
6 A M O U R.
débande & çiet les autres en leur lieu II faut
croire que par les bandés l’on veut repréfenter
i aveuglement des amoureux, & ie trouble des
pallions &c afFetftions diverfes , qui font excitées
par celle de l’amour, qui eft ordinaire
ment la maîtrefle des autres & la plus abfoiue.'
A_">rès que l’on eft 'as de ce jeu , l’on propofe
des queftions à ceux qui veulent retirer leurs
gages, & s’ils n’y répondent pas bien, il faut
croire que l’on leur che-che encore quelque
autre punition» Les queftions font toutes celles
que l’on peut faire fur le fujet de l’amour,
lefquelles font communes à ceux qui ont étudié
la morale, & qui font inftruits dans la ;
pratique du monde.
AM O U R . ( jeu de la chajfe d'I
L’on peut jouer à la ckajfe de Vamour, en
difant : nous avons perdu îamour ; ce méchant
petit garçon nous avoit été donné en garde par fa
mère', & nous ne nous étions pas apperçus que
celui qui étoit fi petit, qu’à peine pouvions nous
croire qu il f avoit marchér tout feul, étoit pourvu
de bonnes ailes pour s envoler quand il lui plai-
roit. Où pourra-t-il être caché? Quelqu’un reprend
\ il efi volé dans les yeux de Cornelie la
favante , ou d Helene la ruine de Troye ,• & alors
chacun crie : A îamour. à Vamour. L’un ap-
pe le des chiens , l'autre réclame des oifeaux
comme en une chaffe : car en effet ce méchant
petit Cupidon peut bien être mis au rang des
hôtes de l’air, ayant des ailes telles qu’on les
lui donne. Si la dams à qui l’on s’adielle, veut
s’exemoter promptement de tant d’attaques, il
faut qu’elle en nomme une autre dans le fein
de laquelle l'amour fe foit retiré, & puis î’on
la fuivia encore , non-feulement avec les paroles
| niais par la courfe. Que fi elles veulent
que l’ons’adreffe à des Hommes,il faut qu’ef es
difent que l’Amour eft volé dans leur coeur ,
nommant les uns ou les autres par les noms
qu’on a inventés, & comme piufie irs tant d’un
fexe que de î’autre manqueront de mémoire
pour retenir ces noms divers, ils feront quantité
de fautes, ce qui fera caufe qu’ils donneront
des gages, lefquels on ne leur rendra
point qu’en s’acquittant de quelque charge
qu’on leur donnera. La plupart de ces jeux
oue je vous ai décrits ont du rapport les uns
aux autres pour la manière de Yen fervir,
AS QUI COURT»
néanmoins les paroles & les a&ions étant di-
vèrfes , les rendent d’autant plus agréables.
A N G U I L L E . ( jeu de t )
Voyei à l’article Métamorphoses.
A N IM A U X . (jeu des)
De tous tems l’on a joué aux animaux dont
chacun contrefait le cii ; mais ce n’eft là autre
chofe que hurler , hennir *, mugir , bêler ,
fiffler, & faire autres cris femblables qui ne
font pas aufti agréables que la diverfîté des
paroles.
A R B A L E T E . ( jeu de V )
Le carton qui fert au jeu dé l’arbaiête repréfente
neuf cercles , tracés en noir, 1 , 2 ,
3 , 4 , 5 , 6 , 7 , 8 , 9 . Le 9 eft au centre, ôc
celui qui l’atteint a néceffairenient gagné. On
a l'avantageTur le? autres joueurs, félon que
l’on adrefîê dans les cercles qui approchent le
plus du 9 ou du centre.
ARCHIMIMES ; c’étoit chez les Grecs &
furtout chez ies R orna* ns des gens qui avoient
l’art de contrefaire les manières , le? geftes,
la parole, & les attitudes des perfonne? *, en
forte qu’ils rappelioient la figure exacte d’une
perfonne morte ou vivante.
ARMAOUTE ; jeu des Grecs modernes.
L’armaoute eft menacé par un homme qui
tient un fouet & un bâton à la main, qui
s’agite, & court rapidement de l’un à l’autre
bout, frappant du pied & faifant claquer fon
follet j l’armaouté , au contraire , tient les
mains entrelaçées avec celles d’une danfeufe,
confervant un pas égal & modéré.
