CHAPITRE HIl
D es O s s e m e n s d e D a u p h i n s .
P R EM IÈ R E S E C T IO N .
D e s D a u p h i n s v i v a n s .
]N[O u s avons déjà eu dans cet ouvrage beaucoup d occasions de
remarquer que c’ est sur les grands animaux qu’d règne le plus d erreurs
et de confusion, par la raison qu’il n’est possible de connoître
et de distinguer que les espèces que l’on a pu voir de près et comparer
soigneusement les unes avec les autres. Cette remarque s applique
spécialement aux grands cétacés. Ils ont frappé tout le monde _
par l’immensité de leurs dimensions, et leur pêche a donné lieu
depuis des siècles à des efforts inouïs d’activité et de courage; mais
à moins d’un heureux hasard qui en ait fait échouer sur une côte où
se trouvoit quelque homme instruit, ils n’ont presque jamais été
décrits avec exactitude et encore moins comparés avec détail M ,
Des milliers de marins ont pris et dépecé des baleines, qui peut-être
u en ont jamais contemplé une dans son ensemble, et cependant c est
d’après leurs descriptions vagues, d’après les figures grossières qu’ils
en ont tracées, que les naturalistes ont cru pouvoir composer l’histoire
de ces animaux. La plupart.n’ont pu même faire présider la
critique à leurs compilations, faute de faits assez bien constatés pour
(,) Les premières énumérations un peu détaillées que l’on en ait sont celles à'Hartenius,
dans sa chroniqué de Bremen, rapportée par Schoençfeld, Ich tyol., p. 2 7 , et celle de
Gaspard Bar,holin, d’après un curé d’ Islande (Histor. anatomie., cent. 1Y , hist. X X IV ) ;
mais les indications en sont tellement vagues qu’elles n’ont à peu près aucune uühte aujourd’hui,
et même on y remarque déjà de doubles emplois, car le narval au morns est sons deux
noms dans celle de Bartholin. I V. 3j