
50 C O R P S .
un appartement, vous êtes plus tranquille, &
vous pouvez rire fort à votre aife. Pour moi,
l'Abbé , ce .n’eft point l’intérêt qui me tient,
car je fuis allez heureufe au jeu ; mais 4 je
préfère vos jeux à ceux de Madame Dubois.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Il eft vrai que c’étoit un peu fort, quand je
lui ai dit qu'on ne pouvoit avoir de l’efprit
qu’en maniant les cartes ; car j’ai connu bien
des gens bêtes à ne pas pouvoir dire deux , &
jouant fupérieurement au piquet 8c a d’autres
jeux.
L’Àbbé P R I N T E M 5 .
C’eft un efprit de calcul ; Si fouvent de
fupercherît.
Madémoifelle R o s e .
Mais allons donc trouver notre compagnie,
51 jouer comme à notre ordinaire en dépit de
la grolTe Madame Dubois.
( Extrait des Soirées àmufantes. )....
CORNET ; morceau de corne ou de cuir
préparé en forme de petit gobelet rond , long
Si délié dont on fe fevt pour remuer Si jeter
les déz en certains jeux.
C O R P S e t d e L’E S P R I T .
( jeu des parties du )
Tous ceux de l’aflemblée fe donne t cira
cun le nom de quelque partie du corps , Si.
fpéciaUmenf de'‘celles du vifàge. auxquelles
confifte la beauté.; mais s’il n’y en a pas.
allez , 'On y en peut ajouter d'autres -, Si même
fi i’un prend la main droite , l’autre pourra
-prendre la-gauche. Quand chacun à Tes noms,
le maître du jeu, c’e'ft-à-dire celui qui i’entre-
prend Sc le fait.exécuter, fe tient ailîs ou debout
près d’une dame de la compagnie qui
eft la feule à qui il n’a point -fait prendre
d'autre nom , finon qu’elle eft la beauté qu’il
veut, louer. II. commence fort difcours. qu’il
fait de telle mefure Si de tel "ftyle qu’il veut,
St dans les penfées qu’il a, tantôt il parle des
C O R P S .
yeux , tantôt des cheveux , tantôt de îa bouche,
tantôt des mains, de embarrafie toutes
ces chofes les unes dans les autres, les répétant
plufieurs fois *, de a chaque fois qu il pa le
de chacune , il faut que la perforine qui porte
ce nom , lui fade une granie reveience , fi
elle y manque , elle donne un gags. Ces dii-
cours peuvent être de cette forte :
xc Pour vous louer dignement, o beaute ir-
cofric arable^ par où pourrai-je commencer, fi je
veux donner à vos parties excellentes lé rang
qu e'les. méritent ? Si je commence par les yeux
qui blelîe. t tant de coeurs, qui jettent tant de
flammes, de qui (ont capables de guérir les
maux qu’ils font quand ils le veu eut, je t Gaverai
que les cheveux y auio.it de 1 envie,
diront que fi les yeux gagnent les coeurs , ce
font eux qui les enchaînent de les ret eurent.
Là de (Tus U bouche le plaind. a encore comme
fi je lui faifois un grand tort \ elle dira que je
lui préfère des chofes qui, a fon avis-, lin font
fort ’ inférieures en dignité. Elle fs vantera
qu’elle eti la porte de l ame ; que non■ feulement
elle exhale les fouphs, témoins dune
langueur amoureufe , de fe- t à foi mer le r:S,
au irflieu de là joie ? mais qu elle prononce
les paroles qui font les vives images des penfées.
Les yeux ont ceci pour leur glohe , leur
fupport de leur défenfe, qu ils parient audi d un
muet langage j allez intelligible aux amans,
tellement' que le débat eft continuel entr eux
& la bouche. Ce beau fein qui iepréfèni.e le
monde, le tient glorieux de ton excellence ;
mais la main droite d r que c’eft elle qui empêche
que tarit d’autres mains profanes ny
touchent, &t la gauche prétend qu elle lui a d;
attftî à cela.; les pieds di ent quils méritent
de lhonreur, de fupporter tous les jours ce
beau chef-d’oeuvre de la nature. Ain fi les che-
ve ix , les yeux , la bouche , le fein, lés mains
& les pieds fe vartent diveTement ; mais la
bouche leur dit : Si vous faites des plaintes,
c’eft rar mon organe; fi vous pa e z , ce.i
moi qui vous fais parler, & je fuis votre t.richement;
mais voici les cheveux qui nous font
entendre qu’ils peuvent fervir de brace.eis aux
bras de leur msitreffe ; qu’ils apportent même
beaucoup d'ornement à toute fa beauté. Les
yeux di'ent que fans la lumière il n y a point
de beauté, & que c’eft elle qui eft véritablement
la beauté , qui donne delà beauté à toutes
les autres, & que c’eft en eux que réfute ce.ie
C O T O N EN L’AIR. COU RIE R S.
