
Le. Chevalier Z i î HIR.
Point du tout i t a r c’eft pantoufle.
L'Abbé des Agneaux à Mlle Rose.
N ’eft-il pas vrai, Mademoifelle, que le
Chevalier fait bien jouer ce jeu—là !
MademoTelle R o s e .
C ’eft un diable pour tous les jeux ; mais
je n’aime pas quand il fait la culbute, car
j ai toujours peur qu’il ne fe cafte l’épine du
dos.
L’Abbé des Agneaux.
Diable ! c’eft difficile à deviner.
Mademoifelle de la Haute-Futaie.
V.ous l’avez dit.
Le Chevalier Z É p h i r.
Paix-là! point d’indifcrétion fur-tout.
L’Abbé d è s A g n e a u x .
Allons, foie j je vois bien que je n’en devinerai
pas aujourd’hui. C'eft.. . . . c’eft.........
culbute. •
Mademoifelle R o s e .
Point du tout ; c’eft dial le.
L’Abbé des Agneaux.
Il faut pourtant que j’en devine ; car fi je
fais le tour fans en deviner, je paverai un
gage ; je vais faire à Mademoifelle du Gazon
une quejftton bien difficile. Mademoifelle,
vous leverez-vous de main de bon matin i
Mademoifelle de la Haut® Futaie.
Ah ! ma bonne amie, fi vous n’y êtes pas
prife , il y aura bien du mérite de votre part.
Mademoifelle d u G a z o n .
Monfieur , je me lèverai le plus matin que
je pourrai ; car, quand je dors trop , je . fais
des rêves af&êuÿg & je vois en rêvant des
loups, des ferpens, des crocodiles, des tigres,
des rhinocéros,'des léopards & des ours. Mon
mot eft dit.
L’Abbé des Agneaux.
O u i, il eft dit ; mais accompagné de plu-
fieurs autres ; je vois bien qu’il eft dans votre
énumération ; ces chiennes d’enumérations
font, idéfolantes, Sc on devroit. les proferire .a
notre jeu.
Mademoifelle DU G Â 1 O N.
Mais vous ne dites pas le mot ; avec tous
vos beaux raifonnemens,
L’Abbé des Agneaux.
Eh bien ! c’eft cro.... non ; c’eft rhinocéros.
Le Chevalier Z É p H I R. :
Non : vous aviez bien commencé ;c’eftcro-
codile.
L’Abbé des Agneaux.
Je voulois le dire; au diable foit le jeu. Je
■ n’en devinerai pas un. Tiens , l’abbé, ' je te
défie de me répondre. Comment fait-on une
fricaflée de poulets J
L’Abbé Printems.
Si j’étois cuifinier, ou même marmiton ,
je {fourrais te dire comment on fait une fr i-
cajj'et de poulets.
L’Abbé des Agneaux.
La quelconque je t’ai faite eft heureufe pour
toi, c’eft fûrement, marmiton qu’on t’adonné.
L’abbé Printems.
Point du tout. Elle eft encore plus heureufe,
car c;eft frieaj]'ét de poulets.
- Madame de la Rivière.
Le jeu eft tort piquant, furtout quand les
queftionsTont dans le fens du mot donné.
L’Abbé P R I N T E M S. '
Madame , une fois on m’avoit'donné den-
tifie ; on me dit par’ hafard': j’ai bien mal aux
d'nts; pourriez-vous m’enfeigner un remède ?
Et je répondis ; je ne fuis point dentijle.
Mademoifelle d u R u i s s e a u .,
Allons, M. i’abbé , vous avez paffé mon
tour ; faites-moi donc une queftion.!
L’Abbé d e s A g n ï a u x .
Seriez-vous bien aife ,; Mademoifelle, de
«tourner à Paris,, pour voir votre aimable
maman! , . , : . .. ,,
Mademoifelle du R u is s e a u .
Oh ! mon Dieu , oui ; car j’k o is , pour la
voir , jufqu’aux Antipodes^-8c même jufques
fur les bords de la cataratfte de Niagara.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
C ’eft ou Cataraéte, ou Niagara.
Mademoifelle du R u i s s e a u .
C'eft Antipodes.
Le Chevalier Z É P HI R.
L’abbé, votre uniquereffource, c’eft Made-
moifelie de la Haute-Futaie.
L’Abbé d e s A G n e a u x-
Mademoifelle , aimez-vous les fraifes !
Mademoifelle de la Haute-Fu t a ie .
Me voilà bien embsrraffée. Quand le baromètre........
non. J ’aime bien les fraifes ; mais
j’aime mieux - à m’aller promener quand le
baromètre annonce du beau tems.
L’Abbé d e s , A g n e a u x .
Ce mot-là n’eft pas difficile à deviner. C ’eft
baromètre. .
Mademoifelle R o S È. -
Eh bien ! ma.bonne amiei;- allez-vous promener
dans le jardin., tandis que nous allons
prendre de nouveaux mots.
Mademoifelle DE LA Haute-Futaie.
Je ii’en devinerai aucun, mo i, bien fûte-‘
ment.
L’Abbé d E s:. Agneau x.
Eft ce que vous vous êtes donné les mots
tout haut!
Madame de la Rivière.
OuH eft- ce qu’il ne le faut pas !
L’Abbé dès Agneaux.
Pardonnez - moi ; mais on peut auffi les
donner tout bas, Alors, les autres joueurs ont
i le plaifir de chercher auffi le mot avec celui
î qui fait les-queftion?; C ’eft comme les fables-,
1 par exemple. La morale eft quelquefois au commencement, 8c quelquefois a ia fin. Quand
elle eft au commencement, on a le plaifir de
voir Sc de juger fi la fabie prouve bien la morale
; 8c quand elle eft à la fin, ûn la cherche,
& on a la fatisfaeftion de fe rencontrer quelquefois
avec l’auteur. Au relie, vous Tentez
qu’il- eft indifférent que le mot fe donne tout
haut ou tout bas. L’effentiel eft de ne pas
varier fa voix dans ia réponfe, quand on
prononce le mot donné , parce qu’alors cette
inflexion de voix le fait ailément deviner.
L’Abbé PriNtems.
Ce jeu-là eft fort amufant ; j’ai vu paffer
des foirées entières à le jouer. C’eft celui dont
• on devine d’abord le mot qui prend la place
du chercheur de mots ; car fi on devinoit'Un
i- mot à la première queftion , on ne continue-
s irait pas moins à faire des queftions aux autres,
e ’furtout quand les mots ont été donnés tout
haut.
Mademoifelle du Ruisseau.
^ Voilà Madame de la Haute - Futaie qui
revient, elle fera dix jeu.
. i Madame de la H au t ê -F u t a i ê.
>- Mefdemoifelles, defeendez , s’il vous plaît,
îs car on va louper; tenez, ori fonne.
Mademoifelle R o s é .
Ah! ma bonne amie, nous continuerons
s- notre jeu après fouper. Vous en ferei, car il
J eft fort joli.
S i
t