
v dus du papillon ; L’un dit : je lui coupe
une patte -, l’autre, je lui arrache une ails ;
enfin , tout ce qui vient dans l’efprit.
Madame d u F r ê n e .
L ’Abbé, je vous fais ma confeffion, J ’ai
trouvé la porte de votre chambre ouverte,
Sc je n’ai pas pu m’empêcher d’y entrer.
L’Abbé P r i n t e m s .
Vous n’avez pas dû la trouver-bien rangés.
Madame d u F r ê n e *
Elle, écoit à-peu-près comme la vôtre.
M. d e l a F o r ê t .
C ’eft que ces Meilleurs ont trop de choies
à faire pour bien ranger leur appartement. De
grands génies ne s’amtlfent pas à de pareilles
bagatelles.
M. d e l a R i v i è r e .
Il n’y a que manière d’interpréter les chofes,
j’ai entendu direqu’un prieur de religieux alioit
de tems en tems vifiter les cellules de fes
novices. Quand il en voyoit une bien propre
Si bien rangée , que j’aime , difoit-il, l’ordre
qui règne ici ! On voit bien , mon cher confrère
, que vous avezifoin de l'intérieur comme
de l’extérieur. S’il en rencontroit une où tout
étoit pêle-mêle , je vous reconnois bien-là ,
mon cher confrère , s’écrioit-i! ; vous négligez
l’extérieur pour ne vous occuper que de
l’intérieur.
Mademoifelle de la Haute-Futaie.
Il étoit donc toujours content.
M. d e l a R i v i è r e .
Oui , Mademoifelle ; parce qu’il avoit
J’efprit bien fait. Mais, Madame du Frêne,
quelle découverte avez- vous Lite dans la
chambre de l’abbé des Agneaux ? Avez vouj,
trouvé quelque chapfon nouvelle !
Madame d u F R Ê N e . .
Je me fuis bien donné de garde d’examiner
les papiers ; j’ai feulement remarqué , avec
beaucoup de foin, un oifeau de bois -peint en
bleu. Mais , l’abbé, il a un furieux bec , bien
pointu ; .qu’en voulez vous donc faite ï
Mademoifel'e R o s E.
Ma tante , c’eft un fecret ; vous avez éventé
la mèche.
L’Abbé d e s A g n e a u x .
Madame, c’eft un fecret que tout le monde
fait ; ' mon intention eft feulement de fur-
prendte. M- B. . . . J ’ai attendu q te toute la
compagnie fût arrivés pour placer cet oifeau.
On attache une perche; entre deux a bres y au
milieu eft une.corde qui iufpend l’oifeau.
environ à un pied Sc demi de la.terre. À une
diftance proportionnée, on place Une'carte
avec un noir, & les joueurs prenant i’oifeau
par la queue , lui donnent un certain mouvement
qui le renvoie dans la, carte. Alors ,r la
tête & le cou de l’oifeau fe détachent par le
moyen du bec qui s’enfonce dans la carte,
& l’oifeau vient retrouver les j.oueurs.
Madame d e l à R i v i e r e .
On joue à ce jeudi comme fi on droit un
prix. Il ne faut ni. poudre ni plomb.
L’Abbé DES A G N-E A U X.
J’ai mis au haut de la carte ces deux vers,
tirés du Conte des Fées, intitule j Oifeau
bleu : - , , .
Oifeau bleu , couleur du tems , ■
Vole à moi promptém’ént.
Mademoifelle dé La Haute-Futaie.
Quand cet oifeau- fera-t-il donc placé î ;
L ’Abbé d e s A g n e a u x .
Je le placerai demain matin, & nous
pourrons y jouer après le déjeûner.
L’Abbé P r i n t e m s .
Mefdâmes , entendez-vous fonner ?
Madame DÉ LA RIVIÈRE.
: Allons Couper*
Madarn? du R u is s e a u ..
Il ne faut, pas nous faire attendre.
