
Pour réfoudre cette quellion, il faut con-
fulter la cable ci deffus pour trois dez. On
remarquera, i° . qu’il y a quarante-huit
coups qui font gagner Pierre , indépendamment
de ce quatrième dez;
i° . Qu ’il y en a vingt-quatre qui l’eulfent
fait recommencer , & qui par le moyen
de ce nouvel as le font gagner : ces vingt-
quatre coups font, 6 , 4 , i ; 6 , 5 , t ;
^ ■> 3 7 1 y S 7 4 y 1 i
3°. Qu’il y ena neuf qui lefont gagner,
& qui fans ce quatrième dez l’eulfent fait
perdre : ces neuf coups font 4., 4 , 2 ;
4? 3> 3 i 6 > 2 , 2 ;
4°. Q u ’il y a trente-neuf coups qui le
Font perdre indépendamment du quatrième
dez, & trente-fix qui le font perdre à caufe
de ce nouvel as , & qui fans cela étoient
indiiférens : ces trente-fîx'coups font, 1 ,
4 y ^ 3 1 > ^ y 3 3 * y 2 y S y * y 2 , é> ;
1 , 3 , 4 ; t , 3j f ; en forte qu’il relie
foixantecoupsindifférens, favoir;4, 3 ,2 ;
5 y 3 y 1 y & y 3 y 2 ; f , 4 y 3 & 7 4 y 3
5y 4y3 7363 63 4 ,3 . Il y auroit donc dans
ce parti de l’avantage pour Pierre, mais ce
ne feroit que de la cinquante-deuxième
partie de l’argent mis à la gageure.
On peut obferver que fi on ne comp-
toit un point au profit de Pierre que
lorfque l’as, repréfenté par le quatrième
dez , fert à rendre bon un coup qui eût
été n u l, le parti feroit défavantageux à
Pierre, & fon défavantage feroit précifé- !
ment le quadruple de ce qu’ell fon avantage
dans la fuppofîtion précédente.
D Kl chargé. C’eft un dez dont on a rendu
une des faces plus pefantequeles autres. Le
but de cette friponnerie eli d’amener le
point foible ou fort à difcrétion.
On charge les dez en remplifiànt les
points, même de quelque matière plus
lourde en pareil volume que la quantité
d’ivoire qu’on a ôtée pour les marquer.
On les charge encore d’une manière plus
fine ; c’elt en tranfpofant le centre de gravité
hors du centre de malle : ce qui fe
peut, ce qui ell même très-fouvent contre
; l’intention du tabletier & des joueurs,
lorfque la matière des dez n’eft pas d’une
confiflance uniforme. Alors il efl naturel
que }e dez s’arrête plus fouvent fur la face
dont le centre de gravité ell le moins
éloigné.
Exemple. Si un dez a été coupé dans
une dent, de manière qu’une de ces faces
foit faite de l’ivoire qui touchoit immédiatement
à la concavité de la dent, & que
la face oppofée ait par conféquent été prife
dans l’extrémité folide de la dent, il efl
clair que cet endroit fera plus compad
que l’endroit oppofé , & que le dez fera
chargé tout naturellement : on peut donc
fans fourberie étudier les dez au trictrac ,
& à tout autre jeu de dez. La petite différence
qui fe trouve entre l’égalité de
pefanteur en tout fens, ou pour parler
plus exactement, entre le centre de pefanteur
& celui de malle , fe fait fentir à la
longue , & donne un avantage certain à
celui qui la connoît. Or , le plus petit
avantage certain pour un des joueurs , à
l’exclufion des autres , dans un jeu de
hafard, efl prefque le feul qui relie quand
le jeu dure long temps.
Voyez chargé :( Dez ) , Dictionnaire des
Mathématiques. ,
Voyez l’article ci devant, page 2g, Com-
binaifons fraaduleufes.
Débanquer. C’eft, au pharaon, à la
balfette , & à tout autre jeu de banque
ou de hafard , épuifer le banquier, & lui
gagner tout ce qu’il avoit d’argent, ce. qui
le force de quitter la partie.
D U P E , (.jeu de la )
C ’efi une efpèce de lanfquenet renverfé.
La différence de ce jeu à celui du lanfque-
nct çonfifle en ce qui fuit : i° . Celui
qui tient la dupe fe donne la première
carte ;
z°. Celui qui a coupé les cartes efl
obligé de prendre la feeonde ;
30. Les autres joueurs peuvent prendre
ou refuferla carte qui leur ell préfentée ;
40. Celui qui prend une carte double
«fl obligé d’en faire le parti ;
j ° . Celui qui tient la dupe ne quitte
point les cartes, & conferve toujours la
main.
La reffemblance qu’il y a de ce jeu avec
celui du lanfquenet a fait imaginer aux
joueurs qu’il y a du défavantage pour celui
qui tient la main, & d’autant plus qu’à ce
jeu la main ne change point, au lieu qu’au
lanfquenet chacun la tient à fon tour. Sur
ce fondement, ils lui ont donné le nom
de la dupe; mais il ne lui convient nullement,
car ii efl aifi- de découvrir que
l’égalité efl parfaite dans ce jeu , & pour
les joueurs entre eux, & pour celui qui
tient la main à l’égard des joueurs. Il
fuffit de faire cette remarque, un peu d’attention
en convaincra ceux qui voudront
prendre la peine de l’examiner.
Voyez Lansquenet.
É C H E C S.
É C H E C S , (.jeu des )
O N prendra une juste idée du jeu des
échecs en étudiant l’excellent traité qu’en
a donné le rédacteur du Dictionnaire des
Jeux.
Cependant pour ne iaifler rien à defîrer
aux amateurs de ce jeu favant, nous avons
cru devoir rapporter ici la doétrine de
Philidor qui a été conftamment regardé en
France, & dans toute l’Europe, non-feulement
comme le plus habile, mais encore
comme le plus étonnant joueur d’échecs.
C ’efl à fon occafion que Jaucourt, à l’article
du jeu des échecs , dans l’ancienne
Encyclopédie, s’exprime ainfi :
« On conçoit aifément par le nombre
» diocre , à qui il ne pouvoit faire , à
» chacun en particulier, avantage que du
» cavalier en voyant le damier.
» Nous ajouterons, continue Jaucourt,
» à ce fait une circonftance dont nous
» avons été témoin oculaire, c’eft qu’au
b milieu d’une de fes parties on lui fit
» une fauffe marche de propos délibéré ,
» & qu’au bout d’un allez grand nombre
» de coups il reconnut la fauffe marche, &
» fit remettre la pièce où elle devoit être.
» Ce jeune homme s’appelle Philidor, il
» efl fils d’un muficien qui a eu de la ré-
» putation ; il efl lui-même grand mufi-
» cien & le premier joueur de dames po-
» lonoifes qu’il y ait peut-être jamais eu ,
» & qu’il y aura peut-être jamais. C ’efl:
» un des exemples les plus extraordinaires
» de la force de la mémoire & de l’ima-
» gination. »
Philidor ell mort vers 1796 à Londres ,
I où il préfidoit à un club de joueurs d’é-
!
checs dont il étoit l’oracle , comme il
i l’étoit de tous les plus fameux joueurs
» des pions, la diverlité de leurs marches,
» & le nombre des cafés, combien ce jeu
» doit être difficile. Cependant nous avons
» vu à Paris un jeune homme de l’âge de
» 18 ans qui jouoit à la fois deux parties 1
» d'échecs fans voir le dernier, & gagnoit » deux joueurs au-deffus de la forcé mé- 1
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