A S Q U I C O U R T . (/’ )
Jeu de fociété. Voye^ à l’article ( Poules.
jeu des)
A T TRA P E S .
ASCOLIER; c’eft une outre, ou une peau
de bouc qu’o» enfloit comme un ballon, &
qu’on f. ottoit de matière onétueufe. Les jeunes
gens s’elîayoient de fe tenir d’un pied fur ce
ballon , ayant i’au,tre pied en l’air ; mais leur
chûte excitoit bientôt des rifées.
ASTRONOMIQUE,danfe. C’eftiredanfe
dans laquelle les Egyptiens prAendoient re-
préfenter l'ordre 8c le cours des alites.
A T T R A P E . (lesJeux d’ )
Jeu de fociété en dialogue.
M. des Jardins.
Je l’avois bien prédit ; ils ont fuivi mes
confels. Madame Dubois a attendu fon fils
dans la voiture , fur la grande route, hors de
la ville ; & notre jeune étourdi , vers les deux
heures du matin , eft forti déguilé en fille.
Mademoifelle R os e .
Il devoit être joli avec cet accoutrement.
Mais il n’y avoit donc plus de gardes à la
porte de l’auberge.
M. des Jardins.
Pardonnez - moi. Les portes de derrière
étoient même gardées. Mais il a pafîe par-
deffus les murs, de jardins en jardins.de mai-
fon en maifon , & eft forti par une maifon
alfez éloignée de l’auberge, en répandant de
l’argent par-tout où il a été trop heureux de
palier. Je ne lui confeiiierois pourtant pas de
reparoître à Lagny, car il n’enferoit pas quitte
à fi bon marché (
( 1 ) Il eft inutile de p évenic que l’hiftoire de
M. Dubois eft une fiâion. Pareille choie cependant.
eft arrivée il y a environ vingt ans, à une jem.e
demoile le d’un château voilin de Lagny. Hile a été
obligée de fe réfugier dans une auberge , & en eft
fonte la nuit, déguifée en h . nupe.
Un fermier, monté fur un excellent cheval, a
parcouru La gny, il y a plufioun années , en ga-
loppant ventre a terre , & en criant de toutes fes
forces : combien vaut l ’orge ? On ne put l'arrêter.
Il étoit enveloppé de fön manteau, mai? pas fi bien
qu’on ne pût le reconnoître. Tro s mois après , il
revint à Lagny j on fe failït de lu i , & on lui fit
fubir la peine que. lui avoit méritée fa queftion
indiferette.
A T TRA P E S .
Mademoifelle du Ruisseau.
Madame Dubois a dû être bien inquiette,
M. des Jardins.
Ah ! fûrement.
L’Abbé P r i n t e m s .
Ne penfons plus à tous ces malheurs-là, dont
nous femmes déjà tout confolés. Aquoi allons
nous jouer?
Mademoifelle R os e .
Je trouve les jeux d’attrape bien jolis ; mais
quand tout le monde les fait, on ne peur plus
y jouer. -
M. d u Fr ê n e .
Inventez-en, ma chère coufine, vous qui
avez un elprit fi férond en malice. Il faut que
je tache de vous faire a! 1er à la campagne de
mes tantes de Franc-Aleu ; mais vous vous
laiflerez.bien attraper; promettez-le-moi.
Mademoifelle R o s e .
Oh ! oui ; je vous le promets.
M. d u F r ê n e .
Je n’ai jamais tant ri que quand nous avons
joué à cacher un oeuf.
L’Abbé des Agneaux.
Je connois ce jeu-là;il eft cruel.
M. d u F r ê n e .
On avoit caché l’oeuf dans plufieurs coins de
l’appartement ; 8c les joueurs , fucceffivement,
l’avoient trouvé. Le bailli du village, homme
fort grave, étoit venu faire fa cour âmes tantes.
Pendant le dîner,on y avoit parlé d’attrape, &
il difoit, avec aifurance, que jamais on ne l’at-
traperoit, & qu’il connoifloit toutes les vieilles
rufes, fe vantant même de deviner celles qu’on
pounoit imaginer : il avoit fon bel habit noit
& fa grande perruque, que couvroit un large
chapeau, qu’il avoir demandé la permiftion de
ne pas ôter, étant enrhumé, pour avoir pofé
les feellés la veille, à onze heures du foir, de ce
requis par ie prccureur-fifcal. Ma tante s’ap