
jeufié gardon'allez, niais, & le mirent ait m
lieu de la place qui leur fervoit de théâtre ,
lui passèrent une jarretière dedans la bouche ,
lui cdmmandèrent de s accroupir comme Un
linge ■' & lui donnèrent un chandelier à tenir
avec la chandelle, comme pour éctairer à leur
jeu, quoiqu’il y eût des flambeaux1 de tous
côtés. Après cela ils reprëfentètent une farce
de l’hôtel de Bourgogne des plus communes ,
où il n’y avoit que des cociiàgès 8c des tromperies
de valet. Celui qui la devoit expliquer ,
le figura bien que le jeune garçon ne Je tenoit
pas au milieu d’eux , en fa pofture ridicule,
avec là chandelle, fans quelque occadon, Sc
fans fervir à la lignification principale. Lor-f-
que la farce fut joués!,: & que l’on lu: demanda
ce qu’il en penfoir, il dit : Le jeu ne vaidt pas
la chandelle. Alors celui qui avoir invente ja j
comédie foutint qu’il n’avoic pas bie» aeviue, :
& qu’ils avaient voulu repréfentèr ce ‘proverbe
: La farce vaut mieux que l’oïfôn , d’autant
que ce qu’ils avoient joué, étoit une fa ce
alfez connue, 8c que le garçon qui étoit au
milieud’enx 8cà qui l’on auoit fouvent donner
des nafardes, étoitu 1 vrai o'fon bridé. L’au’re
répartit,' àu'contraire ; • qn il ne \fl\ fa'ioit
donc pas donner de chan te'le à tenir, cela
étant inuti e 8c ayant été fait fans y penfer ,
8c que par ce moyen, comme leur farce-étoit
mal jouée, cela pouvoit fign'fief in'aiilible-
ment que le jeu ni valait pas la chandcle.j
Chacun trouva fon1 explication fî -à propos ,
que les aéteurs mêmes,jcolis d’une voix , COri-
feisèrent enfin qu'il'avait raTon, 8c qu’il
méritoit d’être'délivré de lâ-peine : ce qui
fut fait aufiitôt, ôc -l’inventeur de la force ;
tint alors fori lieu pour en expliquer une
autre fuivante.
Q U A T R
Q
E J E U X.
QUA T R E JEU X , ‘.(les,) Gé, Point,
Flux, & Séquence.
. A près avoir convenu entre les joueurs
quelle fomme ils jouent, l’on met quatre
tafies , ou bourfes fur la table, en chacune
defquelles chacun met un jetton; la première
eft pour le gé, la féconde pour le point, la
troifième pour le flu x , la quatrième pour la
fèq uence.
-L’on donne à chaque perfonne trois cartes
couvertes dans lefquelles fe rencontrent deux
rois , deux as , ou deux dix , ou d’autres, ces
deux femblables s’appellent \cgé ; Sc fi dans la
compagnie il s’en rencontre plufieurs, comme
il eft ordinaire, qui aient auflî le gé, ils !
peuvent envier l’un fur l’àutre , la fomme qui
eft dans la première bourfe , 8c le plus haut
l’etuporte.
Les deux as emportent les dix, Sc valent
vingt Sc demi pour le point.
lxpoirit qui eft de deux cartes d’une même
couleur , ‘ fe peut auffi envier par les joueurs,
8c le plus haut l’emporte.
Et: fenfiblement le flux qui eft, quand les
trois cartes font de tréfila, pique, carreau
ou coeur , s’envie l’un fur l’autre , 8c le plus
haut le.gagne. . ,
Quant à la fèqutncec’eft lorCque les trois
cartes fe fuivent., comme , un , deux 8c trois,
valet, reine, 8c rois , 8c ainfi des autres ; la
plus haute féquenct emporte la plus foible,
8c les joueurs peuvent enchérir les uns fur les
autres ‘ comme au gé, point St flux ; mais s’il
arrive que dans ce jeu il n’y ait point de gé,
point, flux.St féquençe , ce qui arrive, rarement,
l’argent des bdurfes double autant de
fois qu’on bat les cartes fans rien gagner ;
ce qui fait quelquefois monter le fhix Sc la
féquenct à de fortes fommes,
La féquenct, flattée , qui eft celle de trois
cartes d’une même couleur, emporte toutes
les autres.
QUESTIONS.
