
S R L E T T E.
Mademoife'le R o se .
Qui donc !
L ’abbé d è s A g n e a u x .
On n’eft pas obligé de nommer toujours
qui ; car , alors, il faudrait bien deviner la
dernière perfonne': il fuffit de vous affirrer
que ce n’eft pas le chevalier qui vous accufe
d’être gourmande.
Le Chevalier Z é p h i r .
Donnez un gage, ma belle'demoifelle; on
vous apprendra à me fourçonner de faire des
calomnies.
L’abbé d e s A g n e a u x .
On vous accufe de n’aimer perfonne. C ’eft
an grand crime que l’indifférence.
Mademoifelle R o s e .
Oh! pour celui là , c’eft le chevalier. *
L’abbé d e s A g n e a u x .
Pourquoi ferait-ce le chevalier ’
Le Chevalier Z é p h i r .
C ’eft vrai ; c’eft moi. Vous voyez bien que
je ne fais que des médifances , & non des
calomnies. Je vais me mettre fur la fcllette.
Mademoifelle d u R u i s s e a u .
Je crois entendre une voiture dans la cour.
Que venez - vous nous apprendre , M. des
Jardins?
M. d e s J a r d i n s ,
Une hiftoire affreufe qui vient d’arriver.
Madame Dubois part à i’inftant pour Lagny ;
c’eft fa voiture que Vous avez entendue.:Vous
favez bien qu’on cherchoit partout fon fils,
&c qu’on ne favait ce qu’il etoit devenu. Il a
voulu aller à Lagny, perfonne n’a voulu l’accompagner.
L’Abbé P r i n t e m s .
Je n’ai pas voulu y aller. Comme il eft trèsgâté
; 5c qu’il dit ce qu’il veut, j’ai eu peur
qu’il ne dire : combien vaut l’orge î
M. d e s J a r d i n s .
Il y eft allé tout féal en fecret, & il a
lâché cette malheurèufe phraV. Tout le monde
s’eftattroupé pour le plonger dans la fontaine:
il s’eft fauve chez un aubergifte, qui a fermé
fes portes. Cet homme , voyant qu’il étoit de
la conpoiffance de M. B.....lui a envoyé un
exprès pour lui apprendre cette nouvelle. La
populace eft, dit o n , encore à la porte de
l’auberge; ils feront fentlnelle toute la nuit,
& l’attendent quand il foitira. Madame Dubois
eft allée le rejoindre : je lui ai confeillé
de le faire fortir de nuit, habillé en fille , 8c
de i’ailer attendre avec -fa voiture , fur le
chemin.
L’Abbé P r i n t e m s .
Cette hiftoire eft affreufe. Nous etr fau-
rons les fuites demain. Mais on ferme , allons
fouper.
( Extrait des Soirées amufantrs. )
S E N T E N C E S , {jeu desf
Au jeu des fentences on joint des marques
de quelque animal ou d’autres choies corporelles
qui s’y rapportent, tellement que c’eft
une elpéce dAmblêmeS comme (î l’on difoit :
Une charrue conduite par un laboureur montre
, qui le travail ejl un tréfor à t homme ; ou
bien, un loup dévorant une brebis peut lignifier
, quily-en a qui pour leur profit ne regardent
point au dommage d’autrui. L’on en peut de
même inventer beaucoup d’autres; o r , il eft
befo'in de retenir tout cela, & quand le maître
vous int rrogefa fur la marque d’un autre , il
faut que vous en difiez auflitôt la fentence :
mais ce jeu eft de ceux qui reifenîblent à des
leçons.
S I A M. {jeu des quilles de)
On a, comme au jeu de quTes ordinaire,
neuf quilles qu’il faut tâcher d’abattre; la
différence! de ce jeu de Siam, c’eft que la
boule n’eft pas ronde, mais quelle eft prefque
plate & à pan coupé, en forte qu’elle roule
lur fon côté, Sc qu’elle fait des détours , 8c
des lignes courbes, qu’il eft de l’habileté du
joueur de favoir diriger. On ne la jette point
directement centre les quilles, mais fur.le
côté, & hors de; quilles, parmi lefque les,
dans un mouvement oblique , elle ert e &
fait des abattis en décrivantdes lignes courbes.
