
T A S . { jeu d e s ) | T O U T E - T A B L E . '{Jeu de)
P our comprendre de quoi il s’ag it, il J I. Ls tonte-table tient une des premières
faut favoir, qu’après les reprifes d’ombre f places entre les jeux de table. Il n’a pas
un des joueurs s’amufe fouvent à partager
le jeu en dix ras, compofé chacun de quatre
cartes couvertes; & qu’enfuite, retournant
la première de chaque tas, il ôte, & met à
part, deux à deux, toutes celles qui fe
trouvent femblables; par exemple , deux
rois, deux rvalets, deux fix ; & alors il
retourne les cartes , qui fuivent immédiatement
, celles qui viennent de lui donner
des doublets ; & il continue d’ôter & de
mettreàpart cellesqui viennent par doublet,
jufqu’à ce qu’il en foit venu à la dernière
de chaque tas, après les avoir enlevé toutes,
deux à deux, auquel cas feulement il a
gagné. Il efi rare que l’on joue de l’argent
à ce jeu ; mais on y joue ordinairement
des difcrétions, & les dames s’en amufént.
Il faut obferver que ce jeu n’elt point de
purhafard, & que, pour y réuffir, il faut
de la conduite auffi-bien que de la fortune.
L ’on fait qu’il faut décharger les plus
gros tas préférablement aux petits; mais
l’on ne fait point exactement, s ’il eft plus
avantageux de décharger deux tas compofés
de trois cartes chacun , ou deux tas, dont
l’un eft compofé de quatre cartes, &
l ’autre de deux. L ’on fait auffi qu’il eft
plus facile de faire les tas avec un jeu de
piquet qu’avec un jeu d’ombre, & avec un
jeu d’ombre qu’avec un jeu entier, ou bien:
avec deux jeux d’ombres mêlés enfemble;;
ce qui feroit les ta s de huit cartes. Mais
ce que les joueurs ignorent entièrement
c eft le degre de facilité qu’il y adeéu lîi r
dans toutes ces différentes elpè'ces.
tant d interet que le revertier ; cependant
plufieurs le préfèrent à ce dernier jeu
& même au trictrac , parce qu’il eft moinsl
embarraffant, 8c qu’il ne faut pas continuellement
avoir l’attention de marquer
des points ou des trous.
La beauté de ce jeu conlîfte , non-
feulement a bien jouer fes dames, mais
encore à battre fon adverfaire à propos
& favoir bien ménager une partie double*.
Ce jeu fe joue dans un tridrac. On
le nomme jeu du toute-table , parce que,
pour le jouer, chaque joueur difpofe fes
dames en quatre parties ou quatre tas, qu’il
place diverfement dans les quatre tablés
du tridrac; c’eft à-dire que chacun a d’abord
des dames dans toutes les tables du tridrac.
II. De la manière de difpofer le jeu & de
placer fes dames pour jouer, & combien on
peut jouer enfemble.
On ne joue que deux enfemble à ce jeu,
de meme qu au triârac & au revertier, 8c on
peut prendre un confeil:
Pour vous faire entendre comme il faut
difpofer le j eu & placer vos dames ; ima-
ginez-vous que vous êtes afîis devant une
table, proche d’une fenêtre, laquelle eft
à votre gauche; que fur cette table, il y
aAun tridrac ouvert, & que de l’autre
côte de la table, il y a une perfonne contre
qui vous devez jouer, qui a la fenêtre à
fa droite. Il faut préfentement placer-vos
dames dans ce tridrac ; favoir : deux fur
Ja fléché qui eft danssle coin à la droite
de votre adverfaire, 8c de fon côté; cinq
fur la fléché qui eft dans l’autre coin à la
gauche de votre homme ; trois fur la
cinquième flèche de la table qui eft de
votre côté & à votre droite ; & les cinq
dernières fur la première flèche qui joint
la bande de féparation dans la fécondé table
de votre coté, 8c à votre gauche.
