
iH S E C R É T AI R E.
Mademoifelle DU 5 OC AGE.
SEC R Ê T AI R E .
C ’eft un air de Pé.-or.ne fauvée. Sitôt que
Lubin m'aima d’amour extrême.
L ’abbé d e s A g n e a u x .
Vous ne devriez pas , mon cher ami, jouer
cet air là, ii eft trop difficile ; vous l’avez pris un
peu haut; vous devriez le tranfpofer pour votre
violcn ,& vous voyez bien que vous le défigurez;
vous paffisz toutes ces petites notes d'agrément.
D’ailleurs, vous vous trompez-làttenez;
il faut pourtant, difoitma foeur ,laiffer un peü.
languir fon fervittur ; vous voyez bien que
vous êtes en frbêmol ; lai fer un peu , il faut un
/rnaJurel &un ut dier^e ; & vous tronquez tout-
à-fait ce paffage-là.
M. D u b o i s .
Oh ! que non.
L’abba DES A g n e a u x .
Ohl que fi. Parbleu ! lifez votre mufique.
Mais nous allons jouer un jeu qui ne vous
amuferoit peut-être pas. Vous avez bien Vu
cette grande allée de tilleuls qui partage le
verger ; il y a au bout une grande grotte qui
eft charmante polir faire de la mufique. Il y a
un écho merveilleux ; quand vousferez-là avec
votre v iolon, vous croirez entendre une
douzaine d’inftrtimens.
Mademoifelle R o s e .
Comme c’eft couvert, la rôféè ne gâtera
pas vos cordes.
L’abbé P k i n t e m s .
Enfin le voilà parti, le pauvre nigaud.
L’abbé des Agneaux.
Mefdames, voulez-vous jouer t.ufecrétaire?
Madame du R ui s seau.
Oh! il faut trop d’efprit pour ce jeu-là;
m o i, je n’y jouerai pas.
L’abbé dés A g n e a u x .
Eh bien ! ne le jossons pas.
Mademoifelle R O S E.
Ma's , ma fceur, on écrit ce qu’on v,u'. En
défigurant fcn écriture, on ne la-t ce qu’on a
écrit.
L'abbé vdes A g n e a u x .
Eh bien! jouons ÿ donc.
Madame d u R u i s s e a u .
Mais c’eft qu’on' peut mettre des méchancetés.
L’abbé DES AGNEAUX.
Eh bien! ne jouons pas.
Mademoifelle R O S É.
Mais, ma foeur, nous fommes trop honnêtes
pour y mettre des méchancetés. D’ailleurs,
on n’y met rien qu’on ne dife en con-
verfation ; & puis, ces petites méchancetés là,
quand il y en auroit, ne portent pas beaucoup.
L’abbé PaiNT'EMS.
Eh bien ! jouons-y donc.
Le Chevalier Z É P H I R.
Allons, que tous ceux qui veulent joues au
fecrétaire lèvent le doigt.
Madame DU RUISSEAU.
Allons, je lèverai le doigt comme taiis les
autres. Bon ! voilà M. Dubois.
Mademoifelle DE LA HAUTE-FUTAIE.
Eft-ce que vous n’avez pas fait de la mufique
dans le jardin ?
M. D u b o i s .
Oh! mon Dieu, non. Il fait trop froid j j’ai
été un peu là-haut; le jeu va un peu mieux , je
vais y retourner.
L’abbé PRlNtKMS.
i Allons, ainfi foit-il.
M. Dubois,
i ' ■ fr'mBmêmk/
S E C R É T A I R E . S E C R É T A I R E , i
M. D u b o i s.
L»
L’abbé P r i n t e m s .
Et qu’eft-ce que vous voulez donc faire de
tous ces cornets avçc toutes ces plumes-là.
, Mo: ! point du tout ; vous vous trompez;
je ferai bien aile d’apprendre mes vérités.
L’abbé d e s A g n e a u x . lyiademuifelie R o s e .
Nous vous le dirons à fouper. ' Eh bien ! on vous 1rs dira.
L’abbé P r i n t e m s . L’abbé P r i n t e m s .
Enfin, le voilà parti, le pauvre nigaud.
Pour bien jouer au fecrétaire, il faudrait des
cartes blanches des deux côtés; car un côté ne
fuffit pas pour écrire tout ce qu’on veut.
Vous riez , je parie que vous avez ma ca_te;
fi la vôtre me pafle, je m’en fouvienirai.
L’abbé d e s A G N e a u x .
L ’abbé d e s A g n e a u x . Surtout, Mefdames, ne montrez pas vos
; carte\ en les prenant, ni en les remettant. La
En voilà ; j’en ai toujours une douzaine au
moins fur moi dans un petit étui fait exprès.
Il s’agit d’écrire en tête le nom de chaque
joueur fur une carte. On les met dans un chapeau
que l’on couvre; chacun tire une carte, il
écrit delfus une penfée. On les remet daïis le
chapeau ; „on les tire une fécondé fois, & fur
celle que l’on a prife, on met encore une
autre penfée ; ainfi de fuite, juiqu’i ce que les
cartes foient pieines. Allons , Mefdames ,
prenez vos cartes.
Dremière fois que nous y jouerons, j’aurai des
grands étuis pour mettre les cartes, comme
dans la roue d’étourderie.
Madame d e l a H au t e - F u t a ie .
Vous êtes un fameux faifeur de cartons ; je
veux vous donner de l’occupation : il faudra
que vous me faffiez une toilette entièieaen
carton.
Madame DE LA R IV 1ÈRE.
Mademoifelle R 0 S E. Et m o i, je vous demanderai une petite
Ah ! l’abbé Printems a la carte de Aladame
de la Rivière.
commode en carton auffi.
Mademoifelle du R u i s s e a u .
L’abbé d e s A g n e a u x . 1
, M o i, je me contenterai d’une chiffonnière.
Il ne faut pas dire ça , Mademoifelle ; vous
voyez bien qu on iaura que c’eft l’abbé qui
aura écrit la première penfée qui fe trouvera
fur la carte de Madame de la Rivière ; & s’il
alloit y mettre une méchanceté ; - v
Mademoifeile R 0 S E.
Je voudrois une petite boîte par café pour
mettre toutes les bobines de mes fuies de différentes
couleurs ; vous ne me refuferez pas ça,
l’abbé 1
L’abbé P r i n t e m s ,
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Ah ! Madame ne prête à aucune méchanceté
1
Madame d e l à R i v i è r e .
Oh ! mon Dieu, non.
L’abbé P r i n t e m s .
Vous êtes bien honnête ; vous briguez mon
fufliage pour que je vous faife des compli-
mens , quand, votre cane me viendra.
Jeux familiers.
M o i, je te demanderai un porte-feuille &
un petit.étui pour porter toujours fur mui au
moins une douzaine de cartes, ça n’elt.pàs trop.
T