grands nombres dans les îles de Feroë, de Schetland, des Orcades et
sur plusieurs des cotes de la Grande-Bretagne. On dit en avoir vu
jusqu’à mille en une seule troupe.
L espece égalé le grampus ou épaulard,• elle atteint vingt pieds
et plus. Sa dorsale est beaucoup plus courte, et ses pectorales beaucoup
plus longues et plus pointues qu’à l’épaulard; la saillie excès-
sive de son front lui donne une physionomie tout-à-fait extraordinaire.
Sa peau est noire, excepte un ruban blanchâtre qui règne
sous le corps depuis la gorge jusqu’à l’anus, et qui sous la gorgé
s’élargit dans quelques individus en une bande transversale blanche.
Les dents sont sujettes à de grandes Variétés ; les très-jeunes n’en
montrent point: un peu plus âges, on leur en voit dix à chaque mâchoire;
j’en ai un jeune encore qui en a vingt, et mes plus adultes
n en ont pas davantage. M. de L a F ru play c | dans une lettre particulière,
ne leur en donne que vingt-deux. Cependant selon MM, L e
M aout, T ra ill et TVatson, dans ceux où elles sont le plus complètes
on en compte vingt-quatre, vingt-six et même vingt-huit à
chaque mâchoire ; ce qui est certain c’ est qu’eusuite elles se perdent.
Les vieux n’en ont plus aucune à la mâchoire supérieure , et en
conservent à peine huit ou dix à l’inférieure.
Une remarque tres-essentielle de M. L e M aout, et qui se répète
dans beaucoup d’autres animaux de cette famille, c’est qu’il y avoit
des individus où la dorsale étoit rongée ou enlevée en tout ou en partie.
Il est incontestable que la tête gravée dans Bonnaterre (Cétologie,
pl. V I, fig. a), et dans Lacépède (pl. IX , fig. 2) sous le nom de cachalot
swinewal, et dan« Camper (Cétacées, pl. X X X I I , X X X I II
et X X X IV ) sous celui de n arval éd enté, est celle d’un vieux
globiceps.
Je ne doute guère que l’animal représenté par Aldrovande (de
Piscib., p. 681 ) sous le nom à ëb u fa lin a , et où l’on voit au lieu de
dorsale un certain nombre de tubercules ou de déchirures, ne soit
un de nos dauphins à tête obtuse, dont la dorsale étoit détruite,
comme on l’a observé quelquefois sur le globiceps.
J’ignore entièrement ce que c’est que le dauphin fe r e s, dont la
description faite en Provence a été publiée sans figure dans la Cétologie
de Bonnaterre, p. 27 ; mais autant que l ’on peut comprendre
cette description il ressembleroit beaucoup au globiceps, excepté
que ses dents seroient divisées en deux lobes par une rainure.
Wous avons vu que le nom Força a été donné assez arbitrairement
à divers grands dauphins par les nomenclateurs ; Linnæus l’applique
au souffleur nommé depuis tursio, F aimeras au grampus.
Il reste à déterminer ce qu’étoit Vorca des anciens, mais ce sera
un problème bien difficile, pour ne pas dire insoluble, tant que l’on
ne connoîtra pas d’une manière plùs positive les 'cétacés de la Méditerranée
, et surtout aussi long-temps que l’on ne découvrira pas dans
les anciens de; description plus précise qùe celle de Festus, qui le
compare à un vase a mettre des figues ou du vin; Ou que celle de
PlineVqui dit seulement qu’on ne peut se le représenter que comme
une chair immense hérissée de dents [cujus imago nulla représentations
èxprim i possit a lla , quant carnis immenses dentibüs trU-
cidentce).
D’après ce qu’il rapporte du combat livré- sous ses propres yeux
à un orca à Ostie, par ordre de l’empereur Claude, dans lequel il
vit sombrer un bateau que l’orque avoit rempli de l’eau jetée par ses
narines { quorum unum mergi vidimus rejlatu belluce oppletum
unda ) , ï1 semble, ainsi que l’a pensé M. de Lacépède, que ce devoit
être un cachalot : c’est aussi l’opinion des Italiens, car leurs dictionnaires
traduisent orca par capidoglio (1), qui est le cachalot, comme
nous le verrons.
§ 3. Les dauphins sans dorsale ou delphinaptèresde M . de Lacépède.
11 existe dans le nord un dauphin à tête ronde, sans nageoire dorsale,
auquel sa couleur blanche ou jaunâtre a fait donner le nom de
poisson blanc, weiss fis c h , h u ittjis ch , béluga, etc. (delphinus leu-
cas, Pall. ). .
(1) Voyez La Crusca au mot capidoglio