
I lö P O U L E S .
le mieux, c’eft le trottin , parce que quand
on eft mort, on a clpérance de revivra.
M. d k la R i v i è r e .
M. l’abbé aime les jeux où l’on meurt pour j
revivre.
' L’Àbbé P ri NT K MS. ;
Je ne m’en dédis pas.
Mademoifelle du Bocage.
Allons , expliquez-nous donc comment on
joué le trottin.
L’Abbé P R l N T e M s.
On a un dé de tri&rac avec un cornet
après l’avoir bien remué, on jette le dé lur
là table ; fi on amène un, on paye un jetton
à fon voifin ; fi on amène deux, on donne
deux jetions à fon fécond voifin ; & trois à
fon troifième voifin,fi on amène trois; quatre
& cinq font les bons points, on n’a rien à
payer : au point de fix , on paye un jetton à
la poule -, c’eft ce-point qui avance le jeu ,
s’il arrive fouvent. Dans le cas où le jeu
paroîtroit trop long, on peut convenir qu’au
point de cinq, on payera auffi un jetton à
la poule.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
P O U L E S. .
ai eue deux, je vous fais banqueroute d’un
jetion.
M. DE LA R i v i è r e .
Ah ! oui , j’entends ; c’eft fort clair ; on
meurt quand oil n’a plus rien, Ht On revit
quand on a quelque chofe ; c’eft tout (impie.
L’Àbbé P r i n t e m s .
Mais fûtement, c’eft tout (impie; vous avez
beau rire.
Mademoifelle de L a Haute F utaie.
Ce jeu doit être fort amufant à la fin,
où il y a beaucoup de moits.
Mademoifelle du G a î o n .
’ Et beaucoup de mourans.
L’Abbé des Agneaux.
Auffi , quand on fait une macédêine, on
fait’ bien de finir par celui-là.
Mademoifelle de la Haute-Futaie,
& le Chevalier Zkphih,
Qu’eft ce que c’eft qu’une macédoine ?
L’Abbé des Agneaux.
Il eft auffi (impie de prendre moins de
jetions pour chaque mifs en fe mettant au
jeu ; car c’eft la mife qui décide la longueur
de ces jeux-là. Il faut cependant remarquer
cu’à l’as qui court & au chat qui dort, on
ne paye un jetton qu’en un tour, au lieu qu’on
en peut payer davantage au trottin & au
chnif-chnof-chnorum. La longueur de ces
jeux dépend des événement.
M. de la Rivière.
Et comment eft-on reflufeité , à ce jeu-là ?
L’Abbé P r i N t e Ms.
.Oeft tout' (impie ; je fuppofe que vous
foy.-z le troifième après moi, & que vous
ii ayez plus rien, j’amène trois ; je vous donne
trois jetions, & vous revivez alors. Si je n’en
C’eft quand on fait une poule compofée de
piïifieurs jeux ; par exemple, on iera deux
tours de chat qui dort, deux d’as qui court,
deux de peur, deux de chnif, & on finira
par un trott n. C’eft-là ce qu’on appelle une
macédoine. J’ai vu ce nont-là, pour la pre-
mièiefois, dans ce fameux livre des liaLons
idangeteufes.
Madame de la Rivière.
Vous nous avez parlé, i’Abbé,de la loterie ;
expliquez nous donc un peu ce jeu !
L’Abbé des Agneaux.
Ce n’eft pas pofilivement un jeu de poule,
mais il eft fort amufar.t. On prend chacun un
certain nombre de fiches & de jettons ; tic
quand on fe retireon paye ce qu’on a de
■ ■ ■ ■ ■ m
P O U L E S .
moins que (à mife , comme quand pn a joué
au trente &. quarante & au vingt-tin fans
argent.
L’Abbé P r i n t e m s /
J’aime mieux jouer à ces forti's de jeuxs-là ,
fans argent, parce que lesfficheî & les jettons'
ont-la valeur qii’on veut leur donner, & on
n’a pas befoin d’avoir toujours de la monnoie
fur-foi ; c’eft bien plus commode.
