
Madame d e u R i v i è r e .
En voilà allez, mon bon ami ; car ça ne
finiroit pas.
L’Abbé P r i n t e m s .
Ce jeu-là ne demande que de la mémoire ;
car les phrafes ne font pas difficiles à prononcer.
Ce n’eft pas comme celles-ci : Si j'étois
petite pomme d’api : je me dépetite-pomme
d apierois comme je pourrais : & vous, fi vous
etiez petite pomme d’api, comment vous dépetite
pomme £apierier-vous ?"
M. DES J a rd in s.
Oui : chacun répète cela à fôn tour, & on j
paye des. gages quand on fe .trompe.
, M. DE L A F O R Ê T. .
Il y a encore cette phrafe : fi j’étois périr pet
de beurre , je. me dépetit -poi-debeurreroi | comme '
je pourrais & vous ,* fi vous -étiez petit-pot dt 1
beurre , comment vous dépetit-pot-deèeurcerieç- j vous ?
Madame d e L a Ha u t e - F u t a i e .
■ C ’eft comme cette" queftion la : petit grain i
de bled, quand te regaillardiras- tu ? Pour dire :
quand poufferas-tu î
L’Abbé P r i n t e m s .
Chaque pays a fes 'jeux dans ce genre'là. J
Par exemple : je vous vends mon. baril, 6r. (
Mais la phrafe ne fignifie rien.
M. d e l a R i v i è b Ie.
C ’eft comme cette phrafe : îabbeffe de Von- ,
tretout dijoit qu. il ny.avoit pas plus loin....
Madame d e l à R i v i è r e .
Ah ! n’achevez pas, M. de la Rivière ; c’eft
trop difficile à prononcer pour ces demoi-
felies.
L’Abbé DES A'G NE A U X. .
Ce jéfuite à qui on Ijfoit une cinquantaine -
de noms arabes qu’il ne connoilfoit pas, & quj ]
les répétoit dans l’ordre primitif,. & enfuitj
dans l'ordre invérfe , auroit bien joué ces
jeux là.
M. de l a F o r ê t .
A propos d’ordre renverfé , je me fouviens
d'une, chanfon allez difficile à chanter. La
voilà
Celui-là- tiejl point ivre ' bis.
Qui trbîs fois peut dire , ' . , bis.
Blanc, blond, bois , barbe grife , bois ,
Blond, bois, blanc , barbe grife, bois,
Bois, blond, blanc, barbe grife, bois.
M. D E S J A R D IN S.
Elle eft difficile à chanter, furtout quand
on a un peu bu.
Madepnoifelle Du l’ o c ai ; e.
Je crois que ces fortes de jeux là. tiennent
le dernier rang dans.ceux que nous avons joué'.
Ils peuvent aller, de pair avec le corbillcn &
!a caflette. I, ne faut pas de grands efforts
d imagination pour s’en tirer avec honneur.
Mademoifelle R o s K.
Le jeu des devifes , pat exemple , eft plus
fpirituel.
L ’Abbé d e s A g n e'a u x .
Au refte , Mademoifelle, il eft bon d’avoir
des jéux allez pour varier. I! ne faut pas fe
cafter ia tête polir y mettre de l’efpril. L faut
s amufi-r d’abord , & quand on diroit quelque
baiourdife, n’importe, il fu t en rire, & voilà
tout. Trop de prétention détruiroit le plaifir
de nos petits jeux. Mais il faut tirer ies_gages,
car on va bientôt fouper.
( Extrait des Soirées amufantes, )
CLIGNEMUSETTE ; forte de jeu où
les en fans le cachent, Üf. font cherchés par un
de leurs camarades qui , lorfqu’il attrape l’un
de ceux qui font cachés, fe met à fa place,
|.& fe cache à fon tour.
C L O C H E - P I E D.
C’eft un jeu de force , où .celui qui peut
slier le plus loin fur un feul pied & franchir le
plus grand efpace, gagne, r.
C O C H O N N E T ; .petit corps d’or ou
d’ivoire, taillé à douze faces pentagones ,
marquées de points depuis un jufqu’d douze.
Il tient lieu de deux dez. "
Le. cochonnet eft encore ce qu’on jette pour
but, quand on joue à la boule ou au pake.