On peut fixer l’époque du jeu de Siam à l’arrivée
en France des ambaffadeurs dece royaume
de i’Afie dans les beaux jours du fiècle de
Louis XIV.
S I F L E T . [le jeu du jiflet ou de la Clef)
A ce jeu, la fociété s’affied en rond. La
perfonne qui doit chercher le fifletbft debout
au milieu. Ordinairement on fe palfe le fiflet
de main en main en chantant : H ■court, il
court le furet du bois , Mefdames. It court, il
court le furet du bois joli ; mas iorfqu’on veut
bien s’amufer , on prend, pour chercher ,
quelqu’un qui ne fâche pas le jeu ; on lui
attache le fiflet derrière l’habit ou la robe ;
8c lorfqu’il cherche d’un côté, on prend vite
le fiflet 8c on fifle : la perfonne fe retourne
alors précipitamment, Sc croit l’avoir trouvé
lorfqu’un autre fifle derrière lui. On peut fe
divertir ainiî quelquefois fort long-tems aux
dépens de celui qui cherche. Au défaut d’un
fiflet on fe fert d’une clef.
S I M I L I T U D E e t de i.a M É T A MOR
PHO S E . {jeu de la) .
Au jeu de la fimilitude où chacun compare
là maîtreffe à quelque chofe , & en dit la
raifon ; fur quoi l’on peut repartir agréablement
; l’on en trouve un exemple dans ce
livre, d’un efpagnol, qui comparait fa maîtreffe
à une louve , & on lui dit promptement
qu’il fe devoit réjouit de ce qu’elle étoit de
ce naturel, parce qu étant le pire de tous fes
amans, elle ne manquerait point de le choifît
pour fon premier favori. Il y a auffi le jeu de
la métamorphofe où chacun dit en .quel ani
mal, ou arbre, ou autre corps, il voudrait
être transformé ; & quelle transformation il
f ruhaiteroit pour fa maîtreffe , de quoi il faut
donner raifon , Sc il eft permis à tous les autres
d’y contredire, ou feulement au maître du
jeu.
S I N G E . {jeu du)
Voye\ 3 l’article Attrape. ( jeux d’ )
S O L I T A I R E , {jeu du)
Ce jeu eft ait,fi nommé folitaire, parce qu’il
fe joue feul. Il eft compofé d’un plateau fut
lequel il y a 37 fiches, favoit : trois au premier
rang, cinq au fécond rang, ' fepç au
troifième rang; pareillement fept au quatrième
ja n g , fept au cinquième rang, cinq au fixième
rang , trois au feptièma rang.
Avant de jouer,.on commence par ôter
telle fiche qu’on veut, afin de laiffer un vide.
L’ordre du jeu eft qu’une fiche en prend
une autre, lorfqu’elle peut paffef par-deflùs
en droite ligne a un trou vide, comme un
pion prend un pion au jeu de dames, on
prend ainfi au folitaire toutes les fiches juf-
qu’à la dernière. La difficulté de ce jeu eft de
choifir jufte les fiches qu’il faut ôter pour
finir le jeu par une fiche feule , ou pour parvenir
à celles qu’on fe propofe d’ôter pour
gagner le jeu.
Si par aventure on étoit plufieurs à jouer
d’autres jeux, Sc que l’on foit trop de monde
pour pouvoir jouer tous le' même, ou que ceux
que l’on joue 11e plaifent pas, pour lors on
peut s’occupera celui-ci, en attendant qu’un
autre reprenne fa place ; & fi , fuppofé que
celui qui vient de quitter le folitaire, n’a pii
parvenir à ne laiffer qu’une fiche fur le j;u ,
Sc qu’il en refte plufieurs , c’eft à celui qui reprend
de tâcher a’en.laiffer moins fur le jeu
pour gagner fon camarade ; mais le vrai but
du jeu eft de n’en laiffer qu’une.
Ce jeu fe trouve au magafin de tabletterie,
rue des Arcis, au Singe vert.
S O U P I R S . {jeu des)
L’on dit à tous ceux de la compagnie ; qu'il
ne faut plus cacher fa trijlicffè ; qu elle fc
rendrait plus violente par la contrainte ; qu’il
V z