames
, choififlez un mot.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Il faut lui en donner un difficile; prenons
le met parafai. Il ne le devinera pas en trois
■ queftions.
M. des J ardins.
1 II y a beaucoup d’art à ne pas faire des
queftions trop vagues. Appeliez donc l’Abbé.
‘ M. D E L A F O R Ê T.
Je vais Te chercher; mais le' voilà. Ah!
. vous aürez dé la peine. Voyons un peu comment
vous vous en tirerez.
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