les harponne; enfin il désigne;ces baleines en allemand par l’adjectif
nord-caper (jiord-caper irallfisch, baleine du cap Nord). Il n’en a
pas fallu davantage pour que l’on imaginât d’en faire une espèce avec
le nom substantif de nordcaper, et même depuis on a cru que ce
nom sigoifioitpirate du nord, attendu que le mot caper, pris substantivement
et dérivé d’une autre racine, signifie en allemand pirate
ça nar#aire.
A cette équivoque de Martens s’en est jointe une autre de Zorgdrager
(i). Cet auteur hollandais parle de poissons de glaces, y s -
fisch (en allemand eis-fisch), par où il vouloit dire seulement les
baleines que l’on va prendre près ou au milieu des g la ces, et qui
offrent quelques différences d’ampleur, ou de grosseur, ou d’habitudes;
il distingue même celles des glaces du sud que l’on prend entre
le Spitsberg et la Nouvelle-Zemble, et celles des glaces de l’ouest
entre le Spitzberg et le détroit de Davis. Une lecture superficielle a
fait transformer ces accidens en caractères spécifiques, et Klein n’a
pas manqué d’établir un baloena g la cia lis, qu’il divise en australis
et en occidentalis, et à laquelle il joint comme variété le nordcaper
sous le nom de borealis, tandis qu’en réalité le nordcaper seroit
plus méridional que le baloena glacialis australis.
Ce nom de nordcaper a ensuite été employé indistinctement pour
désigner divers grands cétacés plus minces ou supposés plus minces
que la baleine franche, à peu près comme on a employé pendant
long-temps celui de caïman pour désigner tout crocodile que l’ont
trQuvoit inférieur à l’idée qu’on s’étoit faite du crocodile du N il.
Ainsi je vois dans R ai que X épaulard est nommé de cette manière
en.certains endroits de l’Ecosse; les Hollandais du cap de Bonne-
Espérance ont même donné ce nom à la grande baleine des mers
antarctiques, h laquelle assurément il ne va pas trop bien.
Mais quant h la baleine de g la ce, au vrai nordcaper, au nordcaper
(i.) Corneille-Gisbert Zorgdrùgerâfaïtent hollandais, en un 'ouvrage des plus
embrouillés sur la pêche de la baleine de Groënland et de la morue de Terre-Neuve,, dont
on a une traduction allemande, Nuremb., 1723.et 17.5.07 ira—Zj°.
du cap N o rd , le seul dessin, le seul document muni de quelque authenticité
que l’on ait cru pouvoir y rapporter consiste dans les figures
faites au Groënland par Baohstrom, envoyées par sir Joseph Banks
àM. le comte de Lacepède, et quecelui-cia fait graver dans son Histoire
naturelle des Cétacés, pi. II et III. Ces figures pouvoient en
effet paraître différentes de celles de la baleine fra n ch e f iant que
l’on ne prenoit ces dernières que dans Martens; mais aujourd’hui
que nous avons de cette baleine une représentation récente et exacte
dans l’ouvrage du capitaine Seoresby , il suffit de la comparer avec
celle de Bachstrom pour être convaincu qu’elles ne représentent
toutes les deux qu’une seule et même espèce. C’est ce qu’affirme en
effet M. Seoresby, l’un des hommes qui ont affronté avec le plus de
suite et de courage les tristes climats où s’exerce maintenant la pêche
de la baleine, et qui avoit, dès 1820, contribué personnellement à
la prise de trois cent vingt-deux individus; il déclare que l’ancien
dessin de Martens ne représente rien qui existe dans la nature, et
qu’il n’y a point d’espèce particulière du nordcaper. MM. O la f sert et
Poffelsen n’en font non plus aucunemention dans leur énumération
des baleinés de l’Islande. M. Seoresby assure de plus n’avoir vu aucune
baleine franche qui excédât soixante pieds de longueur, et déclare
que la plus grande dont il ait entendu parler avoit soixante-sept
pieds, et prouve, par de nombreux témoignages, qu’à aucune époque
elles n’ont été plus grandes ( 1).
11 n’en est pas tout-à-fait du gïbbar ouJinfisch comme du nordcaper.
11 a été décrit et représenté par Martens comme une espèce
distincte ; mais si l’on réfléchit, d’un côté, que c’est toujours la figure
de Martens que l’on copie dans les livres d’histoire naturelle , et que
M. Seoresby lui-même n’en a point donné de nouvelle ; de l’autre,
que Martens n’a point parlé du rorqual ou baleine 'a gorgé plissëé,
que quelques-uns appellent m ss ijîn fs ch , on sera peut-être tenté
de croire qu’il y a encore ici quelque confusion. (l)
(l) Seoresby, an Account of the Arctic Régions, î , p. 44&*