
proche de lui, & lui dit, avec un air de myf-
tcre : voudriez-vous cacher cet oeuf fous votre
chapeau ? fi on le trouve-là, on fera fin , dit-il
avec l’air d’une perfonne qui entre dans l’efprit
de la chofe. La chercheufe d oeuf rentre \ elle
renverfe tous les meubles du fallon , fe défoie
de fon peu defprir. Enfin, s’approchant de
M. le bailli : vous ne voulez donc pas révéler
ou il eft, dit-elle en appuyant une main fur fon
fauteuil l’autre fur fa têre? Je ne puis pas
vouspe:ndrela m:ne du bailli«, j’ai cru que nous
crèverions tous à force de rire. Il ne favoit s’il
riroit ou non j ii étoit plus honteux d avoir dit
qu’on ne l’attraperoit pas, que d’avoir été attrapé.
Le blanc 6c le jaune de l’oeuf étoient répandus
fur toute fa perruque y c’étoit à mourir
de rire. En voulant s’effuyer, il donnoit à fa
perruque une« tournure qui n’étoit pas indifférente.
Mes tantes fe pâmoient.
Ma demoifelle D u Gazon.
M. le bailli de voit être bien piqué. Avant
MM. Piis ôc Barré i on n’avoit pas ainfi joué la
magiftrature de campagne.
M. Dü Frêne.
Quelques jours après, nous avons encore
bien ci. Mes tantes avoient prié une dame de
leurs voifines, qu’elles n’aimoient pas heaucoup,
parce qu’elles lui croyoient unefprit fort. Moi,
je lui trouveis l’efprit très-foible , car elle
n’avoit pas eu la talçnt de bien élever fon fils,
qui étoit auffi mauiîade que M. Dubois, mais
dans un autre, genre de mauffaderie. Il commença
, d”un ton pédant, pat fronder tous les
petits jeux dont nous nous amulîons, les permettant
à peine à des enfans.
Mademoifelle R o s i .
C ’eft Madame Dubois toute crachée.
M. d u F R i N i.
On le laifïa dire ; 5c pendant qu’il étoit dans
on coin à lire , je propofai de jouer au Capucin
mort. Je m’étendis par terre tout de monlong,
contrefaifant le mort. Toutes les dames tour-
«èrent autour de moi, en'difant tout haut ;
frère Pancrace, êtes-vous mort ? Je ne rëpon-
dois point, 51 ne faifois aucun mouvement.
Les hommes , l’un après l’autre, venoient ci
proceffion fe coucher fur moi , mettre leurs
mains derrière mon dos, Sc me parler à l’oreille
, comme ce prophète qui reflùfciîe un
mort. Notre jeune homme , diftrait par ce qui
fe pafloit, quitta fa leétüre, Sc voulut auûî
s’étendre fur le capucin mort : ce n’étoit pas
lui qu'on vouloit atcrapêt ; mais faifiiïant foc-
cafioni, je ferrai les bras fie les jambes ; Sc pendant
que je le tenois bien ferme dans cette
pofture ; tout le monde fondit fur lui, & lui
donna la claque.
Le Chevalier Z éphir.
Mais il auroit dû connoître ce jeu, qui eft
un jeu de collège.
M. du Frêne .
Aufiî, n’avoit il pas été au collège, Sc il s’en
vantoit bien , croyant que fon éducation étoit
une preuve éclatante de la bonté de l’éducation
particulière ; il prit fort mal la chpfe, & fa
mère encore plus mal, car elle fe fâcha très-
iort.
Mademoifelle du R u i s s e a u .
C’eft comme Madame Dubois, qui s’eft
fâchée quand nous avons joué au Jmgc avec
fon fils.
M. d u F r ê n e .
Je ne connois pas feulement le nom de ce
jeu , mais je crois que nous l’avons joué chez
mes rantes, fous un autre nom.
Mlles, du R ui s s e au, du Gazon &
R ose.
Mon coufin, il faut....
M. du F r ê n e .
Ah ! mes chères confines, de grâce , parle*
l’une après l’autre , fi vous voulez que |e fâche
bien comment on joue au finge.
Mademoifelle du R u i s s e a u .