Q U E S T I O N S . ( jeu des ) ,
On demanda à quelqu’un pourquoi 1 Amour
étoit peint avec un poiffon en une main Si
une fleur en l’autre. Il étoit facile de répondre
quec’étoit pour montrer qu’il étoit le leigneur
de la terre Sc de la mer. Iis demandèrent à
un autre, qu’eft-ce que vouloit dire , je fuis
fans vous & fans moi:; celui-là répondit que
c’étoit la parole d’un amant qui eft fans lui,
parce qu’il eft poffédé de fa maîtreffe : 8c qui
eft fans elle, parce qu’il ne la pofsède pas.
Après iis demandèrent comment l’on pouvoit
voir 8c ne voir point une même chofe tout
enfemble! L’on répondit que c’étoit en fermant
l’un des yeux. Ils s’enquirent quel chien,
quel coq, Sc quel ferviteur étoient le mieux
nourris ; l’on dit que c’étoit le chien d un
boucher, le coq d’un meunier, Sc le valet d’un
hôtellier. Gomment le corps pouvoit recevoir
en un inftant plaifir 8c déplaifir ? Que c’étoit
en fe grattant. S’il y avoit plus de vivans que
de morts ? Qu’on trouvoit plus de vivans,
parce que les morts n’étoient plus, 8c même
que plufieurs de ceux qui étoient fortis de ce
monde étoient réputés vivans , étant pafles à
la vie' éternelle.
Les juges étant fatisfaits des réponfes, il
n’y eut point d’autre peine.
Autre jeu de queflions.
L’on demanda au cavalier difgracié quel
acquêt apporte dommage , il répondit : celui
que je viens de faire en mon'jeu infortuné ,
dont j’ai acquis l’artifice pour encourir votre
difgrace. L’on lui demanda après à qui l’on
pouvoit révéler plus librement un fecret ! iï
répondit à un menteur , parce qu’en le rapportant
, on ne le croira pas. Quelle chofe
étoit la plus légère! il dit que e’étoit la penfée,
parce qu’en un moment elle fe porte de la
confidération d’une chofe j une autre. Quelle
chofe reflembloit mieux à ,l’envie ? il répartit
que c’étoit le ver qui ronge le bois où il s’engendre
, avant qu’il puifie ronger les autres ,
de même que l’envieux fe fait du mal à lui-
même avant que d’en pouvoir faire à autrui.
L’on lui demanda après de quelle couleur fe
devoit vêtir un amant ! Quelle chofe reffem-
bloit mieux à la mort! A quoi relfembloient
mieux les femmes ! Quelles étoient les chofes
Jeux familiers.
les plus dommageables, 8c quels étoient les
fujets les plus infortunés ! Pour la couleur des
habits d’un amant, il dit que ce devoit être le
gris , d’autant que cette couleur reflembioit à
la cendre, qui couvre plus fecreltemsnt Sc
plus vivement le feu. Pour la refîemblance
de la mort, il dit que c’étoit la femme yqui.
fuit quiconque la fuit, 8c fuit quiconque la
fuit. Et quant à la chofe à qui la femme ref-
fernble le mieux , il dit que c’étoit la balance,
parce •qu’plié plie du côté qu’el'e reçoit le
plus. Pour les plus dommageables chofe;, il
nomma le feu, la mer Sc la femme ; 8c pour
les plus infortunés fuiets, c eux qui étaient fous
la domination de plufieurs feigiv.urs, d’autant
que plufieurs lacs fe rempiiiluient plus mal
aifément qu’un feul.
Bien qu'il eût parlé au défavantage des
Dames , fur ce qu’ 1 déclara que les interrogations
l’y avoient obligé, l’on ne la.lfa pas
de lui faire grâce.
Q U E S T I O N S . . (les doutée )
Jeu de 'Société en dialogue.
L’Abbé D E S A G N E ,A U. X.
Je fuis charmé, Mefdames, de vous trouver
toutes à. déjeûner. Comment va l’appétit !
Meilleurs du concert, fongez à bien déjiûner;
il faudra dîner légèrement, afin de pouvoir
mieux chanter", car le concert fera aujourd hui
un peu après le dîner. Nous attendons des
auditeurs des environs , Sc nous commencerons
de bonns_ heurs, afin qu’ils puiflent s’en
retourner de jour.
Madame de la R i v i è r e .
L’abbé, je vous ferai obligée de porter ma
harpe dans le fallon. Mais dites-nous donc
un peu en quoi confiftera le concert.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Voici l’annonce que j’en ai faite; je prierai
M. B.... de permettre de l’afficher fous le
veftibule. Je vais vous en faire la leéiure.
Le concert commencera par plufieurs fo-
nates. M. le chevalier Zéphir, le premier
violon ; l’abbé Printems, le second ; M. des
R