lumière. La bouche dit que rien ne plaît à la
vue que les belles couleurs, & que la plus
be'le de toutes les couleurs eft eu elle. Le
fein dit que fa blancheur eft plus excellente
que la rougeur de la bouche , & les pieds &
les mains prétendent auflï que la blancheur
n’eft pas moins naturelle en eux & moins
esquite.» :
Ainfile maître du jeu trouvera fujèt de pa' 1er
tantôt d’une partie & tantôt d’une autre , avec
des diftarices qui donneront le loifir de remarquer
fi chacun s’acquitte de fa révérence, &
difant quelquefois tous les noms l’un après
l’autre, il tachera de furpiendre quelqu’un,
en les embrouillant, Sc reprenant prefqu’aulfi
tôt ceux qu’il vient de quitter. Il ne faut point
dire qu’il eft befoin d’avoir un efprit fo t excellent
pour réuffir à cela ; car un homme de
médiocre fuffifançe qui aura la parole un peu
libre , fe a affez bie n. ce!te. charge, d’autant
qu il n’eft pas'toujours néce^aiie que les penfées
foient fort ajuftées de fort ralfonnables ;
il n’importe quM y ait quelquefois du galima
thias j cela en fè. a rire davantage , de puis tout
d h cours ne fe t que pour enchaîner ces noms,
afin de faire fouvent lever ceux de la compa
gnie de tâcher de les faire.faillir. C’en eft là
tout le feCrer. Ceci a été inventé pour, faire
quelque chofe de pi us mignard parmi les dames.
CORYCUS. Jeu d’exercice des anciens ,
recommandé par Galien , comme utile pour
la fanté.
Le conçus confiftoit à fufpendre par une
corde à une poutre ou folive du plancher,
un fac rempli de fon ou de farine , de à fe le
jette r de l’un à l’autre dans un corridor étroit,
ou entre deux lignes dont il n’étoit pas permis
de s’écarter : il falloit donc attendre de pied
ferme le fac , le renvoyer avec fo'ce contre
fon adverfaire de tâcher de le renverfer.
Ce jeu ne paroît pas du premier abord bien
agréablej mais apparemment qu’il y avoit des
ctrconftances qui, en multipliant les difficultés
, eu rendoient l’exercicé amufant.
C O T O N EN L’AIR, {jeu du)
Voye\ à l’article RÉPONSES EN UNE
PHRASE.
f 1
C O U L E U R S , {jeu des trois ).
Le nombre c es joueurs eft fixé à quatre , y
compris le banquier.
Il faut, pour que la ba’ance du jeu foit
égaler que chacun foit banquier à fon tour.
Ce jeu eft compofé d’un plateau de de trois
dez 5 chacun de trois couleurs différentes. On
place de l’argent ou des jetrons fur une, deux
ou trois cafés du plateau j enfuite on fait roule*
les trois dez dans un cornet, & on les jette
fur la table ou fur le plateau. Si on amène un
dé de cha jue couleur, on gagne ,* de le banquier
paye autant qu’on a mis au jeu -, fi on
en amène deux d’une même couleur, c’eft le
banquier qui gagne.
Si on met fur trois cafés de la même couleur,
de que les trois dez viennent de la
couleur des cafés où on a placé, le banquier
paye autant qu’on a mis au jeu -, mais li les
trois dez viennent tous trois d'une autre couleur,
le banquier ne paye que la moitié de la
rnife.
On ne peut point tirer lo.fque l’on eft
banquier.
Ce jeu fe trouve rue des Arcis, magafin de
tableitede , au Singe vert.
, C O U R I E R S , . &c. {jeu des)
Pour trouver toute forte de manières de
difeourir , il y a ie jeu des couriers , qui apportent
chacun quelque piaffante nouvelle. Il
y a le jeu des lettres ouvertes, où chacun
découvre les fecrets qu’un autre mande à fon
voifin & à fa voifine, ou amante. Il y a le
jeu dés nouvelles du four, & de la rivière,
& des nouvelles de la place du change , à
quoi l’on peut ajouter les nouvelles de la
baffe cour , c’eft-à-dire , celles qui font baffes
& ridicules ? En toutes ces occafions chacun
invente tout ce qui lui fentble le plus diver-
tilfant pour la compagnie. Il y a encore h jeu
des menfonges où chacun dit la plus grande
menterie quvil peut trouver. Une dame difoit
à un jeune galant qui faifoit le jeu , quelle
ne favoit. point d’antre plus grande men-
terie, finon qu’il étoit fort fage.