
Mademoifelle du B o c a g e .
A aller fur l’eau. A Madame de la Ri v (ire :
à quoi fert un paravent !
Madame d e l a R i v i è r e .
A garantir du vent ; tout haut : Meilleurs,
je vous en fais juges ; Mademoifelle du
Bocage m’a demandé à quoi lervoit un pa-
lavent; Mademoifelle Rofe m’a répondu: à
fouiller le feu.
Mademoifelle R os e.
Madame de la Rivière m’a demandé à
- quoi fervoit un fouftlet ; nu foeur m’a répondu
: à éteindre le feu.
Mademoifelle du Ru i s s e a u .'
Ma foeur Rofe m’a demandé à quoi fer-
voient les pompes des pompie'rs de Paris ,
& ma foeur du Gazon m’a répondu : à labourer
la terre.
Mademoifelle DU G a î OS.
Ma foeur m’a demandé à quoi fervoit une
charrue, & Madame-de la Haute Futaie m’a
répondu : à mettre fur fa tête.
Madame de la H a u t e -Fu t a i e ^
Mademoifelle du Gazon m’a demandé à
quoi fervoit un bonrer, & M. l’abbé Prin-
tems, e i homme qui connoît bien les modes,
m’a répondu , avec un air de vérité, à mettre
dans fes pieds, Madame.
L’Abbé P r i n t e m s .
Madame de la Haute Futaie m’a demandé
à quoi fervoient des chauffions, & Made-
moifeile fa fille m’a répondu : à amufer en
les chantant.
Mademoifelle de la Haute Futaie.
L’abbé Printems m’a demandé là quoi fervoient
les chanfons de fon ami M. l’abbé des
Agneaux, & M. l’auteur m’a répondu nto-
deftement, à allumer le feu.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Mademoifelle de la Haute Futaie m’a demandé
à quoi fervoit une allumette, St M. te
chevalier m’a répondu : à attacher les cheveux.
Le Chevalier Z É p H l R.
L’abbé des Agneaux m’a demandé à quoi
fervoit une épingle noiie, & M. de la Rivière
qui eft un grand phyficien , m’a répondu
doétement : à marquer la pelanteur de
l’air. Je crois cependant, que ces épingles
fervent plutôt à empêcher la légéieté de l’air
de défri fer les cheveux & à affiujettir les rubans,
les fleurs & les gazes fur les têtes des jolies
iemmes.
Madame DE l a ■ Ri v i è r e ; ■
Oui : nous craignons plus la légèreté de
l’air que fa pelanteur.
L’Abbé P r i n t e m s .
Ah ! Malame, la pefanteur de l’air n’influe-
t-elle pas fur les nerfs !
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Mais vous jouez tout de bon aux propos
interrompus, laifl'ez donc finir ; on oubliera
les queftions & les réponfès. C’eft vôtre tour,
M. le phyficien.
M. de la R ivi ère.
Le chevalier m’a demandé à quoi fervoit
un baiomètre....
Le Chevalier Z-ÉPHIR.
Oui : ce baromètre qui eft dans le fallcn,
& que l’abbé des Agneaux regarde tous les
matins, quand il doit aller promener, & ça
ne l’empêche pas dy être attrapé;Vous toù-
venez-vous, l’Abbé, comme vous avez été
mouillé l’autre jour, en revenant de la loge
du bois.
M. d e l a R i v i è r e .
Patience , donc ; ne m’interrompez pas.
M. de la Forêt m’a répondu , à marquer le
froid & le chaud.
M. du R u i s s e a u .
Bon ! mais c’eft un thermomètre.
M de l a F o r ê t .
Vous avez raifon ; suffi M. de la Rivière
a t il fait exprès- de me demander : à quoi
fervoit un thermomètre, & M. des Jardins
m’a répondu : â allée fur l’eau.
M. d e s J a r d i n s .
M. de la Forêt m’a demandé à quoi fervoit
un bateau , & Mademuitelie du Bocage
m’a répondu : à aiier fur l’eau.
Mademoifelle R O S E.
Mais, ça ne fe peut pas ; ce ne feroit plus
un propos interrompu.
. Mademoifelle DU B o c a g e .
Mais . pardonnez - moi , Mademoifelle ,
M. m’a demandé à quoi fervoit un feaphan-
dre, Sc je lui ai répondu : à aller fur l’eau.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Oh ! ce n’eft plus ça. Il ne faut pas dre
ce .que vous avez répondu, mais ce qu’on
vous a répondu. On dit la queftion aaiM
dëffius , & la réponfe d’au-deffous; ce qui
fait la jufteffie de la réponfe de Mademoifelle
du Bocage à M. des Jardins, c’eft que M. des
Jardins lui a fait une queftion analogue à ï
celle qu’on lui avoit faite : alors, il n’y a
plus de propos interrompus. Un bateau & un
îcaphandre fervent également à aller fur fléau.
Il faut toujours faire une queftion oppofée à
celle qu’on vous a faite. Allons , M. des
Jardins, payez un gage. Si on vous demande ,
à quoi fert. un foulier , il ne faut pas demander
à quoi fert une' pantoufle. Allons ,
Mademoifelle du Bocage, que vous a ré
pondu Madame de la Rivière ; vous payerez
auffi un gage, pour avoir dit votre réponfe
& non la fienne.
Mademoifelle DU BOCAGE.
Mais je le difois pour m’amufer ji je fais
le jeu. Madame de la Rivière m’a répondu
à garantir du vent ; & M. des Jardins m’avoit
demandé un fcaphandre : ainfl , je ne payerai
pas de gage.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Non : c’eft trop jufte, je fais bien que vous
êtes une bonne écolière. 11 ne faut vous montrer
un jeu qu’une Fois, vous le retenez tout
■ de fuite.
Le Chevalier Z É ? H i R.
Et moi, donc i
Madame de la R i v i è r e .
Oh ! bon , Vous en montrez aux autres.
Mademoifelle du R u i s s e a u .
Mais, on vient de fonner. I! faudroit tiret
les gages, car nous en avons déjà beaucoup
depuis fix heures que nous avons joué à
plufieurs jeux. Demain il faudra jouer au
Capucin, car .c’eft un fort joli jeu, où on
donne bien des gages , à ce qu’on m’a dit.
( Extrait des Soirées amufanles. )
P R O V E R B E S , {jeu des)
par personnages.
Ce jeu eft agréable 8c même intérelîant;
fl le proverbe eft grave & lërieux , vous en
pouvez repréfenter une hiftoire par perfon-
nages que l’on choifit dans fa compagnie,
chacun félon Ion. efprit 8c capacité. Et fi le
proverbe eft gaillard, on en peut fur !e .hamp
compofer une farce ou comédie, qui doit,
par les paroles 5c a étions des perfonnages ou
aéteurs , exprimer le proverbequ’il reprélente,
mais qui doit être deviné par ceux de la
compagnie qui ne font pas choifis pour le
proverbe; & ceux qui le devinent entrent à la
place des autres , & en font un que l’on doit
auffi deviner.
Pat exemple, le proverbe fera terre a ,
guerre a ; or, pour le jouer entre 4 ou y de
la compagnie, fans déclarer le proverbe à
perfonne, les aéleurs éliront un roi ou une
. reine qui affiembjeïa fon confeil ; montera