
foient du côté blanc , 8c ne marquent aucuns
points.
L'Abbé des Agneaux.
C’eft ce qu’on appelle chou-blanc ; ce qui
arrive très fréquemment. Alors, on donne
un jetton 'à la ferme 8c un au fermier ; quelquefois
, on donne deux jettons au fermier,
& rien à la ferme. Le tout dépend des conventions.
Quand le fermier amène chou-blanc,
il ne lui en coûte rien.
Mademoifeüe de la Haute-Futaie.
Mais c’eft avantageux d’être fermier.
L’Abbé des Agneaux.
Oui ; mais il en coûte le prix de la ferme,
que le fermier paye feul ; quelquefois, on
convient que chacun aura la ferme à fon tour,
moyennant un certain prix que l’on fixe ;
finon, c’eft le dernier enchériffeur qui eft fermier.
S’il arrive beaucoup de chou-blanc, 8c
que la ferme dure long-tems, le fermier retire
£es fonds, & y gagne même encore.
Mademoifelle dh la Haute-Futaie.
Qu’eft-ce qui fixe la durée de la ferme !
L’Abbé dés Agneaux.
La ferme dure tant qu’il y a de jettons au
jeu; s’il n’en refte plus que cinq, 8c que
vous ameniez douze, vous payez fept jettons
à la feîme , 8c toujours un au fermier. Pour
finir la,ferme , il faut amener jufte autant de
points qu’il y a de jettons : c’eft pourquoi,
lut la fin , le fermier peut ne pas jouer , parce
qu’il pourroit finir la ferme , 8c qu il eft de
fon intérêt qu’elle dure long tems. Les ûx
dez marqués feulement fur une face des numéros
i , ï , 3, 4> 5 & A forment vingt-
un points. Il y a des endroits où on convient
que quand on amènera vingt-un , or. emportera
tout ce qui eft au jeu, 8c on peut
aifément faire cette convention, car il eft bien
yai£ que ce coup arrive,
L’Abbé P R I N T E M s.
Je J’ai vu arriver quelquefois»
L’Abbé d é s A g n e a u x .
C’eft vrai ,mais c’eft bien rare; tu as amené
deux fois vingt un à la campagne de Madame
*** f t’en fouviens-tu, l’abbé ! II faifoit
un tems affreux ; nous avons paffé l’après-
midi à jouer à la ferme 8c au nain jaune.
Madame de la Rivière.
N’y joue-t on pas avec des cartes, au nain-
faune f
L’Abbé P RI N TE MS.
Oui,Madame ; ce jeu reffemblebeaucoup
à la comète. Tout le monde commît la
comète; il faut un tableau particulier pour
jouer au nain-jaune,
L’Abbé des Agneaux.
Je crois qu’il y en a un ici ; j’ai fureté dan*
tous les coins, 8c j’en ai trouvé un vieux.
D’ailleurs , fi on ne le retrouvoit pas, il eft
bien aifé d'en faire un.
Madame de la Rivière.
N ’auriez-vous pas trouvé auffi un jeu d’oie.
Je fuis comme Heffor, j aime les jeux on
l'efprit fe déploie.
L’Abbé des Agneaux.
Juftement, Madame ; j’en ai trouvé un
vieux qui eft relègue dans la cuifine ; les
domeftiques ne veulent plus y jouer ; il ny
a plus que la relaveufe de vaiffelle, qui, dans
les beaux jours de fêtes, invite quelques unes
de fes amies du village à venir 1a vo:r : elle
tient fallon dans la cuifine ; on fait une partie
d’oie, 8c on s’en va fort content de lui avoir
fait paffer la foirée agréablement ; elles ne
connoiffent pas le loto-dauphin. Mais, de
bonne foi, croyez-vous qu’il n’y ait pas autant
de combinaifon ôc d’effort d elprit dans le jeu
d’oie que dans le loto-dauphin! Allez , Madame
, tout eft de mode» Si on jouoit loie
à la cour, il n’y a pas de petit ■ infiltre qui
voulût paffer fa journée fans faire au moins
une partie d’oie.
Madame DE La R rv iÈ R I.
Ah ! voilà le chevalier qui apporte le tableau
du nain-jaune.