Il faut que chacun fade ce qu’il voit faire au
maître du jeu ; s’il-fé 'gratte foreilie , il faut fe
la gratter , &c. Il y a un moment où on fe débarbouille
barbouille avec fon chapeau ; Sc on avoit noirci,
avec du no:r de fumée, les chapeau de M. Dubois
Sc du chevalier Zéphir. Le chevalier
rioit comme un fou de'M. Dubois, 8c M. Dubois"
du chevalier. Tous les deux réciproquement
croyoient qu’on rioit de l’autre. Lorfque
Madame Dubois, à fouper, vit fon fils dans
cet état, elle nous dit les chofes les plus dures
Sc les plus défobligeantes.
Mademoifelle R o s E.
On avoit eii tort de ne pas les de'tromper
avant fouper, 8c de ne pas les débarbouiller.
M. Dubois avoit l’air du plus hideux ramonat.
Le Chevalier Z é p h i r .
Et moi, donc; n’éttfis je pas joli ;
Mademoifelle R os e .
Vous ne vous étiez pas débarbouillé de fi
bon coeur que M. Dubois.
M. du F r ê n e .
C’eft à-peu-près comme le jeu que mes tantes
appellent Pincer fans rire. Tout le monde palfe
en revue devant celui qui fait jouer le jeu. Il
pince les joueurs les uns après les autres au
front;aumenton & aux joues,làns rire. Quand
celui qu’on veut att aoer vient, il noircit fes
doigts avecun liège brûlé, 8c lui fait de grandes
virgules fur le front, au menton & aux joues.
Mademoilèlle du G a z o n .
Nous avons joué une fois à Paris à ce jeu-là,
avec unMonfieur ,qui fut bien piqué de ce que
nous l’avions!aillé îoxtirians l’avertir qu’il étoit
tout barbouillé,
M. d u F r ê n e .
Connoiflez-vous un jeu qu’on appelle Ber-
lurette.
Mademoifelle d u B o c a g e .
Non, nous ne l’avons pas joué.
M, d u F r ê n e .
C ’eft une efpèce de Colin-Maillaid ; au lieu
Jeux familiers.
de mettre un bandeau fur les yeux du Coll’n-
Maiilard, une perfonne lui ferme les yeux avec
les deux doigts index. Les autres joueurs viennent
frapper fur le bout du nez de celui qui a
les, yeux fermés, & il faut qu’il devine qui.
Alors , pour l’atfater, la peifonne qui a- oit
les deux ma’ns occupées à lui fermer les yeux,
atiileu de fe fervir de fes deux mains, lui fe:me
: les yeux avec l’index &le doigt du milieu delà
même main, 8c frappe fur le nez avec faute
main. On he devine jamais que c’eft celui qu’on
croit uniquement occupé à nous fermer les
yeux, fur-tout'quand on a vu plulietirs Colins-
Maillards qui n’ont point été attrapés.
MaJemo'feüe R ose.
Il y a suffi une manière d’attraper , en jouant
au Furet du bois joli. On a un fifflet que l’on fe
jparte , 8c dans lequel on fiffle de teins en tems,
de manière à n etre point vu de celui qui le
cherche. On chante : il eft parte par ici, le furet
du bois, Mefdames, il eft parte par ici, le furet
du bois-joü. Quand on le trouve dans les mains
dequelqu’un, il faut qu’il le che-ehe à fon tour;
Sc pour attraper, on l’attache derrière ce’ui qui
le cherche, Sc on fiffle de tems en tems. Alors,
il ne peut jamais le trouver, à moins qu’il na
découvre la rufe.
M. des J a r d i n s .
Quelquefois , au lieu de faire courir un
fifflet, c’eft une pantoufle ; a’o s , on appelle ce
jeu-là la Pantoufle ; mais le fiffh.t çft plus joli,
parce qu’on a an moins le piaille de liftier le
jpueur qui cherche mal.
L’Abbé des A g n e a u x .
A propos de chofes cachées que l’on fait
chercher, j’ai fou rent joué à Cherche une épingle
au fon du violon plus le joueur approche de la
chofe cachée, plus le violon va fo t; 8c il aftbi-
blit fes fons, àmefnre que ieche -cheur s’éloigne.
Mademoifelle R o S E.
Quand op n’a pas de violon, on dit tout
bonnem.nt : vous vous en éloignez , ou vous
brûlez.
M. du F r ê n e .
| Ma chère coufine, vous qui aimez les jeux