vain ayant donné lé même nom à un petit poisson que les anciens
prétendoient servir de guide à la baleine, il est encore résulté de là
des embarras sans nombre, dont l’éclaireissement nous entraineroit
dans des longueurs inutiles. Nous aimons mieux passer immédiatement
à l’exposition des faits positifs.
Article premier.
Détermination des espèces.
Les baleines , dans l’acception moderne et précise de ce mot,
c’gst-à-dire les, cétacés.à palais garni de fanons ( i ) , se diviseraient,
d’après les indications que l’on en a données, en trois sous-genres :
les baleines propres, qui n’ont point de nageoire sur le dos ni de
plis sous la gorge; les finfisch ou gibbars, qui ont une nageoire sur
le dos sans plis sous la gorge ; et les rorquals, dont la gorge est
cannelée de plis ou de sillons longitudinaux. Cette division est appuyée',
comme on voit, de caractères fort nets; mais il s’en faut de
beaucoup qu’il en soit de même des espèces que l’on doit compter
dans chacun de: ces sous-genres. Nous verrons même que c’est à
peine si l’existence du deuxième sous-genre est suffisamment constatée.
La plps célèbre des baleines proprement d ites, celle qui attire, le
plus les pêcheurs, est la grande baleine des mers du jio r d , qui
pieds; l'épine étoit épaisse d’un pied et demi, et Tes côtes surpassèrent la hauteur des die-’
phans 'des Indes ; mais on prenoit vraisemblablement pour des côtes: les ^branchés de la
mâchoire inférieure,,comme le peuple le fait encore à présent. Quelque individu échoué
su;rf3%çô1të de, la Palestine aura donné lieu à cette légende* np
jQn les appel 1 e.aussi les oétjaeés- sans (fenfâ, pa r la raison que les adultes n’ont aucunes',
dents; mais M. Geoffroy a observé que la mjiçhoire ..inférieure d’un fétus de baleine avoit
chacun de ses arceaux creusé dans sa longueur dfuu isillon profond , où il a trouvé des germes
de donts.dans une chair analogue.-à de.sigençiyftSv II paLoitroit que ces germe&disparoisseut
de ttès-bonne heure , et qu’alprs I^sÂHcnïse'ïé^m-e! et qu e f’os dévient plein et solide; Voj e z
les Annales du Muséum, t. X , p, 365. jjjs . H j « a 'gï*»$oH î .
venoit autrefois jusque dans le golfe de Gascogne , où les Basques
ont appris à la poursuivre , et que l’on est obligé aujourd’hui d’aller
chercher jusque sur les côtes du Groenland, de 1 Islande et du Spitzb
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Qui croiroit que l’on n’a eu pendant plus d’un siècle qu une seule
figure un peu authentique d’un animal dont la pêche occupe tant de
milliers d’hommes. Cependant il est très-vrai que les figures gravées
dans presque tous les livres, avant celui de M. Scoresby, sont
eopiées de celle que donna, en 1671 , le chirurgien hambourgeois
Frédéric Martens (2 ), en lui faisant seulement subir quelques
altérations, dans la vue peut-être, de la part des dessinateurs, de
dissimuler le plagiat.
A en juger par ces figures, sa forme seroit très-épaisse, sa tête
occuperait plus du tiers de la longueur de son corps, sa peau serait
généralement noirâtre, excepté le dessous de la mâchoire inferieure,
un ruban le long du bord de la supérieure et le tour des yeux qui
seraient blanchâtres. H paraît qu’il y a aussi diverses marbrures,
mais il faudroit pouvoir les observer directement pour en donner
nne description distincte.
Nous savons aujourd’hui, par la figure et la description de M. Scoresby,
que cette énorme épaisseur n’a pas lieu, à beaucoup près,
dans tous lés individus, ou qu’elle a été fort exagérée par le premier
dessinateur; et il paraît que cette exagération, jointe à quelques expressions
obscures du même M artens, a donné lieu de doubler l’espèce.
Cet auteur dit, en passant, que les baleines qui se prennent auprès
du cap Nord ne sont pas si grosses que celles du Spitzberg et qu’elles
donnent moins de lard ; il ajoute qu’elles sont plus dangereuses parce
qu’étant plus légères elles s’agitent avec plus de facilité quand on
(ï) Il y a grande apparence qu’elle étoit déjà connue, sinon des naturalistes, du moins
des soldats romains établis sur les côtes de la Gaule et-dé la Bretagne, et que c est à elle que
Juvénal fait allusion dans ce vers, Sat. X , v. i 4 :
Quanto delphinis baloena britannica major.
(a) Dans son J^oyage au Spitzberg, imprimé cette annee-là à Hambourg; reproduit en
italien , Bologne, i 683; en français dans la Collection des Voyagès au Nord, imprimée à
Amsterdam en 17«5 , à Rouen en 17 16 , t. I I , ètc.
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