c’estla grandeur supérieure du condyle externe. Ordinairement c'est
l’interne qui est le plus saillant ; mais j’ ai encore trouvé dans le fourmilier
didactyle une structure analogue à celle-ci. Le condyle externe
y est de même très-saillant, très-étendu en hauteur, et distingué
dans le haut du corps de l’os par une échancrure; mais l’interne y
saille beaucoup plus en dedans et vers le bas que dans notre mégathérium,
où de plus il ne paraît pas que l’on voie le trou dont ce
condyle est percé dans tous les animaux de cette famille.
Voilà les rapports de notre animal qui commencent à s’étendre.
D ’une tête et d’une omoplate presque absolument de paresseux,
nous sommes descendus à peu près à un humérus de fourmilier. Cette
nouvelle analogie va se soutenir.
Le cubitus,fig. 10, i l et 12, est très-large dans le haut, et plus
court à proportion que celui d’aucun des animaux voisins, comme
on devoit s’y attendre de l ’énorme grosseur du mégathérium et du
poids que ses membres dévoient porter. On peut aussi remarquer,
que son olécrane se jette plus en arrière, et que sa face articulaire
est plus transverse , ce qui dent à l’appui qu’il devoit donner à
l ’humérus pour le soutien de cet énorme animal.
Le radius, fig. 8 et 9, tournoit librement sur le cubitus, comme dans
les paresseux et lesfourm iliers ; mais je dois remarquer ici qu’on l’a
monté à contre-sens dans le squelette : sa tête humérale est en bas,
et la earpienne en haut; les figures de Bru le représentent de cette
manière fautive; mais celles de M. d’Alton ont été corrigées d’après
l’observation que j’avois faite dans ma première édition.
La tète supérieure du radius est ronde et .concave, pour pouvoir
tourner en pivotant sur la portion sphérique de la tête inférieure de'
l’humérus. Il a une arête sur sa longueur à la face externe, s’élargit
vers;le bas, et y forme un crochet comme dans les fourmiliers. Au
milieu de sa crête antérieure, est une large apophyse, qui dans les
fourmiliers est à peine sentie, et qui dans ce mégathérium annonce
une plus grande puissance des muscles supinateur et pronateur.
La main, fig. i 3, appuyoit entièrement à terre lors de la marche, ce
qui se voit par la brièveté du métacarpe. Les doigts visibles et armés
d’ongles n’étoient qu’au nombre de trois, et les deux autres étoient
cachés sous la peau, comme il y en a deux dans l’aï et trois dans
l’unau et le fourmilier didactyle. Ainsi, par rapport au développement
des doigts, le mégathérium se trouvoit, ainsi que l’aï, entre le
tamanoir et le tamandua d’une part, et le petit fourmilier de l’autre.
D’après la manière dont on a monté le squelette, on jugerait que
les doigts apparens et munis d’ongles étoient l’index, le médius et
l’annulaire, que le petit doigt avoit encore deux phalanges petites
et arrondies, et que le pouce étoit réduit à un simple vestige,
lequel se soudoit avec le trapèze et avec le métacarpien de l’index.
Mais d’après les nouvelles -études que j’ai faites des mains des
édentés, et surtout de celles des fourmiliers et des tatous, je suis
très-convaincu que les mains du mégathérium ont été transposées,
et que c ’est la gauche, qui est à droite, et réciproquement; en sorte
que ce serait le petit doigt qui serait en vestige, en a , ce qui rentrerait
dans la règle générale. MM. d’Alton et Pander n’ont point corrigé
ce déplacement, que je n’avôis pu indiquer dans ma précédente
édition,.faute d’assez d’objets dé comparaison. Ces messieurs n’ont
pas même fait connoître dans leur explication quels noms ils croient
que l’on doit donner à chaque os du carpe.
D’après ma nouvelle manière de voir, tout reviendrait dans l’ordre.
r , serpitle cunéiforme articulé en partie avec l’os, a , qui répondroit
au métacarpien dp petit doigt, et qui ici serait soudé avec le métacarpien
de l’annulaire, s , seroit l’unciforme rejeté en dedans du
carpe, et en partie sur le métacarpien du médius; u , seroit le métacarpien
de l’annulaire, réuni au vestige du petit doigt, v et w,
seraient les métacarpiens de l’index et du pouce, plus grêles, plus
allongés que ceux des doigts externes, comme il afrive dans les
cabassous, et même dans les encouberts. -Le pouce alors n’auroit
point eu d’ongle; le petit doigt n’auroit pas eu d’existence séparée,
et la main eût été particulièrement formée pour fendre la terre et
pour la fouir, comme celle du tatou géant.
Mais on sent que, pour vérifier ces conjectures, il faudrait être
auprès du squelette, et en comparer séparément tous les os avec
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