( Extrait des Soirées amufantest,)
M O U R R E.
M É T I E R S à deviner. . { jeu des)
Ii y a des jeux où il faut deviner, ce que
l’on vous veut faire entendre par lignes. Je
penfe que l ’on ne fe trompera point, fi_ l’on
p ’ace le jeu des métiers à deviner par lignes
e dre les jeux d’efprit, encore que les enfàns
& les pèrfonr.es "de baffe condition le .pratiquent
quelquefois : car on le iendplus'beau
félon que l’on eft ingénieux à . trouver des
métiers peu communs , & à en bien former
les actions. Il fautauffi beaucoup de vivacité
Sc de connoilfance de tous les artifices mécaniques
pour les déchiffrer pat. une vraie
explication..
M O T S difficiles à prononcer. {jeu desj
Voye\ à l’article C lef du J ardin.
M O U R R E. t ld )
Eft un jeu d’exercice & même très-vif,
car en Italie où il eft fort commun , on y
met beaucoup de chaleur Sc d’adivité’ : il eft
fart fimp'e & ne conûfte qu’à .ouvrir labiain
& puis la fermer, en montrant un nombre
de doims levés y Sc il faut'deviner fi ce nombre
eft pair ou impair. Il n’eft qûeftion que
de deviner vite & jufte. Les- dames le jouent
encore quelquefois en Italie , mais il eft au-;
jourd’hui prefqu’incoimu en France Sc ailleurs..
On attribue l’invention de ce jeu à la belle
H 1ère. 11 a été co.qnu des 'Doyens , des
Pstfes, des Grecs Si des Romains. Cicéron
en fait mention y mais un trait d’hiftoire plus
moderne concernant la mourre, c’eft qu’un
duc.de Nevers, delà mailon de Gozangue, !
ayant voulu en iÆoi établir un ordre dont
il ie déclara le grand maître, fie dont le grand
cordon étoit jaune, il recommanda à fes chevaliers
de jouer à la mourre , comme, à un jeu
noble, Sc qui étoit à la mode’ âlors parmi îa
noblelfe françoife. Sur la fin dufiècle dernier,
ce jeu étoit renvoyé dans i’anti-chambre y fie
nous voyons dans une pièce du comédien
Baron, des pages & des laquais y jouer.
M U E T . ( jeu du )
Un homme de la compagnie’ fort adroit à
parler par lignes représentera quelque’ chefs
à chacun,. 6c punira & léçompenfera félon
qu’on aura bien- ou mal expliqué. Dans ce
jeu chacun s’adrelfe à (on voifin y lé premier
dit fa penfée à l’oreille de celui qui eft le
plus proche, Sc après , comme le muet, il
s’exprime par lignes à celui qui eft de l’autre
côté , fur qupi il .faut qu’ïi Hile- ce qu’ii penfe
que c’eft, Sc qu’il y réponde y & enfui te de
cela celui qui a parlé par lignes, lui dit une
autre penfée à l’oreüie , qu’il repréf-nte encore
de même à Ton voifin ou à fa voiline. Cela
fe fait de cette forte confécutivement, 8c ceux
qui manquent à bien expliquer & à bien répondre
, font jugés dignes de punition. Ceci
-fanble plus • rait&anable que de s’informer
d’un homme fur quelque chofe que l’on vouj
a dite en fecret. en lui demandant feulement,
pourquoi, comme en ce jeu dès queltions qui
eft celui de pourquoi, Sc de parce , d'autanc
qu’il y a de trop grands coqs-à-l’âne : néanmoins
fi l’on fait des lignes fort fuotils, on
ne les expliquera que difficilement, & l'on
dira des chofes fort extravagantes ; mais de
quelque façon que ce fo it, l’on ne s’en doit
pas-plaindre, puilque c’eft le deffein que l’en
a pour trouver des fujets qui ne manquent
point de réjouir les plus mélancolique.'.