
5c autres oiféaux à qui on a arraché des
plumes.
Madame de la Rivière , l’oifeau-mouche.
Madame de la Haute-
Futaie, ' le colibri.
Mademoîfellt Rofe, Ja tourterelle. '
Mademoifelle de la Hautev
Futaie, le fetin.
Mademoifelle du Ruif-
Jiau,^ l ’oifeàu bleu.
Mademoifelle du Cation, le coucou.
V Abbé Printems -, le hibou.
Le Chevalier Zéphir, le coi beau.
Et AL du Frêne» le roffignoL .
Vous remarquerez , s’il vous plaît, que
l'abbé s’eft arraché une plume.
L’Abbé P R i N T K M s.
Je l’ai hien fait exprès ; j’ai vu que tout le
monde m arrachoitdes plumes, j’a I voulu faire
croire que ce n’étoit pas m o i, & j’ai réuffi.
L’Abbé d e s A g n ï a ï x .
Le chevalier gardera fon fecrerpour lui ; &
Mademoifelle du Ruilîeau, qui s’eft donné
Ion coeur ? bai fera fon pouce.
Madame d u R u i s s e a u .
J ai oublié que j’avois cboifî l’oifeau bleu.
Au relie, j aime mieux avoir gardé mon coeur
que de l’avoir donné au hibou, comme ma
four.
L’Abbé P r i n t e m s .
C ’eft bien vilain de garder comme ça fon ]
coeur, tandis qu’il y a tant d’honnêtes per-
fonnes qui s’en cor.tenteroient bien y mais, on
forme, allons fouper. ■ • ' ' r
( Extrait des Soirées amufantes. )
V O Y E L L R S. ( les cine[ )
Jeu de foc i né en dialogue.
Madame de la Rivière , l'abbé des Agneaux.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Puifque nous voilà arrivés les premiers, - je
j vais vous donner la clef d’un jeu que nous
I allons jouer, & auquel beaucoup de monde
donnera sûrement des gages. On dit : telle
perlonne n’aime point les os ; avec quoi la
nourrirez vous ! Il faut indiquer des mets dans
le nom defquels ia lettre O ne le trouve point.
Comme ceuv qui ne fav-.nt pas le jeu croient
qui! fiiffit qu’il n’y ait pas d’o s , pas d’olTe-
mens, ils y lonttrès-fouvent pris, à moins que-
le hafard ne les lerve. S i , par exemple, on dit :
je la nourris avec du poiiîon , on paye deux
gages, parce que quoiqu’il r.’y air point d’os,
mais bien des arrêtes dans le poiiîon ; cependant
il y a deux fois la lettre O dans le mot
poiiîon.
Madame de l a R i v i è r e .
J’y âurois été attrapée la première. Mais
voilà tout notre monde qui arrive. Allons ,
Mefdemoifeiles , nous allons jouer un joli
jeu ce foir. L’abbé, faites les queftions, s’il
vous plaît.
L’Abbé des A gne aux .
T u connois bien la groiîe Madame Dubois.
Eh bien 1 mon cher abbé , elle eft malade ;
-elle ne veut plus rien manger qui ait des-os ;
avec quôi la nourriras-tu l
L ’Abbé P r i n t e m s .
Je la nourrirai avec des oeufs pochés au
beurre noir.
L’Abbé- d e s A g n e a u x .
Bon ! Tu paieras feulement trois gages, à
caufe de tes oeufs pochés,au beurre noir.]
L’Abbé P r i n t e m s .
Allons, je les paierai ; mais je ne fais pas
pourquoi : j’avois envie dé la nourrir avec* de
la bouillie.
Mademoifelle R o s E.
Eh bien ! je la nourrirai avec de la bouillie.
Madame d e l a R i v i è r e .
Et vous en ferez quitte pour un gage. A
V O Y E L L E S .
votre tour, Chevalier, avec quoi nourrirez-
vous cette pauvre Madame Dubois î
Le Chevalier Z É p h i r.
Je la nourrirai avec de bonnes compotes
de groiTes pommes de rambourg. ■
Madame de la R i v i è r e .
Bon ! Chevalier ; vous avez bien trouvé ça,
vous ne payerez que fix gages feulement. C ’eft
bien dommage que vous ne les ayez pas fait
cuire, au four.
Mademoifelle de la EIa u t e -Futaie.
Moi, je la nourrirai avec des épinards.
L’Abbé d e s A g n e a u x .:
C ’eft bon ; il n’y a point de gages à payer.
Mademoifelle d u R u i s s e a u .
Je la nourrirai avec des alpérges.
. - q ,Mt)dame D e . l a : R i v iÈ r e.
Il n’y point, dé-gage non plus à payer.
Mademoifelle DU G A Z O N*
Je crois à préfent deviner le jeu ; jelanoar-
rirai de pâtifferie bien légère.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
C ’eft bon. Et vous , M. des Jardins î
M. D ES, J A R D INS,
Moi! Ma fo i, je la nourrirai comme je
pourrai.
Mademoifelle de la Ha u t e -Fu t a i e .
Mais encore, avec quoi ?
M. d e s 3J a r d i n s .
Avec quoi ? Avec du poiiTon, un bon bro-
çhat rôti, du faumon frais, de fa-lofe; & pour
deffert, je lui donnerai des confitures de coin,
de la martnelade d’abricots, & de la gelée de
pommes de Rouen.
L’Abbé d e s A g n e a u x.
Ab ! pour celui-là, en voilà. Chevalier-, ça
vous efface. Il n’y a feulement que douze gages
à payer.
M. des J a r d i n s .
Au diable foit Madame Dubois avec là difficulté
pour la nourriture ! Que ne mange-t elle
des os ? Je lui aurois donné des perdrix, des
lapins, des bécafles ,-des ortolans.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Vous aviez fort bien dit : mais les ortolans
font de trop. Et vous, M. de la Forêt!
M. de l a F o r ê t .
Je dirai bien peu de chofe, crainte de payer
des gagés. Ma foi tans pis pour elle , pourquoi
eft-elle fi difficile l Je la nourrirai au pain &
à l’eau.
Madame d e la R i v i è r e .
C ’eft fort bien; vous ne payerez point de
gagés. Et-vous , Madame, vous êtes-là dans un
coin, vous ne dites rien ; avec quoi nourrirez-
vous notre bonne amie Madame Dubois.
Madame d e L a H a u t e - F u t a i e .
.Je connois ce jeu-là ; je la nourrirai avec
des bifcuits.
L’Abbé D % s A g n e a u x .
Ah! vous voilà, M. de la Rivière; vous
arrivez bien'tard. Cette pauvre Demoifdle
Rofe eft malade : vous vous mêlez un peu de
médecine, guérilTez-la. Elle ne veut rien manger
qui ait des os:: avec quoi la nourrirez-vous ;
Preftrivez lui un régime.
M. db la R i v i è r e .
Vous devriez écrire ma confultation ; elle en
vaut la peine. Mademoifelle, tous les matins,
prendra les bains avec de i’eau de rivière ou de
l’eau de puits, mais point d’eau de fontaine
fur-tout. La malade ne mangera ni potage au
r iz , elle ne prendra ni confommés, ni bouillons,
nifirops. En (ortantdu bain, elleprendra
une petite panade; elle s’abftiendra de l’ufage
durfromage. De tous les farineux, Mademoifelle
ne mangera que des fèves & des lentilles,