CO CHONNET ù dou^e faces. ( jeu du). -
Ce jeu ne peut fe jouet qu’à-deux perfpnnes
l’une contre l’autre. O n , place chacune telle
fomme fur un ou deux numéros , &c ion roule
le cochonnet chacun trois coups fun après,
l’autre ; c’eft'à-dire , le premier1 roule le. cqq.’
chonnet une fois, le fécond lè- roule à fon
tour , & ainfi de fuite alternativement juTqu’à
trois fois. Si l’un des points vient du premier
coup, la partie eft finie : fi après avoir tiré
chacun fes trois coups-, un dès points n’eft
point venu , on double la. mile & on recommence.
Il faut pour ce jeu que ce foit le point
de celui qui roule le cochonnet qui vienne..
Autre manière de le jouer.
En jouant la partie en fente.- un points,
qui ne fe prennent que fur l’excédant des
points que l’un des deux a amenés , c’eft-r-ldirs
le premier amène fix points, le fécond en
amène huit, pat conféquent ce n’eft que deux
points que celui qui a amené huit peut
compter.
On peut encore y jouer plufieurs, en faifant
une poule, c’eft-à dire que chaque joueur met
au jeu trente ou quarante jetions fuivant la
convention. On roule le cochonnet & on prend
fur la mafte autant de jettons qu’on a amené
de points. Quand on amène à la fin plus dé
points qu’il n’y'a de jettons au jeu , .on eft
obligé de compléter le jeu d’autant de jettons
qu’on a amené de points.
Pour finir la partie , il faut amener le nombre
jufte des jettops'quîr font fut le jeu.
Ce jeu fe trouve, rite des Arcis, niagafin
de tabletterie j au Singe vert.
C (E U R. s ( jeu' de la perte du )
Quelqu’un dira en foupirant : Hélas ! fa i
perdu mon coeur ; & on ldi demande, qui vous
l’a pris ? Il répondra, c’eft Madame telle, qui
eft quelque-Dame de. la compagnie, qu’il
nomme avec des noms & des épithètes malaxés
à retenir : auftitôt chacun le tourne vers
cette Dame , &" on lui' dit : Ha ! Madame ,
pourquoi tant de cruauté? faut il ainfi devant
tant de mondé commettre des larcins ? Cejl
avoir une,'-grande. ajfurance. Quoi ! Madame ,
vous dérobep le coeur des hommes, 6- bientôt
après-, ai]fc le-larcin , bous allej joindre thomicide
i car ndllep-vous pas,,.ôter, la vie à celui qui
ne peut fi long-tems vivre fans un coeur. On lui
dit cela, ou autre choie lembiable , félon que
chacun de la compagnie le p.eut inventer.
Quelquefois cela eft allez court, afin de lui
donner moins dé tenus à répondre , mais encore
qu’elle ait un affez long efpace à caufe
de la Quantité des difeours que l’on lui fait,
elle eft fouvent tellement furprife ou étonnée
de.leur variété, qu’elle a peine à fe fouvenit
de ce qu’il faut répondre , & fi e.'e mar que
de réponfe, il faut, quelle dônr.e un gage. Ce
quelle peut faire pour ne point faillir, c’eft
dedire quelle ne fait ce que l’on lui veut dire;
que Ce n’eft point elle qui a dérobé le coeur
de celui que l’on nomme , mais une autre
Dame dont elle dira auftitôt le nom & les
attributs ; & alors c’eft -à cette autre à fe défendre,
car chacun "fe tourne vers elle avec
de pareils difeours qu’à la première.Quand les
Dames veulent attaquer les hommes , el'es
confeffent d’avoir pris le coeur de celui qui
s’en .plaint ; niais que pour leur punition un
1 autre homme quelles difent, a dérobé le leur,
& chacun va alors à celui là. S’il veut il d ta,
ce n’eft pas m o i, c’eft un tel; ou bien avouant
d’avoir volé ce coeur, il dira qu’une autre
Dame a dérobé' le fien pour palier ainfi d’un
fexe à l’autre. Les noms & les épithètes que
l’on choifira au commencement du jeu, le
rendront difficile félon qu’ils feront, longs ou