L ’autre joueur doit faire la même chofe.
Il doit mettre deux dames fur la première
lame du coin, qui eft de votre côté à votre
gauche ; 'cinq fur la dernière lame du coin,
qui eft de votre côté à votre droite ; trois
fur la. cinquième lame de- fon côté à fa
aauche; & les cinq dernières fur là première
lame qui joint la bande de réparation
dans la fécondé table de fon côté
à fa droite,
III. De ce qui efi nécejfairc pour jouer &
commencer à jouer, & comment il faut
appeller & nommer les de%_.
Pour jouer à ce jeu, il faut,- de même
qu’au revertier, ! que le triârac foit garni de
quinze dames de chaque couleur, de deux
cornets & de dèu-x det.
Outré cela , il faut dëux fichets'pour
marquer les parties, lorfque l’on joue en
plufieurs parties.
On fe fert foi-même; c’eft-à-dire que
chacun met les dez dans fon cornet, & on
ne joue qu’avec deux dez.
Pour commencer à jouer, on doit, de
même qu’au revertier, donner le choix des
dames & des cornets,
A l’égard du dez, on tire à qui l’aura ;
f l on; nomme & appelle les nombres de
même qu’au revertier.
IV. De la manière de jouer, oujetterles
de^ , & quand le coup efi bon ou non.
Le contenu en ce chapitre étant la même
chofe qu’au revertier, on y renvoie le
leâeur, où il trouvera le.tout amplement
expliqué..
V. De la manière déjouer les dames, quand
on commence la partie.
Les doublets fe jouent au jeu doublement,
de même qu’au revertier; c’eft à-dire
que fi vous faites quine, il faut jouer vingt
points avec une pu plufieurs dames; fi
.vous, faites faune, il en faut jouer vingt-
quatre , & ainfi des autres doublets : ce qui
s’entend toutefois , pourvu que vous puif-
fiez jouer , & que le paffage ne foit pas
fermé pat des cafés de votreiadverfàire.
Au commencement de la partie, vous
pouvez jouer , ou les deux dames qui font
dans le coin à la droite de votre homme ,
ou celles qui font dans le-coin qui eft à fa
gauche, ou bien celles qui font dans les
tables de votre côté , 8c faire des cafés
indifféremment dans toutes les tables; 8c
afin que vous ne faffiez pas marcher vos
dames d’un côté pour l’autre, il eft bon
de vous dire, qu’il Faut que vos deux
dames, qui font dans le coin à la droite de
votre homme , viennent jufqu’au coin qui
eft à fa gauche ; de-là vous les paffez de
votre côté à votre droite y & vous les faites
enfuite aller, avec tout le refte de vos
dames, dans la tahle qui efi à votre gauche,
parce que c’eft dans cette tabi®-là où il faut
que vous palliez votre jeu , & qu’il faut
que vous y palliez tontes vos darnes avant
d’en pouvoir lever aucune, comme vous
verrez ci-après..
Y I .D e la mafiire dé battre les dames-
On batles dames à ce jeu de la même
manière qu’au revertier , c’eft - à - dire en
-plaçant fa dame fur la même lame où étoit
celle de fon homme, ou bien en paffant.
Par exemple, vous faites quatre & as ,
vous battez, une dame que votre homme
a découverte du quatre; & de la même
dame dont vous avez joué le quatre, vous
en jouez un as, qui vous fert à couvrir une
de vos dames, ou bien que vous mettez
en fur-cafe.
Vous pouvez même, d’une feule dame,
battre;trois & quatre dames,-.fi vous faites
un doublet; 8c qu’en le jouant , vous
trouviez ces dames-là découvertes fur vos
paffages.
Toutes les dames qui ont été battues ,
font, comme au revertier , hors de jeu; &
celui à qui elles appartiennent, ne peut
pas jouer quoi que ce foit, qu’il ne les
ait toutes rentrées,.