S E C T IO N II.
S & r l e M é & a t e e r i u m .
C est de tous les animaux fossiles de très-grande tailleleplusnouvel-
lement découvert, et jusqu’à présent le plus rare j et cependant c’est
celui qui le premier a eu son ostéologie complètement connue, parce
qu on avoit eu le bonheur d’en trouver presque tous les os réunis, et
que 1 on avoit mis aussitôt le plus grand soin à les monter en squelette.
Nous devons dire en effet à la louange des Espagnols , que ce sont
eux qui ont donné l’exemple utile suivi depuis par M. Peale pour le
mastodonte et par M. Adams pour l’éléphant.
D apres 1 ouvrage de Aon Joseph Garriga ( i), il paroît que l’on
en a possédé en Espagne au moins des parties considérables de trois
squelettes différens. Le premier et le plus complet est celui que
1 on conserve au cabinet royal du Madrid. Il y fut envoyé dans
le courant de septembre 1789 par le marquis de Loretto, vice-roi
de Buenos-Ayres, avec une notice qui apprit qu’on l’avoit trouve
dans des excavations faites sur les bords de la rivière de Luxan',
à une lieue sud-est de la ville du même nom, laquelle est à trois
lieues ouest sud-ouest de Buenos- 'lyres. Le terrain dans lequel il a
été trouvé n étoit élevé que de dix mètres au-dessus du niveau de
1 eau. Un second, arrive en 179-1 au même cabinet, y avoit été envoyé
de Lima; et un troisième, que possédoit le père Fémando-Scio,
des Ecoles pies, lui avoit été donné en présent par une dame venant
du Paraguay ; mais selon MM. Pander et d’Alton, qui se sont occupés
plus nouvellement de cet objet , il leur a été impossible en
18x8 de retrouver des traces soit du squelette de Lima, soit de celui
(1) Description delesqueletto de Un quadrupedo miij corpulenlo y ràro (pue se1 conserva
en e l Real gabinete de Vhistoria nalural de Madrid, in-fol., Madrid i;q6.
que le père S cio avoit possédé, et qui, d’après le rapport de ses
confrères, ne pouvoit être que peu considérable et 11e devoit consister
qu’en quelques fragmens,
Le premier, celui de 1789, fut monté par Aon Jean-Baptiste Bru,
prosecteur du cabinet royal de Madrid, qui en dessina l’ensemble
et les différentes parties sur cinq planches qu’il fit graver, et en composa
une description très-détaillée.
M. Rourhe, correspondant de l’Institut, et alors représentant du
gouvernement français à Saint-Domingue,,, passant par Madrid au
commencement de 1795, eut occasion de s’y procurer des épreuves
de ces planches,,et les envoya à l’Institut sans description et seule-
xxxent avec une courte notice de sa façon. Ce fut sur ces pièces que
je fis à la classe des sciences, au mois d’avril de la même année,-un
rapport détaillé dont on imprima un court extrait dans le Magasin
encyclopédique, avec une mauvaise copie de la figure du squelette
entier. ,
Je développai dès lors l’affinité de cet animal avec les paresseux
et les autres édentés ; affinité sur laquelle je m’expliquai d’une manière
plus précise .encore dans mon-Tableau élémentaire de l’histoire des
animaux, en plaçant le mégathérium à la suite des paresseux et
dans la même famille. C’est ce morceau, qui a servi de base à ce
qu’ont écrit sur ce squelette , tant les naturalistes qui ont adopté mon
opinion, comme Shaw, que ceux qui l’ont contredite , comme
MM. Lichtenstein et Faujas, et c’est aussi lui qui a donné occasion
de publier la description plus étendue et plus ancienne de don Jean-
Baptiste Bru.
En effet, don Joseph Garriga, capitaine des ingénieurs cosmographes
du roi d’Espagne , s’étant occupé de traduire cet extrait de
mon rapport en espagnol, apprit l’existence de cette description, et
en ayant obtenu la permission de l’auteur, il la fit imprimer avec sa
traduction, pensant avec raison qu’elle donneroit de ce squelette des
idées plus complètes qu’une notice qui n’avoit point été faite sur
l’objet même. Cet ouvrage, accompagné des cinq planches dont j’ai
déjà fait mention, a paru à Madrid en 1796.