L’Abbé DES A G N K A U X,
Vous voyez que fur ce tableau on a mis
le roi de coeur, la dame de pi quel le valet
de treffle.fe dix de carreau, 8c dans le milieu,
la Folie , repréfentant Lindor , tenant dans fa
main le fept de carreau. Ce jeu s’appelle
Lindor, pu- Nain-Jaune ; chaque joueur met,
à chaque coup., fur le dix de carreau, un
jetton ; fur le valet de treille, deux ; fur la
dame de pique-, troisj fut le roi de coeur ,-
quatre ; & iiir Lindor., qui eft le fept de
carreau , cinq. On convient, en commençant,
de la valeur des jettons. Pour ce jeu, on fe
fert d’ua jeu de cartes entier ; c'eft le premier
roi qui fait ; l’as- eft la plus baffe carte -, elle,
ne vaut qu’un point, 8c les figu-es dix.'A ce
jeu , on ne peut être moins de trois, ni plus
de huit joueurs. Les cartes fe diftribuentfui-
vant le nombre des joueurs.
Nombre Nombre' I l m refit
de joueurs. de cartes. . au talon ,
à 3 • • • • . . IJ, | . ................. 7 ;
à 4 . . . . . . . . ri ............ .........- 4.
l u ............. .. • ? B E B H - • • 1
* 6 ....................... 8 . . . I ...................... 4
à 7 ............. • • • 7 • . . . . . . . . . 3
a s . .......... ..... 6 \ ------------. . . g
. Si je fuis le premier, je joue un, deux ,
trois, plus Ou moins, fuivant le nombre des:
cartes que j’ai de fuite , fans quelles foient !
de la même-couleur, car, à ce jeu-là , l’on
peut mettre Je deux de coeur fur l’as de treffle,.
.ainfi des autres ,, fans cHllinétion. Si je joue
un , deux , trois , & que je n’aie point de
quatre , je dis, en j-oüant, trois fans quatre;
celui- qui eft aptçs- qioi met un quatre s’il en
a un, 8c continué à mettre cçqui fuit dans
fon jeu p s’il ne peut mettre plus haut que
quatre , il dit de même , quatre faits.cinq ou
cinq fans fix, ainfi du refte , tant que l’on
peut fuivre, 8c ainfi demain en main; celui
qui a mis un roi.recommence par où bon
lui femble.
M. d u F r è e ï ,
Il eft bon de remarquer qu’il faut fe défaite
toujours des plus baffes cartes, fur tout quand
on n’a pas de rois, parce qu’on n’a pas d’oc-
Câiiotis d6 pouvoir , dans le courant du jeu,
fe défaire des baffes cartes.
L’Abbé' DES A G' N E a u x.
On le peut cependant quelquefois. Si je
dis fept fans huit,. 8c que perlonne n’ait de
huit, alors , je recommence par où je veux,
Sç je puis jouer un, deux-, trois, quatre 8c
cinq , 8c me delparraffer ainfi de toutes mes
■ carte*. - ;
M, Du- F r ê n e .
|r Mais c’eft fort rare, & il ne faut pas
s’attendre à cet événement;' il eft vrai qn’il
peut y avoir deux ou,trois huit au talon, 8c
s fl en eft paffé- un , alors votre fept vaut un
roi ; car il y a dans ce jeu un peu de coiiv
binaifon.
Madame de l a R i v i è r e .
Mais qu’eft-ce qui,fait,que: l’on-,gagne! 1
1.1 Abbé des Agneaux.,
Celui - qui ,, en jouant , fe dêbarrafiè de
toutes fes cartes, eft celui qui gagne. Alors,-
chaque joueur lui; donne autant de jettons
qu’il fui refte de points dans la main. Las,
comme je vous ai déjà dit, ne compte qu’un
point-,; le fept,.fept points,, {é neuf, neuf
points :, 8cc„ 6c les figures dix. '
Madèmoiftlle De la Haute Futaie.-
Mais fi on fini (Toit de bonne heure , on*
gagnéroit bien des jettons.-
L’Abbé des Agneaux.
Quand toutes .les,cartes qui font dans les
mains du' premiët joueur fe fuiveht , cela
s'appelle grand-opéra , il raoiaffe tout cé qui
eft fur.Iq tableau,, 8c chaque joueuôlui donne
autant de jettons qu’il a- de points dans,!»
main.