. L’Abbé des A g .n e a ux .
On prend deux jeux de cartes entiers ; on
bat, on fait couper ; ënfuite , on fait tirer
trois cartes par trois perfonnes qui ne les re
gardent pas, ne les font voir a perfonne ,
& les placent dans le milieu de la table : fur
la première , chaque joueur met trois jettons,
deux fur la fécondé, 5c tin fur la troifième.
Ces cartes .font autant de lots, on kiffe de
côté ce jeu dont on a tiré les trois cartes ,
on prend le fécond jeu, & on le diftribue
carte par carte à chaque joueur. Celles qui
relient fe vendent aux joueurs qui les défirent,
' ôc le produit de cette enchère fe di.vif; fur
les lots. Toutes les cartes du’fecond jeu ainfi
diftribuées, celui-qui adonné les cartes Drend
le premier jeu dont oh à exfait les trois lots,
& il les découvre l’un après l’autre, en les
nommant. A mefure qu elles font Dominées.',
ceux qui oat les pareilles dans leurs jeux les
rendent, Sc on les met en tas, à côté de
l’autre jeu ; fur la fin, les dernières cartes ont
plus dëfpérance aux lots , & fouvent on les
acheté. One carte dont on n’auroit donné
que trois ou quatre jettons Vers le milieu du
coup, vaut trois ou quatre fiches iorfqu’il
n’y a plus que cinq ou fix cartes & que les
lots font forts. Si les cartes qui (ont reliées
en donnant n’ont point eu de débit, alors,
on les met à part ; fi elles contenoient quelque
lot , ce Iqt deviendrait double pour le1 coup
iuivant. Quand toutes les cartes ont été ap-
peilées, il n’en doit plus relier que trois dans
les mains des joueurs ; on les découvre , &
chacun s’empare du lot qui eft fur la carte
pareille à cel'e qui lui relie dans la main , à
moins y comme je l’ai déjà dit, qùe les cartes
pareilles à celles des lots ne (oient Teftée. 'à
l’écart ,* & que perfonne n’ait voulu les
acheter. Communément, on ne doit pas les
vendre moins que les autres cartes, n’ont coûté
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aux joiieurS ; fi les joueurs èrit trois caftes , par
exemple, comme ils ont mis fix jettons fur les
;ots, on, ne doit pas vendre les cartes de
l’écart moins de deux jettons. S’il y a concurrence,
on les vend le plus qu’on peut.
M. D E L A F,O R Ê T.
Sur la fin du coup, quand les joueurs fe
vendent leurs cartes, c’eft fans doute à leur
profit.
L’Abbé des Agneaux.
Très-cértainément ; Ils dès ont achetées ,
elles leur appartiennent bien légitimement.
D’ailleurs ils courent une chance; ils peuvent
vendre une fiche, une carte qui gagnera un
lot de cinq ou fix fiches. 8
M. des Jardins.
Dans ce commerce-là, les aétions vont
toujours en augmentant jufqu’à la fin. Mais
je voudrais favoir à quoi fervent ces dez que
je vous ai vu hier .au foir, & qu’on vous a
envoyés de Paris.
L’Abbé d,e s A g n e a,u x.
Ce font des dez de ferme. Tenez , les voilà,
juftement; je les ai fur moi ; nous pourrions
jouer à la ferme.
Madame de la Rivière.
L’abbé eft un vrai philofophe ; il porte
tout avec lui. Mais comment joue t-on à la
ferme ?
L’Abbé des Agneaux.
On commence d’abord par mettre la ferme
à prix , c’eft à-dire, que l’on offre trente,
quarante, cinquante ou foixante jettons, pour
avoir le droit d’être fermier. Alors, on met
au jeu le prix de la ferme ; le fermier joue
le premier , & il retire autant de jettons qu’il
a amené de points; les autres joueurs de
même.
Mademoifelle de la Haute-Futaie.
Mais comme il n’y ,a qu’une des fix fiiccs
des dez qui foit marquée, il doit arriver
fouvent que. tous les dez jettés fur la tabie